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Centrale Emile Huchet : y-a-t-il une vie après le charbon ?
Moselle # Production et distribution d'énergie

Centrale Emile Huchet : y-a-t-il une vie après le charbon ?

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L'énergéticien allemand Uniper, qui exploite une des quatre dernières centrales françaises à charbon, sur le site de Saint-Avold, en Moselle, cherche un avenir à cette cathédrale industrielle déchue. 150 emplois vont disparaître.

L’arrêt de la tranche au charbon de la centrale Emile Huchet se traduira par la suppression de 150 emplois — Photo : © Philippe Bohlinger

Le site www.initiativesuniper.fr, lancé début novembre par l'énergéticien Uniper (90 Md € de CA, dont 1,2 milliard en France ; 13 500 salariés), a des allures de petite annonce : « Fournisseur d’électricité et de gaz de nationalité allemande recherche investisseurs susceptibles de développer une activité industrielle, de préférence dans l’énergie, sur son site de Saint-Avold. RSVP avant le 5 décembre. » Le groupe planche en effet sur l’avenir d’une des trois unités de la centrale thermique Emile Huchet, en Moselle : une tranche de 600 mégawatts inaugurée en 1981 pour produire de l’électricité à partir de charbon.

Pourquoi l’énergéticien né de la cession des activités d’EON dans les énergies fossiles lance-t-il ce qui ressemble à une bouteille à la mer ? La centrale électrique lorraine fait partie du wagon des quatre derniers sites français à utiliser le minerai de charbon. Le gouvernement a programmé leur mise à l’arrêt à l’horizon 2022 dans le cadre de sa politique de transition énergétique. Le ministre de l’Ecologie François de Rugy a confirmé cette décision devant les salariés le 31 octobre dernier : « Nous allons travailler avec l’intersyndicale […] en vue de développer des activités nouvelles, pas uniquement dans le secteur de l’énergie », a déclaré le ministre d’Etat.

Tout ne s’arrêtera par sur le site lorrain reconnaissable à ses imposantes tours de refroidissement qui marquent le paysage de la plateforme de Carling-Saint-Avold. Deux tranches continueront de produire de l’électricité à partir de gaz. Mais il ne sera pas possible de construire de nouveau cycles combinés gaz, même s’ils émettent moins de CO2. « Notre politique consiste à diminuer la part des énergies fossiles », a exposé le ministre.

De son côté, Uniper, qui emploie 5 000 personnes en France, ne semble pas vouloir investir lourdement comme à Gardanne (Bouches-du-Rhône). Le groupe y a récemment injecté 250 millions d’euros pour convertir une unité au charbon en unité biomasse.

Contrat de transition écologique

L’énergéticien allemand a donc lancé un appel à initiatives le 5 novembre dernier. Objectif : dénicher des investisseurs susceptibles de développer des activités industrielles nouvelles, en priorité énergétiques, sur son site mosellan, mais aussi à Gardanne. « Ces projets devront être financés par des investisseurs externes. L’entreprise apportera son concours aux porteurs de projets afin d’obtenir les soutiens publics nécessaires à la transformation de ses deux sites », indique Uniper dans un communiqué. Le groupe a mandaté le cabinet de conseil Capgemini Invent pour l’accompagner dans cette démarche.

Les élus locaux anticipent d’ores et déjà l’après charbon qui se traduira par la suppression de 150 emplois environ sur la centrale Emile Huchet. Ils placent leurs espoirs dans le futur contrat de transition écologique du bassin houiller lorrain. « Ce nouveau type de contrat expérimenté par le gouvernement permettra de mobiliser différents fonds ministériels pour l’accompagnement social, mais aussi le développement économique », détaille la députée LREM de Saint-Avold Hélène Zannier. Sa signature devrait intervenir au 2e trimestre 2019.

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