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Jacques Nicolet : « Ligier va accélérer son développement au Mans »
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Jacques Nicolet président de Ligier Automotive Jacques Nicolet : « Ligier va accélérer son développement au Mans »

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Dirigeant du groupe Everspeed (80 M€ de CA, 700 salariés), Jacques Nicolet fédère l’ensemble de ses activités liées à la course automobile sous la bannière Ligier Automotive. Sous cette marque mythique des sports mécaniques, l’entrepreneur revoit en profondeur son positionnement, tout en développant son ancrage au Mans où il a récemment acheté 6 hectares de terrains.

Jacques Nicolet rassemble sous la bannière unique de Ligier Automotive les activités de sport automobile du groupe Everspeed. — Photo : Groupe Everspeed

Le Journal des Entreprises : Au début de l’année, vous avez réuni l’ensemble du pôle automotive du groupe Everspeed sous une marque unique, Ligier Automotive. Pourquoi ce changement d’identité ?

Jacques Nicolet : Nous avons basculé de façon progressive d’une activité d’équipe de course automobile, avec Oak Racing au Mans, à une activité de constructeur de véhicules de compétition, avec Onroak Automotive et ses ateliers du Mans et de Magny-Cours. La construction, nous y sommes venus en 2012, avec le développement des Morgan pour la catégorie LMP2 en endurance. L’année suivante, Guy Ligier nous faisait confiance pour la reprise de sa marque, ainsi que de son activité de constructeur.

Aujourd’hui, Ligier Automotive, c’est donc la réunion sous une seule identité de quatre sociétés : Oak Racing, Onroak Automotive, Tork Engineering, Sodemo, ainsi que notre entité aux États-Unis, Ligier Automotive North America. Cet ensemble emploie une centaine de personnes pour 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. Consolider ces activités sous une seule identité nous a demandé beaucoup de temps et d’investissement, mais aujourd’hui le concept est mûr.

Quelles sont les activités de cette nouvelle entité Ligier Automotive au Mans ?

J.N. : Nos activités de constructeur sont désormais basées à Magny-Cours (Nièvre), où nous sommes déjà implantés à travers Onroak Automotive et Sodemo. La raison de ce choix est purement pratique et opérationnelle. À Magny-Cours, nous pouvons accéder très facilement au circuit. Au Mans, compte tenu des activités qui s’y tiennent à l’année, le circuit est moins accessible. C’est plus compliqué pour nous.

Vous quittez donc Le Mans ?

J.N. : Non, nous abandonnons nos activités d’équipe de course. Cette année, 25 Ligier sont engagés par différentes écuries en catégories LMP2 et LMP3 aux 24 Heures du Mans. Compte tenu de notre développement en tant que constructeur, nous ne pouvions donc plus continuer à courir et être ainsi compétiteurs de nos clients.

« L’image du Mans est très importante dans notre domaine, compte tenu du prestige de la course. »

Nous développons désormais au Mans une nouvelle activité, dédiée à la restauration de voitures historiques de compétition. Il s’agit de véhicules correspondant aux débuts de notre implication dans le sport prototype, dans les années 2000. C’est un nouveau marché qui est en train de se développer, avec la création, dans le monde entier, de championnats dédiés à ces véhicules. Ce sera donc l’activité principale de notre site manceau. Des synergies sont également possibles dans le groupe, notamment avec notre filiale italienne HP Composites, pour reproduire des pièces par exemple. Trois véhicules ont déjà été vendus cet hiver. Cette activité a donc vocation à grandir.

Jacques Nicolet aux côtés de Guy Ligier — Photo : Groupe Everspeed

C’est stratégique pour vous de maintenir cet ancrage au Mans ?

J.N. : L’image du Mans est très importante dans notre domaine, compte tenu du prestige de la course. Cette activité de restauration de véhicules de compétition, c’est une offre de produits haut de gamme que nous construisons sur un positionnement élitiste.

Elle se développe en synergie avec notre projet hôtelier au sein du Château des Hunaudières, à Mulsanne. Il s’agit d’une offre d’hébergement de 30 chambres, afin d’offrir aux pilotes, aux équipes et à nos clients un accueil lors des 24 Heures du Mans. Nous disposons aussi d’une salle de séminaire de 200 places. C’est un concept global autour du Mans et de sa course que nous ouvrons à nos clients, mais aussi sur l’extérieur.

L’achat, en 2018, d’un terrain de 60 000 m² à Mulsanne s’inscrit-il dans ce projet ?

J.N. : C’est complémentaire. Nous voulons y développer un ensemble d’activités industrielles autour de Ligier Automotive. Que ce soit de la restauration de prototypes, de la formation ou encore quelque chose autour des matériaux composites. C’est trop tôt pour en parler. Nous employons une vingtaine de personnes au Mans. Nous sommes donc très attachés à y poursuivre notre développement.

Vous avez cofondé et dirigé pendant plusieurs années le groupe Altaréa-Cogedim. Comment passe-t-on de l’immobilier à la course automobile ?

J.N. : La passion ! J’ai toujours été intéressé par le développement. Or, pour développer, il faut de la passion. Pendant une grande partie de ma vie, l’immobilier m’a passionné. Je continue d’ailleurs toujours dans ce domaine, à travers notre nouvelle activité au Château des Hunaudières. Mais ma passion pour le sport automobile a pris le pas sur le reste.

Développer une activité reste mon moteur. Je pense à notre activité composite en Italie, qui est devenue plus importante que notre pôle constructeur. Franchement, je n’avais pas prévu de la faire grandir autant !

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