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Le promoteur Les Constructeurs du Bois entre en Bourse pour financer ses projets
Vosges # Immobilier # Investissement

Le promoteur Les Constructeurs du Bois entre en Bourse pour financer ses projets

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Le promoteur immobilier vosgien Les Constructeurs du Bois est entré en Bourse le 19 octobre. L’objectif est triple : renforcer sa notoriété, faciliter son déploiement commercial dans le Grand Est et financer ses nombreux projets. Parmi eux : des maisons médicales, des résidences seniors adaptées et même un écoquartier de 4 500 m² sur une ancienne friche, en plein cœur d’Épinal.

Les Constructeurs du Bois affichent un chiffre d'affaires de 3,9M€ en 2019 : ils en espèrent le double dès 2021 — Photo : Les Constructeurs du Bois

La progression est fulgurante. En un an, le chiffre d’affaires des Constructeurs du Bois, promoteur immobilier basé à Épinal dans les Vosges, a augmenté de 70 % pour atteindre les 3,9 millions d’euros en 2019 avec un taux de rentabilité nette de plus de 10 %. Le PDG et principal actionnaire François Duchaine espère dépasser les 7,5 millions d’euros de chiffre d'affaires en 2021, puis les 10 millions en 2024.

Créée en 2010, l'entreprise Les Constructeurs du Bois (LCB) se voulait d’abord conseillère auprès des entreprises et des donneurs d’ordres souhaitant utiliser le bois dans leurs constructions. Malgré un virage rapide vers la promotion immobilière, elle n’a jamais délaissé la matière première issue des forêts vosgiennes. « Depuis trois ans maintenant, nous arrivons à imposer nos choix sur ce mode constructif. Le bois reste la véritable image que l’on veut diffuser », rappelle le chef d’entreprise de 51 ans. Désormais, LCB dispose de deux filiales, second œuvre et bureau d’études, installées dans les infrastructures boisées du quartier de la Voivre. Elles comptent une douzaine de salariés.

Premiers pas en Bourse

La croissance solide de LCB a incité son dirigeant à passer à l'étape supérieure : entrer en Bourse. L’introduction, qui s'est déroulée le 19 octobre sur Euronext Access, a intéressé les investisseurs et permis à la PME d'atteindre 6,2 millions d’euros de capitalisation (sans levée de fonds pour l’instant). « Ce qui me plaît, c’est que cet outil nous permet d’atteindre nos objectifs financiers tout en restant maître à bord. Nous ne diluons pas la gouvernance », explique François Duchaine.

Les Constructeurs du Bois comptent 12 salariés dans leurs deux filiales (second œuvre et bureau d'études) — Photo : Les Constructeurs du Bois

Avec ce financement, LCB souhaite renforcer sa position spécifique sur le marché des maisons médicales et surtout des résidences seniors. Sur ce segment, la société possède un portefeuille de cinq projets en développement dans toute la Lorraine, totalisant 164 logements d’ici 2025. « Nous intervenons sur l’humain, défend le dirigeant, natif des Vosges. Nous avons un rôle commercial mais aussi sociétal en regroupant des médecins dans une maison médicale. Avec les résidences seniors, nous répondons clairement à une demande croissante : proposer des surfaces de vie adaptées aux personnes âgées autonomes, pour leur éviter la maison de retraite ».

« L’humain, la nature et le bois sont des marqueurs forts. Tout cela donne du sens à notre projet ».

Écoquartier intergénérationnel

C’est en se penchant sur ce marché porteur (20 millions de Français auront plus de 60 ans en 2030) qu’un projet d’une tout autre ampleur a germé dans la tête de François Duchaine. « Avec ces résidences seniors, on s’est mis à travailler sur le mélange des générations et des activités. Nous avons réfléchi à l’installation de micro-crèches, de résidences étudiantes et de commerces. C’est comme cela qu’on a gentiment glissé vers notre projet phare : l’écoquartier intergénérationnel ».

