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CellProthera poursuit ses essais cliniques grâce à une nouvelle levée de fonds
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CellProthera poursuit ses essais cliniques grâce à une nouvelle levée de fonds

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La biotech mulhousienne CellProthera, spécialisée dans les thérapies cellulaires, a levé 6,8 millions d’euros. Une somme qui devrait lui permettre de conclure la phase deux de ses essais cliniques, une étude sur 44 patients en France et en Grande-Bretagne.

— Photo : ©Darek SZUSTER

CellProthera (22 collaborateurs) continue d’attirer les investissements. La biotech mulhousienne, spécialisée dans les thérapies cellulaires, notamment dans la réparation des lésions provoquées par les infarctus du myocarde, a levé 6,8 millions d’euros. Il s’agit d’une augmentation de capital de 3,3 millions d’euros par les partenaires historiques qui souhaitent rester anonymes, d’un prêt garanti par l’État de 2,6 millions d’euros par Bpifrance et la BNP Paribas Grand Est et d’un prêt pour les entreprises innovantes de Bpifrance de 900 000 euros. Une nouvelle augmentation de capital de 2 millions d’euros est également attendue dans les prochaines semaines. « En matière de financement, nous devrions être tranquilles pendant au moins un an », estime le professeur Philippe Hénon, président fondateur de la société, également à l’origine de la création de l’Institut de recherche en hématologie et transplantation de Mulhouse (Haut-Rhin).

Entre medtech et biotech

Avec cette dernière levée de fonds, CellProthera amène la somme récoltée depuis sa création en 2008 à environ 40 millions d’euros. Les 6,8 millions d’euros doivent lui permettre de conclure d’ici fin 2021 la phase deux des essais cliniques en cours : une étude de faisabilité et de sécurité sur 44 patients dans cinq centres en France et en Grande-Bretagne. La phase trois suivra ensuite. Elle devrait durer deux ans et porter sur 150 à 200 patients en Europe et en Amérique du Nord pour valider l’effet thérapeutique. Un essai sur dix patients est également prévu à Singapour. « Cela devrait nous ouvrir le marché de tous les pays environnants », estime le fondateur de CellProthera.

« La société se situe entre une biotech et une medtech, clarifie Philippe Hénon. Nous travaillons à la fois sur un produit médicamenteux et une plateforme de production. » La thérapie fonctionne comme ceci : des cellules souches liées à l’infarctus du myocarde sont prélevées dans le sang des patients. Elles sont multipliées puis réinjectées dans le cœur. La plateforme de production créée par CellProthera fonctionne avec des kits à usage unique. « Un patient, c’est un kit, donc un greffon. Notre modèle économique est basé sur la vente de ces kits, explique Philippe Hénon qui précise que le marché représenté par les sept pays européens les plus impactés par les infarctus ainsi que les États-Unis et le Japon, compte à lui seul 3,5 à 4 millions d’infarctus nouveaux par an. La population qui nous intéresse en représente 25 à 30 %, soit les infarctus sévères uniquement. »

Plus de souplesse pour les thérapies cellulaires

Philippe Hénon mise sur des évolutions récentes positives en faveur des thérapies cellulaires, soumises jusqu’ici aux mêmes règles que les médicaments classiques à base de molécules. « Nous allons vers plus de souplesse en matière d’autorisations de mise sur le marché, se réjouit le fondateur. Aux États-Unis par exemple, la phase 3 est encore obligatoire, mais la Food Drug Administration (FDA), en charge de délivrer ces autorisations, a décidé de raccourcir le délai entre la fin de la phase 3 et la mise sur le marché, passé d’un an à quelques mois. »

Selon le fondateur de CellProthera, les autorités ont compris la différence entre les médicaments à base de molécules et les thérapies cellulaires, qui au Japon peuvent être commercialisées, par exemple, dès la conclusion de la phase un des essais cliniques. Il explique que « les médicaments à base de molécules sont des comprimés ou des gélules qui doivent être testés sur des milliers de patients en phase trois. Avec les thérapies cellulaires, on a besoin de moins de patients car c’est tout ou rien. On sait rapidement si elles sont efficaces ou moyennement efficaces. De plus, le risque de rejet est minime puisque le malade est son propre donneur ».

Ce procédé de fabrication pourrait être adapté à d’autres maladies. CellProthera travaille également sur une thérapie destinée à soigner l’arthrose des genoux avec la production de cartilage et une autre pour le traitement de la cirrhose.

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