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Stéphane Le Teuff (FFB Morbihan) : « Le bâtiment affiche un optimisme mesuré »
Interview Morbihan # BTP # Conjoncture

Stéphane Le Teuff président de la FFB Morbihan Stéphane Le Teuff (FFB Morbihan) : « Le bâtiment affiche un optimisme mesuré »

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2018 s’annonce comme une année de reprise dans le bâtiment. Les mises en chantier se font plus nombreuses. Toutefois des points de vigilance demeurent : les marges des entreprises et surtout leurs capacités à recruter. En amont, la question de la formation des jeunes est centrale. De quoi en faire l’une des priorités de mandat pour Stéphane Le Teuff, le président de la FFB 56.

Chef de file de la FFB 56 depuis quatre ans, Stéphane Le Teuff est le dirigeant de Le Teuff Electricité, à Lanester. Cette entreprise familiale compte 35 salariés. — Photo : FFB Morbihan

« On n’a pas choisi le bâtiment par hasard » a-t-on pu lire sur votre carte de vœux, quel est le sens de ce message ?

Stéphane Le Teuff : Clairement, il s’adresse aux jeunes et vise à les motiver pour rejoindre les filières du bâtiment. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une campagne lancée par les différentes fédérations bretonnes. Clairement nous voyons que la charge de travail est là mais nous manquons de jeunes formés. Pourquoi ? Depuis dix ans, nous n’avons pas formé. Et aujourd’hui comment les attirer ? Dans le même temps, nous voyons des 25 - 30 ans qui se sont engagés dans des filières sans débouchés et qui sont motivés pour rejoindre nos métiers. Notre BTS bâtiment, qui existe depuis deux ans, rencontre un beau succès auprès de ces profils. Concernant la génération Z, il faut aujourd’hui savoir la comprendre.

Comment pensez-vous séduire cette génération Z ?

S. Le T. : Leur approche nous bouscule parfois mais elle a le mérite de poser les vraies questions. Quand je suis face à un jeune de cette génération, je suis face à un « client ». On doit leur vendre nos entreprises. Ils veulent intégrer des organisations qui ont du sens. Pour les toucher, la campagne de communication devra être décalée et intégrer les réseaux sociaux. Le numérique doit aussi nous aider. Les entreprises devront se former au BIM qui ouvre de nombreuses perspectives. Nous avons aussi des atouts : l’investissement dans de nouveaux logiciels, les tablettes se multiplient également sur les chantiers. Les salaires et les perspectives d’évolution sont aussi motivants. Et dans le bâtiment, pas de routine.

La reprise économique gagne-t-elle les entreprises morbihannaises ?

S. Le T. : J’entends beaucoup parler de reprise économique. Dans le bâtiment et en Bretagne, la situation est contrastée. 70 % des logements collectifs bretons se font à Rennes. Et la LGV associée à la reconfiguration du quartier de la gare renforcent cette dynamique rennaise. Dans le département, nous assistons au redémarrage de chantiers à Vannes depuis 3 à 6 mois avec la sortie de beaux programmes immobiliers. Et à Lorient, nous pouvons espérer que la nouvelle gare déclenche d’autres projets ensuite.

Quelles sont les perspectives ?

S. Le T. : La filière affiche un optimisme mesuré. La réforme des APL impacte les bailleurs sociaux. Les évolutions des lois Pinel et du PTZ nous laissent dans l’expectative. Le PTZ rencontre un vif succès pour les maisons individuelles et pour les achats dans l’ancien. Concernant la loi Pinel, Rennes, Saint-Malo et Belle-Ile demeurent dans le dispositif, exit le reste de la Bretagne même si cela pourrait évoluer. En amont de cela, de nombreux programmes ont été déposés avant décembre.

L’ANRU et son programme de rénovation urbaine vont se poursuivre à Lorient dans le quartier du Bois du Château. Du foncier ouvre des opportunités à Bodélio, comme l’éco-quartier du Péristyle. La construction du centre de secours crée de l’activité. Deux nouveaux collèges vont également sortir de terre. A Vannes, l’aménagement de la rive gauche du port devrait créer de l’activité. Différents programmes devraient prendre forme à proximité de la gare. Le Troadec 2 (NDLR qui accueillera les personnels des Finances publiques, du CIo et de l’Education nationale), situé près du centre hospitalier, va commencer à sortir de terre. Le bâtiment de la CPAM est en voie de finition à Laroiseau.

Quels sont selon vous les domaines du bâtiment qui pourraient apporter de la valeur ajoutée demain ?

S. Le T. : Je pense que le modèle économique du bâtiment va changer. Quels seront les secteurs porteurs dans trois ou quatre ans ? Impossible d’avoir une vision tranchée. En revanche, ce que je crois, c’est que nous avons des domaines à investir. Je pense, notamment, au secteur de la rénovation énergétique dans lequel nous sommes en retard en Bretagne. Des aides existent pourtant et elles sont importantes. Elles demeurent trop méconnues, hélas.

Quid de la transmission dans vos entreprises ?

S. Le T. : C’est un sujet. Beaucoup d’entreprises sont à céder. Nous avons connu une importante vague de rachats entre 2006 et 2007. Un grand nombre de ces repreneurs étaient issus d’autres domaines que le bâtiment. Le montant des transactions était élevé et basé sur la dette. Ensuite, la crise est arrivée et les chiffres d’affaires ont plongé. Aujourd’hui, le profil des repreneurs est différent d’il y a une dizaine d’années. Ce sont des techniciens qui prennent le temps de se former. Pour assurer ces opérations, nous jouons sur l’effet réseau avec des partenariats avec le Réseau Entreprendre Bretagne, Egée, le CRA, …

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