Cinq projets de résidences seniors sont en cours (comme ici à Capavenir Vosges), totalisant 164 logements d'ici 2025 — Photo : Les Constructeurs du Bois

Le premier est en train de voir le jour à Épinal, dans le cadre du renouvellement urbain du quartier Bitola-Champbeauvert, sur le site des anciennes usines Bragard. Les fondations doivent être posées courant novembre. Plus de 4 500 m² de bâtiments durables sont annoncés sur une friche industrielle de 9 000 m². LCB y réutilisera le bois issu de la réhabilitation des lieux. « Notre intention de départ était de faire du logement, raconte le dirigeant. Ensuite, on s’est tourné vers le tertiaire avec une maison médicale. Comme il restait du foncier et qu’il y avait déjà une maison de retraite au bout du terrain, nous avons opté pour installer une résidence senior juste en face pour mettre à disposition tous les services nécessaires. Nous avons ajouté une boulangerie, une boucherie, une pharmacie. »

Labels et certifications

Le futur écoquartier spinalien veut s’inscrire dans une politique Cœur de ville, afin de redynamiser le centre de cette commune de 32 000 habitants. C’est en ce sens que le promoteur a pris le pari d’être labélisé HS2. Ce label Haute Sécurité Santé vise à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées ou leur accueil dans des logements neufs ou rénovés. Il évalue, entre autres, la qualité du logement, le matériel proposé, la sécurité des locaux ou encore la proximité de certaines actviités. « Plus on axe notre projet sur l’accès aux services en cœur de ville, mieux on sera noté », détaille le PDG.

De plus, ce label se situe dans le sillage de la certification HQE, distinguant les bâtiments à hautes performances environnementales et énergétiques. Certification, là encore, sollicitée par le promoteur. « Cela rajoute une couche environnementale à notre écoquartier et, surtout, cela va nous obliger à avoir une grande rigueur de travail ». Ainsi, l’ancien terrain vague, situé non loin d’une centrale hydroélectrique endormie sur les bords de la Moselle, sera réhabilité dans les moindres détails. « La ville prévoyait également un projet de voie verte près d’une petite île destinée aux jardins partagés. Si on ne le fait pas à cet endroit et à ce moment-là, on ne le fera jamais, insiste François Duchaine. L’humain, la nature et le bois sont des marqueurs forts. Tout cela donne du sens à notre projet ».

Le chantier de l'écoquartier d'Epinal devrait prendre fin dans trois ans — Photo : Les Constructeurs du Bois

Un engagement "vert"

Et dans ce projet, le circuit court a toute sa place. La matière première est lorraine et les partenaires de construction, eux aussi, sont de la région. « Nous avons trois sous-traitants dans le quartier : un électricien, un plombier et un plâtrier. Ils amènent leur devis à pied, sourit le PDG des Constructeurs du Bois. Nous tenons à mettre notre engagement local en avant. »

« Il faut qu’on mette le double turbo. Le but, c’est que l’entreprise entre dans une nouvelle dimension ».

François Duchaine est aussi bien entouré. La Région Grand Est et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) soutiennent la requalification du secteur via le programme Climaxion. Ce dernier aide les entreprises à favoriser la transition énergétique et l’économie circulaire dans leurs projets. L’Ademe a d’ailleurs financé 70 % des études sur la déconstruction des bâtiments de l'ancienne friche industrielle et la réutilisation des matériaux.

Deux autres projets d’écoquartiers

Photo : Les Constructeurs du Bois

Pour Les Constructeurs du Bois, la multiplication des labellisations et des appels à projets connexes à celui de l'écoquartier apporte des contraintes mais aussi des opportunités insoupçonnées. « Nous avons appris par exemple que l’Agence de l’eau pouvait subventionner des solutions pour traiter les eaux pluviales, s’étonne le PDG. Quand on fait du bâtiment à grande échelle, le traitement des eaux fluviales est impossible à amortir, on ne sait pas faire. Mais là, comme les organismes sont incitatifs, nous nous lançons dans la récupération de l’eau de pluie. Nous allons devoir enterrer dix cuves de 10 000 litres, nous n’avons jamais fait ça. Heureusement, il y a des bureaux d’études dans chaque domaine mais c'est un vaste travail pour assembler tout ça. Il y a beaucoup plus de monde aux réunions de chantiers, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle ». En revanche, ces procédés de protection de l’environnement et la qualité des matériaux utilisés entraînent, de facto, une augmentation des prix. C’est donc pour rester compétitif que LCB sait se restreindre. Des panneaux solaires étaient envisagés mais, encore trop onéreux, ils ont été abandonnés.

Alors qu'à Épinal le chantier ne fait que commencer (il doit se terminer dans trois ans), deux autres écoquartiers sont déjà à l’étude dans la région. « Il faut qu’on mette le double turbo, reconnaît François Duchaine. Le but, c’est que l’entreprise entre dans une nouvelle dimension ». Pour cela, des embauches sont annoncées. Les deux dernières recrues sont des stagiaires venus tout droit de l’école spinalienne des technologies et industries du bois. Là encore, un circuit court.

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