Pas de créatures fantastiques ou de vaisseaux spatiaux dans les jeux mobiles immersifs d'Atlantide. La start-up montpelliéraine (7 salariés, CA 2021 : 300 000 €) mise sur l’histoire et la culture locales. Depuis sa création en 2019, elle édite des jeux historiques géolocalisés exploitant le patrimoine d’une ville. Dans un premier temps, Atlantide s’est positionnée en studio de création classique, produisant des jeux pour son compte ou pour des clients comme les offices du tourisme.
Le pari de l’intelligence collective
Néanmoins, si la logistique reste gérable pour créer un jeu prenant place à Vichy ou à Saint-Malo, elle devient plus compliquée pour un château reculé en Roumanie. "Cette phase nous a permis d’identifier de bonnes pratiques, mais le développement de jeux géolocalisés est contraignant car il suppose d’aller sur place. Nous avons fait évoluer notre technologie pour pouvoir créer plus de jeux", confirme Romain Aymard, cofondateur d’Atlantide.
La start-up trouve la solution dans les contenus générés par les utilisateurs, une tendance en forte expansion dans l’industrie du logiciel. Si elle travaillait déjà avec des consultants comme l’École du Louvre, Atlantide franchit un palier et se transforme en plateforme de contenus, où les jeux vont être créés par des contributeurs extérieurs.
En s’appuyant sur un partenariat avec la Fédération nationale des guides interprètes et conférenciers, Atlantide peut désormais mobiliser un grand nombre d’experts, qu’elle va encadrer pour nourrir sa production. Après une initiation au "game design", les guides sont autonomes pour créer leur jeu, même si la start-up exerce une modération. Ce marché a été ouvert par un premier jeu conçu autour du peintre Paul Cézanne par un conférencier aixois. Mais le modèle séduit déjà au-delà de la France, comme le prouve un autre jeu imaginé autour des hauts lieux de Hollywood, en Californie. "Nous basculons sur une logique d’intelligence collective", résume Romain Aymard.
Une ouverture vers le métavers
À ce jour, Atlantide encadre une quinzaine de guides conférenciers, mais la start-up compte sur ce modèle pour changer d’échelle. Elle planche sur une première levée de fonds de 500 000 euros d’ici fin 2022 pour en recruter plus rapidement. Ainsi, elle compte former une communauté de 100 à 150 guides en 2023, puis de 300 guides issus de toute l’Europe en 2024.
Dans un troisième temps, Atlantide prévoit d’ouvrir sa plateforme aux contributeurs venus du grand public. Avec cette force de frappe, la start-up devrait, en deux ans, afficher un millier de jeux géolocalisés sur sa marketplace.
Pour l’accompagner dans cette croissance, le Centre national du cinéma (CNC) et Bpifrance ont sélectionné Atlantide dans un pool de 20 studios qu’ils vont accélérer à l’international. Ses plus gros prospects se situent en Europe et au Moyen-Orient.
La diversification d’Atlantide vers les univers virtuels du métavers semble s’imposer comme l’étape suivante de son évolution. La start-up dispose déjà d’un moteur de rendu qui lui permettrait de basculer vers la réalité virtuelle, mais elle souhaite le faire à son rythme, sans perdre de vue sa plus-value créative. "Les promoteurs des métavers vantent parfois cette expérience comme le moyen d’échapper à une réalité cataclysmique. Or notre souhait est de valoriser la culture internationale et de favoriser sa découverte. Nous devrons donc trouver une complémentarité, de sorte que le métavers nous serve en fait à réenchanter le monde réel", espère Romain Aymard.
