« J’ai recruté grâce à un job dating »
Témoignage # Ressources humaines

« J’ai recruté grâce à un job dating »

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Dans un contexte où près d’une entreprise sur deux peine à recruter en Pays de la Loire, certaines se tournent vers les job dating, ces rencontres en face à face avec des demandeurs d’emploi. Reportage à Saumur.

Guilaume Perrin, DRH d'Alltub, lors d'un "job dating" à Saumur. Le responsable des ressources humaines a réussi à recruter un approvisionneur et un opérateur de production grâce à l'événement, organisé par la Maison de l'emploi en septembre 2017 — Photo : Florent Godard

D’ordinaires tapissés d’affiches ou de dessins, les murs du centre de loisirs « l’île aux enfants », à Saumur, ont été recouverts d’offres d’emplois, ce jour-là. Ce 15 septembre, le lieu accueille en effet un « job dating ». Copiant le modèle du speed dating, la formule propose des rencontres en face à face avec une personne différente toutes les 15 minutes. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas de trouver l’âme sœur mais ses futurs salariés ou sa future entreprise. Une initiative appréciée, à l’heure où 41 % des entreprises des Pays de la Loire déclarent avoir des difficultés pour recruter.

« Un gain de temps »

En cette entrée 2017, la Maison de l’emploi de Saumur organise son second job dating. Fin 2016, le premier avait rassemblé 400 personnes autour de 39 entreprises. Parmi elles, figure le groupement d’employeurs saumurois Agrival, qui propose du travail à temps partagé, c’est-à-dire un emploi sur plusieurs entreprises, parmi son réseau d’adhérents, dont font partie la coopérative de fruits et légumes Fleuron d’Anjou, la maison Ackerman, une foule de domaines viticoles et de pépiniéristes.

Sur la table, des offres de postes de manutentionnaires, préparateurs de commandes, caristes et chauffeurs poids lourds. « L’avantage, c’est qu’on a tout de suite la personne devant soi. On voit comment elle se présente, on discute... Cela permet de faire un tri rapide parmi les candidatures, explique Marie-Chrystelle Vassor, la directrice du groupement. C’est un vrai gain de temps comparé à un recrutement classique, où il faut éplucher les CV, passer des coups de téléphone, prendre rendez-vous, avec un risque plus important que la personne ne convienne pas… »

A noter que face à elle, les candidats du job dating ont eu la possibilité d’être préparés à passer des entretiens (amélioration du CV, mise en situation, relooking, travail sur son attitude, l’e-réputation…), avec l’aide de partenaires comme Pôle Emploi, la Mission locale, Cap Emploi, le PIJ de Saumur… Avec la possibilité de consulter les annonces, publiées en ligne un peu en amont, sur une page conçue pour l'occasion.

Contactée deux mois après l’opération, Marie-Chrystelle Vassor dit n’avoir recruté que deux personnes rencontrées ce jour-là, mais le total « s’élève à une dizaine », si l’on additionne les embauches liées au premier et au second job dating.

Pour Agrival, l’exercice offre aussi l’occasion de faire de la pédagogie. « On essaie de se faire connaître, car tout le monde ne visualise pas forcément le fonctionnement d’un groupement d’employeurs, détaille sa directrice. Résultat, on peut espérer attirer des personnes qui ne seraient pas venues spontanément nous démarcher, par méconnaissance du concept... »

Elargir le panel de candidats

« C'est vrai qu'on élargit le panel de candidat », acquiesce Guillaume Perrin, directeur des ressources humaines chez Alltub. Doté d’une usine de 230 salariés à Saumur, cet industriel fabrique des emballages aluminium (tubes, aérosols…), pour les crèmes de soin du corps, les colorations de cheveux, l’alimentation et mille autres applications.

Il cherche, entre autres, une dizaine de « régleurs » pour piloter des lignes de production... pouvant aller jusqu' à une trentaine de mètres de long. Mais le job reste assez accessible. « On cible des gens ayant un goût et des connaissances en mécanique. Mais on recherche des aptitudes générales plus que des connaissances spécifiques. De toute façon, il n'existe pas d'industrie comparable à la nôtre dans la région, ni de formation adaptée à ce métier...»

Bilan de la journée job dating pour le DRH : 15 entretiens sur place, 5 candidats potentiels retenus, âgés de 28 à 42 ans, pour deux recrutements au final, au cours des semaines suivantes, à la suite d’une visite d’usine et d’une rencontre sur site. Le premier, un approvisionneur expérimenté, a été embauché en CDI, le second, un opérateur, intégré en intérim.

« On vous identifie comme une entreprise qui recrute, et ça, c’est synonyme de contacts pour l’avenir »

« Cela peut sembler modeste, reconnaît Guillaume Perrin. Mais je persiste à dire que ça vaut le coup, car on gagne en visibilité ». Comprendre : les demandeurs d’emplois ou les salariés qui veulent changer de métier auront désormais en tête qu’Alltub offre des possibilités. « On nous identifie comme une entreprise qui recrute, et ça, c’est bénéfique. C’est synonyme de nouveaux contacts à l’avenir. Et puis les médias s’intéressent à nous et relaient nos besoins dans des articles de presse, etc. On accroît notre communication externe en quelque sorte. »

Guillaume Perrin compte donc bien renouveler l’expérience. Prochain rendez-vous noté dans son agenda : le « Job meeting » du 30 janvier prochain qui aura lieu au parc Expo de Saumur. Un évènement du même type mais encore plus large, puisqu’il devrait réunir 100 entreprises et des organismes de formation. Près de 2000 personnes sont attendues cette fois-ci. Le DRH d’Alltub tentera de trouver une dizaine de régleurs supplémentaires, car depuis, ses besoins ont encore augmenté.

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