Sarthe
Les volailles de LDC à la reconquête du marché national
Sarthe # Agroalimentaire

Les volailles de LDC à la reconquête du marché national

S'abonner

Numéro 1 français de la volaille, LDC a entrepris ces dernières années de regagner les volumes de volailles importées sur le marché national. Une stratégie payante pour le groupe de Sablé-sur-Sarthe qui multiplie depuis les acquisitions en France et à l’étranger, doublant son chiffre d’affaires en moins de dix ans.

Depuis 2001, Denis Lambert préside LDC. Le groupe de Sablé-sur-Sarthe emploie 23 000 personnes en Europe, dont 4 500 en Sarthe — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

Dans les prochains mois, le groupe sarthois LDC devrait finaliser l’acquisition de Ronsard, numéro 4 français de la volaille. Une opération, encore soumise à l’autorisation préalable de l’Autorité de la concurrence, qui va permettre au géant agroalimentaire de Sablé-sur-Sarthe d’intégrer les sept sites de production de cette entreprise morbihannaise, forte de 775 salariés et totalisant 160 millions d’euros de chiffre d’affaires. Affichant le rang de premier groupe volailler français avec ses 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 23 000 collaborateurs en Europe, LDC pose là un nouveau jalon dans sa stratégie de reconquête du marché français de la volaille. Un plan que le groupe familial mène depuis 2014, avec l’ambition de prendre à la concurrence étrangère d’importants volumes. Les importations de volailles représentant 45 % du marché hexagonal. « Sur les 14 millions de poulets consommés chaque semaine en France, 5 millions sont importés. Nous pouvons récupérer 3 millions de poulets à produire nous-mêmes à condition de travailler notre compétitivité globale afin d’obtenir une qualité supérieure et un coût de production équivalent à nos concurrents européens », explique Denis Lambert, PDG de LDC. Dans sa volonté de reprendre la main sur le marché français, le groupe sabolien s’est ainsi fixé pour objectif de gagner des volumes sur le segment des poulets destinés à l’industrie, un secteur important massivement des volailles européennes. En cela, le Sarthois a été aidé par la reprise de différents outils industriels en Bretagne ces dernières années, dont la société Le Plenier Boscher (Côtes-d’Armor) acquise en 2014 auprès du groupe Avril. « C’est un site spécialisé dans la découpe de poulets à destination de l’industrie, avec un circuit de conditionnement simple qui le rend très compétitif en prix. Nous avons alors décidé d’appliquer ce modèle à notre site de Sérent, dans le Morbihan, que nous avons spécialisé sur les volumes destinés à l’industrie. »

200 millions d’euros investis chaque année

Repris au groupe Doux en 2012, l'abattoir de Sérent était initialement dédié à une production pour les grandes et moyennes surfaces (GMS). LDC a ainsi investi 25 millions d’euros dans la modernisation et la spécialisation de ce site qui aujourd’hui produit 400 000 poulets par semaine. Car le Sarthois ne ménage pas ses efforts en matière d’investissements. Il y consacre en effet 200 millions d’euros tous les ans, une enveloppe supérieure à celle consacrée aux croissances externes, afin de développer des sites de production ultra-spécialisés sur un produit et une typologie de client. « Quand nous avons repris les outils de production du groupe Avril en 2014, nous y avons investi 150 millions d’euros sur trois ans. Ces investissements nous permettent de robotiser en partie la production et de gagner en compétitivité. » Ainsi, si la reprise de Ronsard est autorisée, LDC injectera 50 millions d’euros par an dans la modernisation de l’entreprise bretonne. 10 millions d’euros seront consacrés au seul site de Bignan (Morbihan) qui souffre depuis plusieurs années d’un manque de compétitivité. Une nouvelle unité d’abattage et de découpe de volailles remplacera donc à horizon 2023 l’usine actuelle qui sera, elle, dédiée à la fabrication de produits de charcuterie élaborés.

La salle de découpe du Cavol, à Loué — Photo : Yanne Boloh - Le JDE

« C’est ce qui porte aujourd’hui la croissance du marché. Nous avons également besoin d’un nouvel abattoir moderne pour la reconquête des importations de volailles. Bignan dispose de la main-d’œuvre et d’éleveurs à proximité », précise Denis Lambert. En conséquence, le projet de création d’abattoir à Châteaulin, dans le Finistère, annoncé lors de la reprise du groupe Doux en 2018, est suspendu. Le dossier n’étant plus jugé prioritaire par LDC. Ainsi, les deux sites bretons de Ronsard passeront sous le giron de la Société bretonne de volaille (SBV), filiale fédérant les activités bretonnes du groupe sarthois. Les cinq autres usines de l'entreprise situées en Ile-de-France, dans les Landes et dans la Bresse permettront à LDC de renforcer ses gammes de produits régionaux.

Grandir en France et à l’international

Le projet Ronsard s’inscrit donc dans la lignée des opérations de croissance externe opérées par LDC depuis plusieurs années. Le groupe volailler multiplie en effet les acquisitions lui permettant ainsi de régner sur le marché avec ses marques Le Gaulois, Loué, Maître Coq, Marie et Traditions d’Asie. L’ensemble regroupe 89 sites de production en Europe et fédère 7 500 éleveurs sur le continent, dont 6 200 en France. « Grandir est inscrit dans l’ADN de LDC. Nous sommes nés de l’addition de deux concurrents, incarnés par les familles Lambert d’un côté, et Dodard et Chancereul de l’autre. Nous avons une vraie culture d’association d’entreprises », explique l’actuel dirigeant qui a pris la présidence du groupe familial en 2001. Ces dernières années, LDC a largement déployé cette appétence pour le rapprochement entre entreprises, que ce soit avec l’acquisition du groupe Doux en 2018 ou de sociétés plus modestes à l’image du mayennais Rémi Ramon l’an dernier. « Quand on s’implique dans ce genre de dossier, c’est avec un projet clair, en se demandant si l’entreprise va bien s’intégrer au groupe, dans la perspective d’être encore plus fort demain. »

Cette croissance en France n’empêche pas LDC d’avancer ses pions à l’international. Le groupe réalise en effet 21 % de son activité hors de l’Hexagone, et est présent depuis le début des années 2000 en Espagne et en Pologne. En 2018, le volailler sarthois s’est également implanté en Hongrie à travers l’acquisition de la société Tranzit, et en Belgique l’an dernier avec la reprise de l’importateur et distributeur de volailles Kiplama. « L’international a deux vertus : faire progresser le groupe dans sa connaissance du métier, et accompagner nos clients. Certaines enseignes de la distribution ou de la restauration qui apprécient leurs relations avec un fournisseur vont l’inciter à le suivre à l’étranger. Cela nous permet également d’anticiper une concentration potentielle des distributeurs européens », appuie Denis Lambert. L’anticipation, un maître mot chez le volailler, dans un contexte d’évolution des attentes de consommateurs soucieux du bien-être animal et demandeurs de produits locaux de qualité. « Nous sommes nés avec l’élevage en plein air, ça ne nous pose pas de problème ! À prix égal, le consommateur privilégie le local, ce qui nous incite à poursuivre nos efforts de compétitivité. »

Sarthe # Agroalimentaire