Pascal Cotte, le directeur général de Satispay en France, ne fait pas mystère de ses ambitions : "Nous voulons devenir l’application de paiement mobile la plus utilisée en Europe. Dans cinq ans, nous aurons couvert entièrement deux pays européens, puis dix pays dans 10 ans et l’Europe dans 15 ans".
Une trajectoire de croissance résolue, pour une fintech qui se présente comme le leader du paiement mobile en Italie, revendique 4 millions d’utilisateurs, emploie 550 salariés et a levé un total de 420 millions d’euros depuis son lancement à Cuneo, en 2013. Des éléments qui permettent à la jeune pousse de revendiquer le statut de "licorne", soit une entreprise dont la valorisation dépasse le milliard de dollars, mais qui font d’elle un outsider dans un marché du paiement dominé par les deux géants que sont Visa, qui pèse 32 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour une valorisation de près de 500 milliards de dollars, et Mastercard, soit 25 milliards de chiffre d’affaires et 390 milliards de dollars de capitalisation boursière.
Trois implantations dans le Grand Est
La dernière levée de fonds de Satispay, bouclé en septembre 2022 pour un montant de 320 millions d’euros, doit lui permettre de changer d’échelle en s’implantant dans d’autres pays européens. Hormis le Luxembourg, où 80 personnes gèrent l’activité réglementaire de l’entreprise, la solution de paiement de la fintech est aujourd’hui disponible à Nice et dans trois villes du Grand Est : Metz, depuis octobre 2022, Thionville depuis mai 2023 et Nancy en septembre.
Une équipe de 12 personnes, installées entre Nancy et Metz, travaille à convaincre les commerçants locaux du bien-fondé de cette nouvelle solution de paiement, se présentant comme plus légère en commission par rapport aux deux géants du secteur. Le modèle économique de Satispay repose sur le prélèvement d’une commission fixe de 20 centimes sur les paiements supérieurs à 10 €. "Évidemment, c’est un modèle qui a besoin de volume pour arriver à l’équilibre", concède Pascal Cotte.
1 500 commerçants en Lorraine
Avant de recruter des utilisateurs français, les équipes locales de Satispay enrôlent des commerçants, au moyen d’une simple pièce d’identité, d’un Iban et d’un Kbis. Plus de 200 commerçants à Nancy proposent déjà de payer avec Satispay, et ils sont près de 600 à Metz et 150 à Thionville. "Nous avons été agréablement surpris de l’accueil qui nous est réservé", se félicite Pascal Cotte, qui veut arriver à construire, d’ici la fin de l’année, un réseau de 1 500 commerçants lorrains.
Pour le directeur général français de la fintech, les premiers pas en Lorraine sont rassurants : "A Metz, nous constatons que nos utilisateurs effectuent entre 5 et 6 transactions par mois avec notre solution, ce qui n’est finalement pas si loin de nos utilisateurs italiens, pour lesquels ce chiffre oscille entre 11 et 12 transactions mensuelles", analyse Pascal Cotte. Gérant un montant total de 250 millions d’euros de transactions par mois, essentiellement en Italie, Satispay compte aussi sur un bouquet de services pour s’imposer dans les esprits des utilisateurs : système de cashback, échange d’argent entre amis ou encore gestion de budget. "L’approche communautaire est aussi un bon vecteur de recrutement d’utilisateurs, avec un système de parrainage", souligne Pascal Cotte.
