Les grandes écoles normandes jouent la carte de l'international
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Les grandes écoles normandes jouent la carte de l'international

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S’implanter à l’international est devenu l’une des principales clés de développement des grandes écoles normandes. Campus "hubs", recrutement sur place et vitrine pour attirer les étudiants vers la France, investissements soutenus… : les écoles renforcent leurs partenariats à l’étranger pour gagner en notoriété et se positionner fortement sur l’échiquier mondial de la formation.

L’EM Normandie compte 5 800 étudiants sur l’ensemble de ses 5 campus, dont 1 000 étudiants internationaux — Photo : EM Normandie

L’international est l’un des axes de développement stratégiques principaux identifiés par les grandes écoles normandes. L’enjeu est d’importance pour se positionner sur l’échiquier mondial des écoles qui comptent. Ainsi, l’équipe de direction de l’École de Management de Normandie (EM Normandie) a pour ambition "d’être la première institution supérieure d’enseignement et de recherche française post-bac de classe mondiale", explique Elian Pilvin, directeur général de l’EM Normandie.

Afin d’y parvenir, l’école veut repenser son modèle de recrutement et augmenter le nombre d’étudiants pour atteindre 8 500 en 2030, en mettant l’accent sur des profils plus internationaux. L’école souhaite également renforcer sa sélectivité "avec un niveau d’exigence supérieur sur les admissions". Une ambition portée par une forte croissance, l’école ayant réalisé une rentrée record en nombre d’inscriptions avec 2 100 nouveaux étudiants, soit 30 % de plus que l’année précédente. Au total, sur l’ensemble de ses cinq campus (Le Havre, Caen, Paris, Oxford et Dublin), l’école compte 5 800 étudiants inscrits dans les programmes de formation initiale (+16 % par rapport à 2020-2021), dont 1 500 alternants (+50 %) et 1 000 étudiants internationaux (+61 %).

Pour soutenir ses développements, l’EM Normandie prévoit d’investir 8 millions d’euros sur les cinq prochaines années, notamment dans l'ouverture de campus à l'étranger. L’école n’oublie pas ses campus déjà implantés à l’étranger de Dublin et Oxford (ouverts respectivement en 2017 et 2014). Un agrandissement de 500 m² du campus d’Oxford est prévu en 2021-2022 et le campus de Dublin devrait déménager dans des locaux plus spacieux pour la rentrée 2022.

Des "villes mondes"

Pour atteindre leurs objectifs, les grandes écoles nouent des partenariats avec des acteurs locaux et ouvrent des campus in situ. C’est le cas de l’EM Normandie qui ouvre simultanément plusieurs nouveaux campus. Ou plutôt des "campus-hubs" qui seront ouverts en propre dans "des villes mondes" portuaires à Dubaï, Ho Chi Minh Ville et sur le continent américain. L’ouverture du campus de Dubaï aux Émirats arabes unis est prévue en 2022, et devrait, selon la direction de l’école, accueillir 150 à 200 étudiants dès l’ouverture et 600 étudiants en 2025. "Dubaï est un hub d’innovation, notamment technologique, mais également d’enseignement supérieur en plein essor et une destination hautement attractive pour les étudiants", assure le directeur général de l’EM Normandie. Le campus à Ho Chi Minh Ville au Vietnam doit ouvrir ses portes d’ici 2023. Enfin, le lancement d’un troisième campus est prévu à l’horizon 2024 - 2025 sur le continent américain.

Il s’agit "de campus d’expatriation mais aussi de recrutement", souligne Elian Pilvin qui souhaite avec ces implantations attirer aussi des étudiants vers la France. Une approche plébiscitée par de nombreux responsables de grands centres de formation tels que le CESI : "L’international est un véritable axe de développement pour notre école. Nous souhaitons attirer à Caen de plus en plus d’étudiants étrangers pour pouvoir développer l’esprit multi-culturel de nos élèves et enseignants", confirme Christine Dispa, directrice régionale du CESI Caen et Rouen (2 000 étudiants). Une stratégie payante selon Nezar Zakaria, jeune étudiant égyptien, qui a choisi l’école d’ingénieurs CESI de Caen pour sa spécialité informatique : "Dans mon lycée français international, en Arabie saoudite, je n’avais pas la possibilité de passer mon diplôme d’ingénieur de développeur de logiciels. J’ai donc décidé de partir en France à la recherche d’une école qui puisse me former. Ici, il y a tout ce qu’il faut, y compris un FabLab pour travailler sur la réalité virtuelle…"

Renforcer les partenariats et assurer sa notoriété

Accords et échanges avec les universités des pays hôtes sont les leviers d’un développement maîtrisé pour les grandes écoles, même si 2020 a pu marquer un ralentissement des projets.

