Tourisme : Un cluster pour sortir de l'ornière
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Tourisme : Un cluster pour sortir de l'ornière

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Pour retrouver la croissance d'antan et rester dans la course des destinations de vacances, le Morbihan doit jouer collectif en matière de développement touristique. C'est l'enjeu que s'est fixé le cluster tourisme lancé le mois dernier par le conseil général.
— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est dans l'adversité que l'on se serre les coudes. C'est peut-être fort de cet adage que le conseil général a choisi de réunir l'ensemble des professionnels impactés par le tourisme dans un cluster qui leur est dédié. Et de travailler ensemble à l'élaboration d'une stratégie départementale.




Sept ans après le nautisme

Un cluster qui n'aurait peut-être pas vu le jour si l'économie touristique dans le Morbihan n'était pas aussi catastrophique. Le bilan en 2012 s'est creusé encore un peu davantage. Avec - 4 % de nuitées en moyenne. Un séisme « qui a provoqué une prise de conscience générale », reconnaît Maly Sananikone, chef du service tourisme au conseil général du Morbihan. Jusqu'ici, le tourisme morbihannais vivait de la cueillette. Mais dans un contexte d'hyperconcurrence et de crise économique durable, c'est l'ensemble de la stratégie touristique départementale qui est à revoir. Il aura fallu attendre tout de même sept ans après le lancement du premier cluster dans le Morbihan, dédié au nautisme, pour que le conseil général décide de prendre à bras-le-corps la question du tourisme. Seconde industrie du département, avec plus de 23.000 emplois en haute saison et 9.000 entreprises concernées, le tourisme génère un milliard d'euros de consommation chaque année, soit environ 11 % du produit intérieur brut morbihannais. Et malgré 2,4 millions d'euros de budget, soit près de 60 % du budget global alloué au tourisme par le conseil général, le comité départemental du tourisme n'a pas comblé les manques en matière de développement touristique. « À mon arrivée en 2004, il n'y avait même pas de service tourisme au Département », répond Jean-Jacques Micoud, directeur du CDT. Surtout, dans une filière très transversale, impactant aussi bien l'hôtelier que le supermarché, le parc de loisir que le boulanger ou le chauffeur de taxi, le dialogue était jusqu'alors inexistant. Les professionnels se regardant même avec défiance. « Il s'agit désormais de remettre les gens autour de la table. Chacun travaillait dans son coin. Tant que les affaires tournaient, ils n'avaient pas besoin de se parler », note Maly Sananikone.




Problème structurel

Aujourd'hui, force est de constater que « le problème est plus structurel que conjoncturel », d'après Matthieu Lévy, consultant en développement touristique au cabinet Artélia. Car la crise que vit le tourisme en Morbihan en 2013 est plus profonde qu'elle n'y paraît. Le département connaît un recul de 30 % de la fréquentation étrangère en hôtellerie depuis 2005. « Le Morbihan est fortement dépendant de la clientèle française, notamment issue du Grand Ouest et de Paris (75 % des touristes) », relève Matthieu Lévy. « Tant que celle-ci se maintient tout va bien. Mais une baisse de 1 à 2 % et c'est l'ensemble de la fréquentation qui plonge. Car les étrangers ne viennent plus compenser. Sur la période 2005 - 2010, le camping a perdu dix points de parts de marché, les locations, gîtes et chambres d'hôtes ont chuté également de quatre points. « Nous avons beaucoup souffert en 2012. Toutes les trésoreries sont à la peine aujourd'hui et les chiffres d'affaires ont baissé. C'est une première pour l'hôtellerie de plein air, avec un recul qui a atteint entre - 5 % et - 15 % en 2012 », note Marie-Noëlle Communal, présidente de l'hôtellerie de plein air dans le Morbihan. D'après l'observatoire du tourisme du CDT, l'hôtellerie accuse un recul de - 2 % en 2012 et les campings - 8 %. Pour couronner le tout, le Morbihan a perdu son attractivité auprès des jeunes de 15 à 24 ans, qui sont 50 % moins nombreux à fréquenter le territoire aujourd'hui par rapport à 2005, soit à peine 7 % des touristes. »




Déficit de qualité

Au global, l'hébergement marchand perd du terrain sur le non marchand. Avec - 10 % de parts de marché entre 2005 et 2010. Contre une croissance de 17 % pour le non marchand. La raison ? Un déficit en matière d'offre de qualité. Le département ne compte que 50 % de ses emplacements classés en trois et quatre étoiles. Or la moyenne nationale est à 60 %. Des départements comparables, comme la Vendée ou le Var sont à 72 %. « Le Morbihan est le 61e département français selon le classement qualitatif, au même niveau que les Vosges ou l'Indre », rappelle Matthieu Lévy. Pourtant, la qualité de l'offre influe directement sur la fréquentation : les trois et quatre étoiles ont dix points de taux d'occupation de plus que les un et deux étoiles. D'où la nécessité des hôteliers de poursuivre leurs investissements dans la modernisation et le renouvellement de leurs équipements. Malgré les difficultés rencontrées auprès des banques (voir Le Journal des Entreprises de mars 2013). C'est là un vrai signal d'alarme que les professionnels doivent prendre au sérieux. Pour être à même de proposer autre chose afin de redonner aux touristes l'envie de découvrir ou de redécouvrir le Morbihan.

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