Bas-Rhin
Stephan Helmacher : « Traiter les déchets est anxiogène, l'entrepreneur doit s'adapter »
Interview Bas-Rhin # BTP

Stephan Helmbacher président de l'UNPG Alsace Stephan Helmacher : « Traiter les déchets est anxiogène, l'entrepreneur doit s'adapter »

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Stephan Helmbacher est à la tête de l'entreprise familiale Ballastières et sablières Helmbacher qui produit du granulat pour l'industrie du BTP à Valff (Bas-Rhin). Le dirigeant, également président de l'Union nationale des producteurs de granulats Alsace, revient sur l'actualité du secteur et les perspectives de développement de la filière de recyclage.

— Photo : © Helmbacher

Le Journal des Entreprises : En quoi consiste le métier de producteur de granulats ?

Stephan Helmbacher : L’entreprise familiale et indépendante, Ballastières et sablières Helmbacher, réalise 11 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 80 personnes sur cinq gravières du Bas-Rhin. Je représente la quatrième génération à la tête de l’entreprise, active sur le marché du granulat depuis un siècle. Notre métier consiste à extraire, depuis un gisement alluvionnaire, des ressources naturelles que nous lavons, trions, concassons et revendons pour l’industrie du bâtiment et des travaux publics pour l’aménagement du territoire. En 2018, nous avons installé sur notre site d’Eschau une plateforme d’accueil de matériaux de déconstruction du bâtiment. Nous avons investi 150 000 € en équipement et embauché une personne pour développer cette activité. Après tri, nous fabriquons du granulat recyclé destiné aux industries du béton. Nous avons ouvert cette activité de recyclage complémentaire à notre activité principale afin d’économiser des ressources naturelles. Cela permet aussi de rationaliser les flux de transport, nos granulats naturels ou recyclés voyagent peu, principalement dans un rayon de 30 km autour de nos sites d’extraction.En effet, lorsque les camions arrivent avec des matériaux de déconstruction sur nos sites, ils peuvent repartir avec de la matière recyclée à réinjecter dans leur processus industriel. L’activité recyclage représente 40 000 tonnes par an alors que nous produisons un million de tonnes de granulats alluvionnaires à l’année. Il y a donc une marge de progression pour l’activité recyclage. D’ailleurs, en fin d’année 2019, nous avons ouvert une deuxième plateforme de recyclage sur le site de la gravière de Valff.

Comment l’activité de recyclage est-elle acceptée auprès des professionnels et des particuliers ?

S. H. : En interne, travailler avec des matériaux de déconstruction nécessite d’apprendre un nouveau métier. Avec de l’accompagnement, c’est faisable. D’un point de vue extérieur, traiter des déchets est anxiogène. Nous avons dû communiquer auprès des élus et des riverains à Eschau qui s’inquiétaient de voir arriver des déchets à proximité des habitations. Nous avons organisé des commissions de concertation et de suivi et avons ouvert les portes de l’entreprise au moment de la réception des gisements pour faire de la pédagogie. Tout le monde a conscience de la nécessité de changer les modes de consommation mais personne ne le veut à côté de chez soi. L’entrepreneur doit s’adapter et rassurer le riverain.

Votre activité est liée à celle du secteur du BTP, comment envisagez-vous 2020 ?

S. H. : Nous constatons une dynamique retrouvée dans le BTP. Davantage dans le Bas-Rhin que dans le Haut-Rhin, le secteur est porté par les grands projets d’aménagement dans l’Eurométropole de Strasbourg comme le projet d’urbanisation vers Kehl dans le quartier des Deux rives et le chantier du Grand Contournement Ouest. 2020 est une année d’élections avec les Municipales au printemps. Pourtant, nous n’avons pas le sentiment d’un coup de frein avec un arrêt brutal des projets qui serait lié à des échéances électorales, la dynamique des chantiers étant déjà lancée.

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