"Nous souhaitons attirer à Caen de plus en plus d’étudiants étrangers pour pouvoir développer l’esprit multi-culturel de nos élèves et enseignants", souligne Christine Dispa, directrice régionale du CESI Caen et Rouen — Photo : Isabelle Evrard-JDE

Ainsi, l’École Nationale Supérieure d’Ingénieurs de Caen (ENSI) qui abrite 775 élèves ingénieurs, 50 enseignants-chercheurs, compte plus de 90 accords et programmes d’échanges avec des universités du monde entier (15 % d’étudiants étrangers). "L’école mène une politique active sur le plan international, même si 2020 a été compliquée car les étudiants français comme étrangers ont dû suivre leurs cours à distance. Les stages à l’international ont été remplacés par des projets menés en distanciel avec les structures d’accueil à l’étranger ou avec les laboratoires de l’ENSICAEN. En 2021, nous avons dû nous recentrer sur l’Europe mais seulement 12 étudiants ont pu partir", explique Jean-François Hamet, directeur de l’ENSICAEN.

De son côté, l’EM Normandie compte 208 universités partenaires dans plus de 60 pays. Elle a notamment décidé d’engager le renforcement de sa présence en Asie. C’est pourquoi, lors de la visite à Paris du Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh début novembre, la délégation de l’école de management (EM) Normandie a signé deux protocoles d’entente pour des programmes de formation avec le Vietnam. L’EM Normandie s’est notamment associée à l’Institut de politique et de développement du ministère du Plan et d’Investissement du Vietnam avec un accord sur des programmes de formation continue "destiné à faire monter en compétences les cadres des services déconcentrés du ministère du Plan et de l’Investissement (élaboration des plans et des stratégies de développement socio-économique, gestion des investissements publics et développement économique des entreprises, NDLR)". Le second protocole concerne le Groupe T & T vietnamien qui emploie plus de 100 000 salariés dans les secteurs de la finance, de l’industrie, de l’éducation ou encore de l’immobilier. L’EM Normandie propose des formations continues depuis le premier trimestre 2022.

La délégation de l’EM Normandie représentée par son président, Jean-Louis Grégoire, et son directeur général, Elian Pilvin, a rencontré les autorités vietnamiennes afin d’officialiser leurs nouveaux accords, le 3 novembre 2021 à Paris — Photo : DR

L’EM Normandie est présente au Vietnam depuis 2014, et cherche à accentuer sa notoriété et à renforcer son internationalisation. Elle a déjà formé plus de 200 hauts fonctionnaires vietnamiens sur des thématiques comme la finance publique, la fonction publique, l’aménagement territorial, la valorisation du patrimoine culturel ou encore le tourisme. Depuis 2020, l’EM Normandie propose à Hanoï son bachelor international management en partenariat avec l’University of transport and communications (UTC) et un master in Banking, Finance & Fintech avec IFI - Université Nationale du Vietnam.

L’ouverture de son nouveau campus à Hô Chi Minh Ville en 2023, inscrit dans les orientations stratégiques 2030, doit permettre à l’école d’accélérer son développement sur place. Le campus dispensera notamment des formations continues en logistique et supply Chain mais aussi des formations diplômantes dont un BBA International Business. Il sera également ouvert dès 2023 aux étudiants de l’EM Normandie et aux recrutements opérés localement et régionalement.

Incontournable Chine

Avec son fort potentiel de croissance, l’Asie a également été choisie par l’Esigelec Rouen (affiliée à l’Institut Mines-Télécom), qui forme des ingénieurs généralistes en systèmes intelligents et connectés, pour renforcer son développement international (démarré dans les années 90) avec une première implantation en Chine à Chengdu, capitale de la province du Sichuan au centre-ouest de la Chine comptant plus de 16 millions d’habitants (Chengdu a été élue en 2019 la ville la plus dynamique sur le plan économique devant Shenzhen et Pékin par le Think Tank américain Milken Institute). L’ESIGELEC a choisi la Chine pour proposer son premier MSc – Master of Science totalement réalisé à l’étranger, en partenariat avec l’Université des Sciences et Technologies de l’Électronique de Chine (UESTC).

L’ESIGELEC a choisi la Chine pour proposer son premier MSc – Master of Science totalement réalisé à l’étranger, en partenariat avec l’Université des Sciences et Technologies de l’Électronique de Chine (UESTC) — Photo : Esigelec

Le partenariat avec l’UESTC date de 2007, et les premières réflexions sur le Master remontent à 2018. "Notre implantation en Chine est effective de longue date avec notre bureau de Shanghai, nos partenariats avec des universités et lycées, et nous permet déjà d’accueillir à l’ESIGELEC à Rouen chaque année, environ 30 étudiants chinois ayant choisi de venir en France pour obtenir le diplôme d’ingénieur", souligne le directeur général de l’ESIGELEC, Étienne Craye. Ce nouveau Master of Science s’inscrit dans le plan stratégique 2030 de l’ESIGELEC qui prévoit l’implantation de programmes et/ou campus à l’international, permettant de former sur place des étudiants pour les besoins de l’économie locale. D’autres implantations, dans d’autres pays, sont à l’étude, notamment en Amérique du Sud en partenariat avec d’autres établissements d’enseignement supérieur français.

Avec ces nouvelles voies de développement à l’international, les grandes écoles normandes s’ouvrent de nouveaux horizons et possibilités de croissance, portées par un haut niveau de compétences et de formation très apprécié des étudiants.

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