Ce n’est pas un hasard si la Fondation Force avait donné rendez-vous sur le campus Nextmed, l’accélérateur de l’innovation en santé strasbourgeois, pour lancer son appel à projets. Après Neolys Diagnostic et Visible Patient en 2022 puis Sounduct, Geonomy, Poladerme, l’Institut de génétique et biologie moléculaire et cellulaire, ou encore HypnoVR l’an passé, quels seront les lauréats de son appel à projets 2024 ? Lauréats auxquels la fondation pour la recherche et l'innovation en santé attribue notamment des subventions. "Cette année, l’idée est d’identifier toutes les petites pépites qui ont besoin de fonds d’amorçage précoce qu’elles soient publiques ou privées, pour leur permettre de faciliter la mise sur le marché d’approches diagnostiques, pronostiques ou théranostiques (pronostics des traitements, NDLR)", précise Jean Sibilia, le président de la Fondation Force, dont les bureaux sont basés à Strasbourg.
"Il va falloir éviter d’être malade"
Un choix stratégique qui s’explique par l’engorgement de la médecine curative. "Dans un contexte de vieillissement de la population où les maladies chroniques sont de plus en plus nombreuses, la médecine fait face à une explosion de la demande. En 12 ans, on a multiplié par trois le nombre de médecins formés et ça ne suffit pas. Le Conseil de l’Ordre a estimé que le départ d’un médecin "à l’ancienne" devait être substitué par trois nouveaux médecins en temps de soin…", rappelle Jean Sibilia. "Si l’on veut véritablement transformer le système, il va falloir prévenir et prédire, c’est-à-dire éviter d’être malade. C’est la seule solution médico-économique qui permettra de sauver le système", poursuit-il.
Généraliser le diagnostic précoce
Les avancées dans les domaines de la génomique, l’imagerie ou encore l’analyse de données ouvrent des horizons novateurs pour le diagnostic et le suivi thérapeutique des malades, signale la Fondation. L’appel à projets, dont l’objectif central est donc de favoriser la généralisation du diagnostic précoce, est ouvert aux acteurs de la filière santé basés en Alsace : start-up, structures d’aide aux transferts technologiques et à la création d’entreprise innovante, établissements de santé et structures universitaires, unités de recherche.
Conseil scientifique présidé par un prix Nobel
Les dossiers seront instruits par le pôle de compétitivité BioValley et soumis au Conseil scientifique présidé par le prix Nobel alsacien Jules Hoffmann. En parallèle du volet "recherche" de l’appel à projets, qui cible les technologies numériques de collecte, d’analyse des données et l’IA, le volet "innovation" s’intéresse aux solutions numériques avancées, avec la conception d’applications innovantes, plateformes, dispositifs connectés. Entre autres pistes, les aides à la décision basés sur l’IA qui "peuvent transformer de manière significative la précision des diagnostics et l’efficacité des traitements", seront étudiées avec soin. Tout comme les initiatives visant à renforcer les collaborations entre les porteurs d’innovation et les praticiens de santé.
L’effet levier de la subvention, un critère décisif
"La solidité des projets sera un argument de choix, nous menons une instruction économique des projets", souligne Lilla Merabet, déléguée générale de la fondation. Ceux pour lesquels l’effet levier d’une subvention aura été démontré pourront notamment être retenus comme prioritaires.
La Fondation Force contribue également à la montée en compétences des entrepreneurs, sur la recherche clinique et la soumission réglementaire des essais, par le biais de sa CRO (Contract Research Organization), l’unique département de recherche et conseil non lucratif dédié à la santé. Pour ce volet spécifique, signale la Fondation, les projets devront se dérouler ou démarrer au dernier trimestre 2024 ou courant 2025.
Des dotations pouvant aller jusqu’à 150 000 euros
En deux ans, la Fondation Force – la première fondation territoriale destinée à la santé en France — a engagé sur ses fonds propres près de 2,6 millions d’euros (2 millions en subventions et 600 000 euros en capital) dans les projets innovants issus de la recherche académique ou du privé. Pour les volets recherche et innovation, les dotations sont plafonnées à 150 000 euros. "60 % des fonds sont versés au départ, le reste à l’heure du bilan deux ans plus tard", ajoute Jean Sibilia.
Les candidats à l’appel à projets doivent déposer leurs dossiers exclusivement par mail (à l'adresse @email) avant le 1er mars à 12 heures. La remise des prix aura lieu le 13 juin.
