Amoureux de voile, globe-trotter et expert en informatique, Ivain Bignonet, 32 ans, a mis un peu de lui dans son bateau connecté. Ingénieur de formation, il fait ses premières armes en Ecosse, où il occupe un poste d’administrateur système chez NEC, puis en Espagne où Orange l’engage comme IT manager en gestion de réseaux... Avant de partir pour la République Tchèque, comme chef de projet informatique chez DHL.
En 2014. Il se met à son compte et revient vers sa passion pour la mer. Il décide alors de numériser « la table à cartes » utilisée dans les bateaux. Sa table tactile, large (1 m²) et inclinable, permet de tracer sa route sur une carte virtuelle, surfer sur internet ou visionner des films en famille. Ce sera le premier produit de Kara Technology (8 salariés), née mi-2016 et qui ouvrira la voie au bateau connecté.
Sur les salons nautiques, la table reçoit un bon accueil, mais suscite également des attentes. «On nous demandait une foule d'applications en plus : la possibilité d'actionner les pompes à distance, de gèrer le chauffage, etc.Les amateurs de voile s'imaginaient déjà dans Minority Report », raconte Ivain Bignonet.
130 capteurs, 6 caméras
Le « bateau intelligent » quèsaco ? Pour faire simple, la start-up n’a rien d’un chantier naval, mais elle a conçu un kit pour truffer votre embarcation de nouvelles technologies : 130 capteurs, six caméras, un serveur informatique, des actionneurs… Sur sa table tactile, le capitaine voit s’afficher la vitesse du vent, les niveaux d’eau et de fioul, il contrôle le déploiement de l’ancre... L’information est reliée au cloud. Voilà pour le côté connecté.
L'intelligence artificielle comme co-pilote
Connecté et avec une copilote à la barre : l’intelligence artificielle (IA)… « Mettons que je prévois un voyage des Sables d’Olonne vers Belle-Île-en-Mer, l’intelligence artificielle pourra détecter sur internet si la météo s’annonce plus mauvaise que prévue, s’il y a des épaves sur le chemin ou que l’état du bateau ne permettra pas d’arriver à destination. Et vous conseillera peut-être de vous arrêter dans un port où elle a vu qu’il restait des places libres, pour recharger les batteries, explique Ivain Bignonet. Imaginez aussi qu’une pompe à eau dysfonctionne, l’information pourra remonter au chantier naval, puis jusqu’au dépanneur, qui vous attendra sur le pont au retour… ». Cette IA communique avec vous, là aussi, via la table numérique.
Levée de fonds en cours
Kara Technology vise un marché haut de gamme, avec une version de base à partir de 50.000 euros, destinée à équiper des bateaux neuf d’une valeur de 500.000 euros ou plus. Elle s’adresse aux amoureux de la voile, mais aussi aux chantiers navals et aux entreprises de location.
La jeune pousse espère commencer par vendre une dizaine de kits en 2018. Elle vise 7 à 8 millions d’euros de chiffre d'affaires d’ici 2022. L’effectif pourrait alors atteindre 18 personnes, réparties entre Angers et Les Sables d’Olonne. Angers abriterait toujours son siège et l’assemblage des tables tactiles. Quant aux Sables, Ivain Bignonet prévoit d’y installer un laboratoire de développement logiciel sur le pôle d’innovation Numérimer, en septembre 2018.
Pour grandir, Kara Technology cherche aujourd'hui des capitaux. Des besoins en partie couverts par des subventions de la région (50 000 € plus 150 000 € d’avance remboursable), des villes d’Angers et des Sables d’Olonne. Pour le reste, la start-up finalise une levée de fonds de deux millions d’euros, qu’elle espère boucler dans les prochaines semaines.
