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Village de marques : Le projet de Douains refait surface
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Village de marques : Le projet de Douains refait surface

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Deux fois retoqué par la Commission nationale d’aménagement commercial, le projet de village de marques porté par le promoteur McArthurGlen repasse en décembre en commission départementale. La CCI de Rouen mène la charge au nom de la défense du commerce de centre-ville.

Le futur centre McArthurGlen à Douains — Photo : © McArthur Glen

Le 20 novembre dernier, la CCI de Rouen est montée au créneau une fois de plus contre le projet de village de marques de Douains (27) près de Vernon. Les élus consulaires réunis en assemblée plénière ont voté une motion qui réaffirme leur opposition totale au projet du promoteur McArthurGlen qui prévoyait à l’origine près de 90 boutiques sur 15.000¬m² avec près de 500 emplois à la clé selon les estimations du promoteur. La volonté du groupe britannique de porter une fois de plus son projet devant la Commission Départementale de l’Aménagement Commercial (CDAC) est aujourd’hui un secret de polichinelle.

« Une catastrophe pour la vallée de la Seine ! »
Des élus de l’Eure ont confirmé avoir été approchés récemment et la CCI de Rouen elle-même assure avoir obtenu « la confirmation qu’un 3e projet de création à Douains d’un village de marques de 16.000¬m² (…) venait d’être déposé ». Pour le président de la CCI de Rouen, Christian Hérail, si le projet devait aller à terme, ce serait « une catastrophe pour l’équilibre économique de la vallée de la Seine ». Ni plus, ni moins ! Une position tranchée loin d’être partagée par l’ensemble du monde consulaire et notamment par les voisins ébroïciens.

Une commission composée majoritairement d’élus
Tenue à l’écart des débats menés au sein de la CDAC de l’Eure, la CCI de Rouen joue donc pleinement la carte du lobbying. Auprès des élus rouennais et avec la presse locale comme relais. « Jusque-là nous étions votants dans ces instances », explique le vice-président de la CCI en charge du commerce, Pierre Bellanger. Mais la réforme des CDAC est passée par là. Ce sont aujourd’hui les élus, au nombre de cinq, assistés de « trois personnalités en matière de consommation, de développement durable et d’aménagement du territoire », qui prennent la décision d’autoriser tel ou tel projet. La CDAC dont le secrétariat est assuré par les services de la préfecture de l’Eure doit ensuite se prononcer dans les deux mois.

Risque de déstabilisation du commerce de centre-ville ?
D’ici là, la Chambre de Rouen ne compte pas laisser retomber la pression. Pour se faire entendre, les élus consulaires de la capitale régionale ont commandité une étude d’impact sur l’implantation d’un village de marques à 60¬km de Rouen. « Jusque-là, explique Pierre Bellanger, nous avions identifié un risque évident de déstabilisation du commerce de centre-ville, mais aucune étude ne permettait de l’affirmer ».
Le document distillé auprès de certains élus repose sur deux analyses : l’une partant d’un positionnement haut de gamme du « Village » et l’autre sur un positionnement « mass market ». « L’étude démontre un impact fort sur le haut de gamme en centre-ville compris entre 6 et 10 % de baisse de chiffre d’affaires à compter de l’ouverture du village de marques, voire 15 % dans le sportswear », assure le vice-président de la CCI. À la louche, « 35 boutiques haut de gamme seraient directement impactées ». Pour l’élu consulaire, c’est tout bonnement « inimaginable ! »
Sans attendre les effets supposés du projet de McArthurGlen sur le commerce rouennais, la conjoncture elle-même affecte durement les commerçants du centre-ville. Les taux de vacances dans l’hyper-centre - « là où l’impact sera le plus fort », insiste Pierre Bellanger- avoisine les 12 % dans le quartier Vieux Marché-Saint Patrice et près de 5 % sur la zone Vieux Marché-Palais de Justice, quand la moyenne nationale est à 3,2 % pour des villes de taille équivalente. Quant aux zones plus en périphérie, les chiffres surpassent de beaucoup les moyennes nationales (6,5 %) : 19 % pour le quartier Beauvoisine ; 11 % pour la rue Grand-Pont et la rue du Général Leclerc ; ou encore 18 % à Saint-Nicaise !

Des soutiens dans l’Eure
Pierre Bellanger sait néanmoins que les marges de manœuvres sont étroites pour la CCI : « le projet a déjà été retoqué deux fois par la Commission nationale d’aménagement commercial ». Mais c’était avant les dernières élections municipales et les revirements supposés de certaines municipalités de poids sur le sujet, Vernon et Evreux en premier lieu. Interrogé en septembre dernier sur le sujet, le nouveau maire d’Evreux Guy Lefrand (UMP) avait bien une idée sur la question : « il faut du haut de gamme pour éviter la concurrence avec les commerces existants à Evreux. Si c’est pour refaire du moyen ou du bas de gamme comme à Troyes (un village de marques emblématique également développé par McArthurGlen), ce n’est pas la peine ! »
Quoi qu’il en soit, Douains pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Purgé de tous recours le projet de village de marques d’Honfleur devrait ouvrir dès 2017. Celui d’Aubergenville le long de l’A13 est prévu pour avril 2015, sans parler de celui des Clayes-sous-Bois près de Plaisir, ouvert en décembre¬2013. Le risque d’embouteillage semble bien réel.

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