C’est un nouveau modèle d’usine qui est en train de voir le jour à Janzé. Circul’Egg, start-up fondée à Paris en 2020 par Yacine Kabeche, a choisi la Bretagne pour lancer son activité et bientôt y poser définitivement ses valises. Elle inaugure sa première usine de revalorisation de coquilles d’œufs. "C’est autour de Janzé que se concentre l’essentiel de la trentaine de casseries d’œufs de France" (les usines qui séparent les jaunes et les blancs pour en faire des préparations pour l’industrie, NDLR), justifie Yacine Kabeche. Ce sont elles qui fournissent la matière première à Circul’Egg, qui valorise ensuite les coquilles, qui sont actuellement un déchet sous-valorisé. "Les casseries les vendaient jusqu’à présent pour l’épandage de sols agricoles, mais pour une petite proportion. Le reste partait à l’enfouissement, constate le jeune entrepreneur, qui s’est associé à Justine Lecallier et Samuel Olivier pour lancer Circul’Egg. En même temps, beaucoup d’entreprises cherchent de nouvelles matières premières biosourcées pour décarboner leur activité." C’est en partant de ce double constat que Yacine Kabeche a lancé cette activité d’un nouveau genre.
Agent de charge et collagène
Circul’Egg récupère donc des coquilles d’œufs, dont elle sépare la coque de la membrane, selon un procédé breveté. Elle en sort deux coproduits à destination de différents secteurs d’activité. D’un côté, la coquille permet de produire du carbonate de calcium biosourcé et respectueux de l’environnement. Il peut être utilisé comme agent de charge dans la fabrication de matériaux (verre, revêtements de sols, peinture, caoutchouc, pet-food…). "Il remplace le carbonate de calcium issu des carrières de calcaire, avec un meilleur impact environnemental", souligne Yacine Kabeche.
De l’autre côté, la membrane est, elle, transformée en une poudre riche en collagène et acide hyaluronique. Les applications sont prometteuses dans les domaines de la nutraceutique, de l’alimentation humaine ou encore de la cosmétique.
Deux lignes de production
Après avoir effectué des tests à petite échelle dans un site pilote de 100 m² à Clichy, l’équipe a eu besoin de se rapprocher de ses fournisseurs et d’un plus grand espace pour passer à l’échelle industrielle. Le site de Janzé, un ancien entrepôt de 2 100 m² (dont 1 600 m² d'usine), a été aménagé avec deux lignes de production (une pour chaque coproduit) et un laboratoire de R & D. Il aura, à terme, une capacité de traitement de coquilles d’œufs de 15 à 20 tonnes par jour. "Au total, nous investissons 5 millions d’euros, précise Yacine Kabeche. Nous sommes en cours de finalisation d’une première partie de notre levée de fonds." Pour l’instant, Circul’Egg emploie 20 collaborateurs, et une dizaine de nouvelles recrues sont prévues en 2024. Le chiffre d’affaires prévisionnel est estimé, lui, "à plusieurs millions d’euros", concède sans plus de détails le dirigeant. "Les perspectives sont grandes, sachant que les casseries produisent 40 000 tonnes de coquilles par an". Le site de Janzé seul ne pourra pas suffire à absorber cette quantité. "Deux stratégies s’offrent à nous : soit agrandir le site, soit proposer des modules à la sortie directe des casseries. C’est un calcul que nous ferons en 2024." Circul’Egg envisage même d’exporter son modèle, d’ici cinq ans.
