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Bel Air Camp : le sauvetage des 58 start-up s'organise
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Bel Air Camp : le sauvetage des 58 start-up s'organise

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Les services municipaux et métropolitains ont convoqué mardi en fin de journée les dirigeants des 58 start-up touchées par l'incendie qui a ravagé une grande partie de Bel Air Camp mardi matin. Au-delà des réponses opérationnelles qu'apportent Villeurbanne et la métropole de Lyon, les élus se sont attachés à remonter le moral des troupes.

— Photo : Audrey Henrion

La situation est sans doute inédite en France. Près d’une soixantaine d’entreprises ravagées simultanément par les flammes. Soixante situations et autant de besoins différents et urgents à traiter. Et en bout de chaîne, près de 350 emplois en jeu. Un défi suffisamment rare pour convoquer une réunion d’information en présence de l’état-major politique local, David Kimelfeld (président de la Métropole) Jean-Paul Bret (maire de Villeurbanne), Bruno Bonnell (député de Villeurbanne) ainsi qu’un représentant de la direction du Travail.

Dans une salle bondée de la Mission Carré de Soie, l’émotion de Didier Caudard Breille, président et propriétaire de l’incubateur industriel villeurbannais Bel Air Camp et de sa directrice Pauline Siché Dalibard est palpable. Y compris pour rappeler méticuleusement les faits : un incendie, dont l’origine reste indéterminée à ce stade, a « couvé » dans la nuit de lundi à mardi avant de se déclarer violemment au petit matin et d’être signalé aux pompiers par un voisin à 7 h 01. Le bâtiment principal de 10 000 m² a été ravagé à plus de 60 % par les flammes. Quelques heures plus tard, les dirigeants piaffent, pensent à la suite, les factures à régler, les commandes à honorer. « Dès ce mercredi matin 9 heures, ceux qui peuvent accéder à leurs locaux y seront conduits sous escorte des pompiers, carte d’identité obligatoire et interdiction absolue de rentrer dans la partie centrale du bâtiment, effondrée et qui menace de s’écrouler » leur annonce Pauline Siché. « Vous viendrez juste constater les dégâts », prévient-elle. Les questions fusent. Comment récupérer son matériel ? Quid du courrier qui permet d’encaisser des chèques ? Comment accéder aux zones encore sur pieds ? Et faire la déclaration d’activité partielle auprès de la Direccte ?
« Certaines start-up venaient de boucler une levée de fonds quand d’autres sont sans salarié, leur niveau de maturité est très hétérogène, indique Agnès Thouvenot, adjointe à Villeurbanne en charge de l’Emploi. L’idée est désormais de traiter chaque cas individuellement », indique-t-elle.

« On va demander à nos amis banquiers de patienter »

Pragmatique, David Kimelfeld le président de la Métropole a désigné le directeur de l’innovation et de l’action économique, Axel Riehl, et Céline Fournier, directrice du développement économique de Villeurbanne, comme interlocuteurs privilégiés des startupeurs. « Nous proposons entre 40 et 50 solutions de relogement dans Lyon et la métropole a exposé le président, par ailleurs dirigeant d’une entreprise de transport, mais elles doivent coller à vos attentes. Axel qui est là, dit-il en le désignant, va recenser vos besoins immédiats entre ce soir et demain. Il faut mettre en place un guichet unique avec un seul numéro de téléphone pour traiter ensuite vos demandes individuellement. Je veux un truc hyper opérationnel pour gérer les problèmes de charges, les assurances » a-t-il dicté, semblant s’adresser autant à ses services qu’aux dirigeants, ajoutant qu’il allait solliciter un soutien de la Région et actionner les dispositifs d’aide au redémarrage. « Et sur les banques, on va mettre la bonne pression, dans le bon sens du terme, pour qu’elles vous laissent respirer. Il faut que nos amis banquiers patientent », a conclu l’élu.

« Allez de l’avant et ressortez votre force entrepreneuriale »

« Vous vous prenez un mur », a enchaîné Bruno Bonnell, le député LReM de Villeurbanne et serial entrepreneur, désigné « parrain » de Bel Air à son ouverture il y a trois ans. « Avec David (Kimelfeld, N.D.L.R.), on sait ce que c’est l’entreprise et là on vous voit au bord de la rupture, dans l’angoisse. Mais quand vous aurez passé ce cap, vous serez encore plus forts ». Et de prévenir « j’entends celles et ceux qui veulent récupérer du matériel, mais vous ne le récupérez pas en l’état. Plus rien ne sera comme avant. Mettez-vous en route, allez de l’avant et ressortez votre force entrepreneuriale ».
Ce mardi soir, après une journée horribilis, les jeunes dirigeants de start-up s’attendaient à recueillir des informations, des conseils, mais sans doute pas à un tel élan de soutien. « On prend en pleine face votre implication, je suis hyper touché par ce que vous nous apportez ce soir », a réagi un dirigeant, approuvé, si l’on en croit leurs applaudissements, par ses camarades.

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