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La biotech Polyplus-transfection passe à la vitesse supérieure
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La biotech Polyplus-transfection passe à la vitesse supérieure

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Avec un nouvel actionnaire et un nouveau site de production, Polyplus-transfection SA, le fabricant strasbourgeois de réactifs utilisés dans les thérapies géniques et cellulaires n’est plus une start-up. Un investissement de 30 millions d’euros doit lui permettre de multiplier sa capacité de production par dix.

— Photo : ©NIS&FOR Photographes

Polyplus-transfection se sentait à l’étroit sur son site d’Illkirch. À l’été 2021, la biotech qui réalise aujourd’hui 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et compte 75 collaborateurs déménagera donc à 500 mètres de là. Cet investissement de 30 millions d’euros lui permettra de passer de quelques centaines à près de 4 000 mètres carrés. « Il s’agit d’accompagner la croissance du chiffre d’affaires qui a augmenté de 70 % par an ces cinq dernières années », justifie Gabriel Festoc, le président du conseil d’administration.

Fondé en 2001 et rentable depuis 2013, Polyplus-transfection est un spin-off du laboratoire de chimie génétique de l’Université de Strasbourg dirigé par le docteur Jean-Paul Behr. La structure est spécialisée dans le développement, la fabrication et la commercialisation de réactifs utilisés dans les thérapies géniques et cellulaires, des agents de transfection qui permettent de transporter des fragments d’ADN vers des molécules pour en modifier le fonctionnement « et leur faire produire ce qu’on veut qu’elles produisent », précise le président.

Une usine de production aux standards pharmaceutiques

La première phase des travaux évaluée à 10 millions d’euros a débuté au printemps 2020 avec quelques semaines de retard du fait de la crise engendrée par l’épidémie de coronavirus. De nouveaux bureaux plus grands sont en cours de construction, ainsi qu’un nouveau laboratoire de R & D et un nouveau laboratoire de production chargé de la fabrication des produits destinés à la recherche. La deuxième phase, évaluée à 20 millions d’euros, débutera après le déménagement et se terminera en 2023. La biotech va se doter d’une usine de production construite aux standards pharmaceutiques. « Cela devrait nous permettre de multiplier les capacités de production par dix », indique le dirigeant. Avec cette usine, Polyplus-transfection va ainsi internaliser une tâche jusqu’ici assurée par des sous-traitants : la production de produits destinés, non pas à la recherche, mais à la fabrication de médicaments directement injectés dans le corps humain.

Pour accompagner le développement de la société, une centaine d’embauches sont prévues d’ici 2023 « notamment des profils scientifiques pour la production ou les fonctions support et commerciales. Nous allons également renforcer la R & D. » Polyplus-transfection ne communique pas sur la part du chiffre d’affaires dédiée à ce département.

L’essor des thérapies géniques et cellulaires

« Après des décennies d’efforts, il a été démontré que les thérapies géniques et cellulaires qui sont utilisées notamment dans le traitement des maladies héréditaires fonctionnent, se réjouit le président tout en précisant que la société « est sur un marché naissant mais en fort développement et qui attire les investissements. »

En témoignent les changements récents dans l’actionnariat de la société. Fin avril 2020, le fonds d’investissement américain Warburg Pincus est entré au capital de Polyplus-transfection lors d’un achat à effet de levier ou Leveraged Management Buy-Out (LMBO). Ce fonds basé à New York est désormais à égalité avec le fonds lyonnais ArchiMed déjà actionnaire majoritaire depuis un premier achat à effet de levier effectué en 2016. Le management de Polyplus-transfection, composé du président, du directeur général et des sept directeurs de département reste minoritaire. Ce deuxième achat à effet de levier est complété par un investissement sous forme de dette au gestionnaire d’actifs et investisseur parisien Tikehau Capital et à la banque américaine d’investissement Goldman Sachs.

La société ne communique pas sur les sommes en jeu, ni sur la répartition exacte de l’actionnariat, mais elle confirme que depuis le premier achat à effet de levier en 2016, la valorisation de la société est passée de dix à 550 millions d’euros.

Les États-Unis en ligne de mire

Selon Gabriel Festoc, avec cette dernière opération, « le management a voulu renforcer l’actionnariat en internationalisant la société qui est déjà en plein développement. Le choix du partenaire s’est fait alors que nous avons déjà un niveau d’exportations très élevé vers les États-Unis ». Polyplus-transfection exporte, en effet, 98 % de sa production dont les trois quarts vont vers l’Amérique du Nord et le reste vers l’Asie, le Pacifique et l’Europe, soit quarante pays. « Nos clients sont dans le secteur pharmaceutique. Il s’agit principalement de laboratoires privés qui fabriquent des thérapies géniques et cellulaires », précise le président du conseil d’administration.

Par ailleurs, avec la crise du coronavirus, un nouveau secteur en croissance pour les produits de Polyplus-transfection se profile à l’horizon. « Nos agents de transfection sont utilisés dans le cadre de recherches qui sont menées sur de nouvelles formes de vaccination, y compris contre le Covid-19. Contrairement aux anciens vaccins qui s’appuient sur des antigènes, ces nouvelles formes utilisent une approche génétique. » Pendant la période du confinement, Polyplus-transfection n’a pas connu d’arrêt de la production, ni de chômage partiel.

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