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Bruno Le Maire sécurise le site de Vernon et annonce le développement d'un mini-lanceur réutilisable
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Bruno Le Maire sécurise le site de Vernon et annonce le développement d'un mini-lanceur réutilisable

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En déplacement sur le site ArianeGroup de Vernon, en Normandie, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a tenu à rassurer sur l’avenir du site suite aux accords signés avec l’Allemagne et l’Italie sur les lanceurs européens qui assureront une cadence de production de sept Ariane 6 par an. Il a également présenté la stratégie spatiale de la France.

"Nous aurons notre SpaceX, nous aurons notre Falcon 9", a assuré Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, en présentant un projet de mini-lanceur réutilisable mené par ArianeGroup — Photo : Sébastien Colle

Venu détailler le plan d’investissement France 2030 pour le secteur spatial, à Vernon, le lundi 6 décembre, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, s’est d’abord voulu rassurant quant à l’avenir du site d’ArianeGroup dans l’Eure. "J’ai entendu beaucoup de bêtises sur le site de Vernon, beaucoup d’approximations. Il ne sera pas abandonné parce qu’il a des compléments stratégiques pour le pays, parce que c’est l’avenir de l’aventure spatiale qui en dépend". Et pour appuyer son propos, le ministre a annoncé la création d’une centaine d’emplois d’ici 2025, soit 950 salariés au total (830 en 2021). Suite aux inquiétudes suscitées par le transfert du moteur Vinci à l’Allemagne, le ministre a estimé que celui-ci était en accord avec les engagements des accords de Séville et que c’était l’occasion pour le site normand de se "réinventer". "Nous transférons le moteur Vinci, mais Vulcain reste, Prometheus arrive, et d’autres activités vont se développer".

La préférence européenne

Suite aux accords signés avec l’Allemagne et l’Italie en 2021, les États continueront de soutenir financièrement le modèle d’exploitation d’Ariane 6 (à hauteur de 140 millions d’euros par an) pour rendre le lanceur compétitif à l’export, optimiser son organisation industrielle, et renforcer le principe de préférence européenne pour les lancements institutionnels. "Je revendique la préférence européenne. Je veux la préférence européenne, en particulier, dans les secteurs industriels. Quand on bâtit des satellites en Europe et qu’on a des lanceurs en Europe, on s’arrange pour que ces satellites d’Européens soient lancés sur des lanceurs européens. Les Américains pratiquent la préférence américaine, les Chinois pratiquent la préférence chinoise. Nous devons et nous voulons que les Européens pratiquent et appliquent la préférence européenne. C’est une conviction profonde chez moi, je suis heureux de l’avoir obtenu sur l’espace. Maintenant, il faudra l’étendre à d’autres secteurs européens", souligne le ministre.

Prometheus, futur moteur européen

Ces accords doivent ainsi garantir au site de Vernon une cadence de production minimale de sept Ariane 6 par an et la relocalisation de la fabrication de toutes les turbopompes des moteurs d’Ariane. Selon le ministre, les États européens vont s’engager sur quatre lancements institutionnels par an pour Ariane 6. Il reste donc à trouver trois lancements privés pour parvenir à un modèle qui est bâti sur un équilibre de sept lancements par an. De plus, après l’adaptation des bancs d’essai pour le projet de démonstrateur d’étage de lanceur réutilisable Themis et le développement d’un banc d’essai moteur mobile pour start-up financé dans le cadre de France Relance suite à la visite d’Emmanuel Macron en Normandie en janvier 2021, la France investira dans la méthanisation du banc d’essai moteur PF50, afin de l’adapter à l’exploitation du futur moteur européen Prometheus en cours de développement à Vernon.

"Produire Prometheus représentera 150 emplois de 2023 à 2025, soit 50 emplois de plus qu’aujourd’hui"

"C’est un banc d’essai hydrogène. On va pouvoir ajouter la modélisation sur ce banc d’essai PF 50. Ce qui veut dire très concrètement que les essais qui auraient dû être faits en Allemagne seront faits en France, sur ce site modernisé. Produire Prometheus représentera 150 emplois de 2023 à 2025, soit 50 emplois de plus qu’aujourd’hui", assure Bruno Le Maire. Au total, l’État investira 40 millions d’euros pour la mécanisation du banc d’essai PF E50, et 15 millions d’euros pour réaliser des essais de production de Prometheus.

Au-delà du spatial, le site de Vernon va également développer la propulsion à hydrogène liquide dans les avions zéro carbone du futur. Un accord a été signé en ce sens entre ArianeGroup et ses actionnaires, Airbus et Safran, et qui doit permettre aux trois entreprises de s’appuyer sur l’expertise de Vernon et ses moyens de R & D et de tests.

Un projet de mini-lanceur réutilisable

Parmi les premiers dispositifs de France 2030 pour le secteur spatial, le ministre de l’Économie a annoncé vouloir rattraper le retard sur certains segments de marchés clés comme les lanceurs réutilisables ou les constellations de satellites, mais aussi investir dans de nouveaux usages. "Nous aurons notre SpaceX, nous aurons notre Falcon 9. Nous allons rattraper un choix stratégique mauvais il y a 10 ans pour enfin que la France et l’Europe aient un lanceur réutilisable. Et je suis convaincu que cette approche est complémentaire de la valorisation d’Ariane 6 et de son succès". Avec pour objectif un premier tir de lanceur réutilisable d’ici 2026, délais que le ministre reconnaît comme "court, mais réalisable par les équipes de Vernon". La réalisation du mini-lanceur réutilisable sera menée par Ariane et son industrialisation opérée à Vernon. Au total, le ministre prévoit 100 emplois supplémentaires au minimum pour le site, "si nous parvenons à tenir les calendriers".

"Une coopération plus étroite entre les grands industriels, les PME et les start-up"

Un appel à projets ouvert aux start-up sera lancé d’ici la fin de l’année pour encourager notamment le développement des mini et micro-lanceurs français. Les moyens de test moteur de Vernon pourront être utilisés et le site de Kourou sera également adapté afin de permettre le lancement de micro et mini-lanceurs européens. "La politique spatiale française doit s’appuyer sur une concurrence et une coopération plus étroite entre les grands industriels, les PME et les start-up. 50 % du plan France 2030, le plan d’investissement annoncé par le président de la République, doit être réservé à ces acteurs émergents les PME, les start-up, les petits acteurs. Dans le spatial, ce sera deux tiers des investissements publics qui seront réservés aux petits acteurs et aux start-up pour leur permettre de devenir demain des champions numériques industriel et technologique", précise Bruno Le Maire.

Constellations de satellites

France 2030 soutiendra également des projets de constellations pour l’internet large bande, la 5G et autres usages de connectivité. Ces nouvelles constellations présentent un potentiel commercial important et de nombreux projets émergent, à la fois portés par des start-up, des PME, des ETI et des grands groupes. Des projets de soutien sous forme de financements et d’achat de services seront lancés en 2022. "Beaucoup de start-up travaillent déjà sur ces sujets de constellation. Je leur demande d’accélérer leurs projets", a insisté le ministre de la Relance. Enfin, le gouvernement souhaite que la France prenne toute sa place dans les nouveaux usages du spatial, notamment la surveillance de l’espace, les services en orbite ou encore la valorisation des données spatiales. Des financements, sous la forme de concours ou d’appels à projets, seront lancés dans les prochaines semaines afin de développer ces nouveaux segments de marchés.

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