Morbihan
Jean-Pierre Rivery : « Les PME à succès sont à l'international »
Interview Morbihan # Conjoncture

Jean-Pierre Rivery président du Medef Morbihan Jean-Pierre Rivery : « Les PME à succès sont à l'international »

S'abonner

Ancien président de Diana Pet Food, Jean-Pierre Rivery préside le Medef local depuis 2014. Il est aussi à la tête d’ID Mer, l’institut des produits de la mer. Pour le Journal des entreprises, il revient sur les temps forts de l’économie morbihannaise et sur les défis à venir.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Quel bilan dressez-vous de l’économie morbihannaise au cours de cette année 2015 ?

Jean-Pierre-Rivery : On peut parler de frémissement dans l’industrie notamment la métallurgie et dans les services. Les entreprises morbihannaises ont fait le dos rond en 2014, désormais cela s’active un peu. Toutefois, il y a bien quelques projets d’investissements notamment dans l’agroalimentaire comme par exemple au sein du groupe Jean Floc’h ou Intermarché mais ce n’est pas l’euphorie. Les investissements sont encore peu nombreux. Pourquoi ? Le contexte invite à l’attentisme. Il y a un réel problème de confiance car les règles du jeu bougent.

Les secteurs d’activités sont-ils tous concernés par cette amorce de reprise ?

J-P.R : Non. Les points noirs demeurent le bâtiment et plus encore les travaux publics. Dans le bâtiment, la reprise est insuffisante. Mais la situation est plus inquiétante dans les travaux publics. Cette situation est peu évoquée. Cette profession souffre en silence alors que nous observons beaucoup de défaillances. La construction de la LGV leur a apporté une bouffée d’oxygène mais désormais la partie travaux publics de cet équipement est achevée. Souhaitons donc désormais que le chantier de l’aéroport de Notre-Dame des Landes leur offre un appel d’air intéressant pour un projet qui sera de toute façon structurant pour nos territoires.

Quels auront été pour vous les faits économiques majeurs ?

J-P.R : Je retiens surtout les crises dans l’industrie porcine et laitière. C’est un problème de fond que nous n’avons pas réglé. L’année précédente, c’était Doux et le secteur de la volaille. Les difficultés demeurent sans que l’on traite les questions en profondeur. Et au final c’est toute notre filière agroalimentaire qui génère un important maillage territorial qui est affecté.

Et les belles réussites ?

J-P.R : Je retiendrai les développements d’InVivo à l’international comme BCF, Coriolis Composites, Olmix, Nass & Wind, les initiatives des frères Guillemot,etc. Elles ont un point commun : elles sont internationales. Pour la plupart, ce sont des PME. Elles prouvent ainsi qu’il n’est pas nécessaire d’être un géant pour décrocher des marchés hors de nos frontières. Autre point que je noterai : lorsque je me déplace hors de France, j’entends parler de ces sociétés. On ne sait sans doute pas qu’elles sont morbihannaises mais leur nom est connu. C’est le plus important.

Vous êtes président du Medef local, quelles sont les préoccupations actuelles de vos adhérents ?

J-P.R : Leur moral est meilleur. Ils sont plus optimistes. Voilà pour les bonnes nouvelles. Aujourd’hui, ils sont perdus avec toutes les normes qui apparaissent. 90 à 95 % de nos adhérents sont à la tête d’entreprises ayant entre 10 et 50 salariés. Ils n’ont pas les atouts et la structuration des grands groupes pour faire face à cela. À notre échelle, nous apportons un accompagnement. C’est quelque chose qui est croissant.

Quelle est votre feuille de route pour 2016 ?

J-P.R : Nous allons poursuivre sur cette notion de services. Notre nombre d’adhérents augmente comme le nombre de branches professionnelles qui nous rejoignent. Nous allons poursuivre la mutualisation des compétences avec les autres Medef territoriaux. Et cela n’est pas opposé avec une certaine proximité. En 2016, nous allons mettre l’accent sur la communication pour gagner encore en visibilité. Nous poursuivrons sur les services avec un dossier phare qui concerne l’embauche du conjoint. Ce travail est mené avec Vipe et d’autres réseaux.

Vous avez été à la tête du comité breton des conseilleurs au commerce extérieur, la Bretagne est-elle bonne ou mauvaise élève ?

J-P.R : Les tendances ne sont pas mirobolantes. La façon dont est établie cette balance commerciale est de toute façon discutable. Un porc breton vendu à l’export en transitant par Rungis n’apparaîtra pas comme une exportation bretonne. C’est un exemple parmi d’autres. Ce qui compte c’est que nos entreprises deviennent de plus en plus internationales. Celles qui le sont s’en sortent mieux car elles se confrontent à des marchés et à de nouvelles concurrences. Cela lisse aussi les écarts et les préserve d’un retournement de marché. Enfin, elles sont plus innovantes et se nourrissent de nouvelles idées.

Pourriez-vous être candidat pour les prochaines élections à la CCI ?

J-P.R : J’ai un devoir de réserve par rapport à cela. Nous verrons ce qui se passe le moment venu. Le Medef breton définira des priorités comme pour toutes les élections et nous les soumettrons aux candidats dans le département. Ce qui m’importe c’est de construire avec tout le monde. Les CCI vont devoir se regrouper et voient leurs moyens financiers se réduire. C’est une opportunité pour repenser l’action sur les territoires. Dans le Morbihan, nous avons déjà franchi une étape car nous n’avons qu’une CCI. Des collaborations sont initiées entre les agences de développement économique que sont Vipe et Audélor, la CCI devra elle aussi être sur ce mode collaboratif.

Morbihan # Conjoncture