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Raffinage : Quel avenir pour le site normand de Petroplus?
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Raffinage : Quel avenir pour le site normand de Petroplus?

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Si aucun repreneur n'est validé par le tribunal de commerce de Rouen, comment le site Petroplus de Petit-Couronne pourrait-il être réutilisé? L'intersyndicale ne ménage pas ses efforts pour trouver une offre de reprise crédible.
— Photo : Le Journal des Entreprises

«Si vous trouvez le Père Noël en trois semaines, dites-le nous». Malheureusement, Yvon Scornet, leader de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC du site Petroplus de Petit-Couronne risque d'avoir raison: les chances sont minces de trouver une offre de reprise crédible, suite à la décision du tribunal de commerce de Rouen, le 16octobre dernier, de prononcer la liquidation judiciaire de la raffinerie. Le tribunal n'a laissé que deux mois de poursuite d'activité, afin de préparer la fermeture, même s'il a donné jusqu'au 5novembre pour examiner d'éventuels nouveaux projets de reprise. Un délai très court qui pose en filigrane la question de l'avenir du site.




Incontournable dépollution

Même s'il continue d'espérer un repreneur pour le site, Dominique Randon, le maire de Petit-Couronne, estime que si celui-ci devait fermer, la première préoccupation serait celle de: «La nécessaire réindustrialisation du site» qui passe par une incontournable dépollution pour laquelle le groupe Shell, ancien propriétaire du site détient une responsabilité selon le maire: «Shell a longtemps été propriétaire du site et ne peut pas s'en laver les mains». Un point de vue non partagé par Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP) qui rappelle la loi: «C'est le dernier opérateur qui assume les responsabilités environnementales et sociales au moment de l'arrêt d'activité d'une raffinerie». Une dépollution récemment estimée, par le préfet de région Pierre de Bousquet entre 50 et 150M€ et que Dominique Randon porte à un coût compris entre 150 et 300M€! Une pilule difficile a avaler pour n'importe quel potentiel acquéreur des terrains. Si, des solutions immobilières pourraient être envisagées: «Seulement s'il y a dépollution du site à 100%», précise le maire de Petit-Couronne, l'ensemble des acteurs politiques locaux s'entendent sur la nécessaire réindustrialisation du site en cas de non reprise de la raffinerie. En terme de reconversion, l'affectation à une activité de stockage de pétrole et de produits est une solution fréquemment rencontrée mais, pour Jean-Louis Schilansky: «Elle n'est pas forcément adaptée à la raffinerie de Petit-Couronne. Dans le cas de la raffinerie de Dunkerque, l'opérateur a choisi d'y créer un centre d'activité dédié au raffinage (services de maintenance, formation) et d'y maintenir une activité de stockage. Un plan de revitalisation a été simultanément engagé. Il est destiné à favoriser l'installation d'activités nouvelles sur le site ou à proximité».




Le projet NetOil

Pressenti par l'intersyndicale afin d'assurer la reprise de la raffinerie ainsi que la sauvegarde tous ses emplois, le groupe de Dubaï NetOil se dit prêt à revenir devant le tribunal de commerce de Rouen le 5novembre prochain, après avoir peaufiné son dossier de reprise, rejeté le 16octobre dernier. Pour Dominique Paret, vice-président exécutif de NetOil en France, si le site est ancien, il est géographiquement bien placé et mérite de s'y intéresser: «Le site est alimenté par pipelines à partir d'Antifer et en terme de distribution, Rouen est au coeur du marché principal français qu'est l'Île-de-France». Dominique Paret se veut confiant dans les capacités de la raffinerie et s'appuie sur l'engagement des salariés: «Cette raffinerie est tombée en redressement financier à cause de la situation financière de Petroplus, plutôt qu'à cause de la production de la raffinerie elle-même. Avec la dynamique des salariés et les investissements nécessaires, la raffinerie pourrait être plus compétitive». Et, ce ne sont pas moins de 450millions de dollars dont la raffinerie aurait besoin en cas de reprise, pour la maintenance, l'environnement... «Les premiers travaux devraient démarrer en 2013 avec un grand arrêt à la fin de l'année. Une maintenance d'importance est à réaliser: investissement sur les bacs, unités d'huile, remplacement de matériels...» 450millions de dollars, une somme colossale pour laquelle NetOil affirme avoir trouvé un partenaire sud-Coréen: «Notre partenaire est prêt à financer la majorité de l'investissement dont 150millions de dollars dès 2013». Mais, après le refus du projet NetOil par le tribunal de Rouen, on peut légitimement s'interroger sur les réelles capacités financières du groupe et de son associé. Sur ce point, Dominique Paret entend apporter de nouvelles réponses au tribunal de commerce: «On nous a demandé d'apporter des éléments complémentaires avec notre partenaire avec lequel nous avons passé un contrat de façonnage. Le tribunal pose des questions et nous le comprenons. Nous pensons être les mieux placés et avons bon espoir mais, il faut que l'ensemble des parties aille de l'avant. Maintenant, il faut une décision rapide pour redémarrer, sinon à terme, il pourrait ne plus y avoir de repreneurs».



Sébastien Colle

Rouen