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Jean Poulallion (UE 57) : « Nous ne sommes pas aux ordres d'une organisation patronale parisienne »
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Jean Poulallion président de l'UE 57 Jean Poulallion (UE 57) : « Nous ne sommes pas aux ordres d'une organisation patronale parisienne »

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Jean Poulallion, dirigeant de l’entreprise Metzger, fabricant de vérandas et pergolas (80 salariés), vient d’être nommé président de l’Union des Entreprises 57, le nouveau nom du Medef Moselle. Derrière ce changement d’appellation, un profond remaniement de l’organisation patronale.

— Photo : Jonathan Nenich

Le Journal des Entreprises : Le Medef Moselle vient de changer de nom pour s’appeler dorénavant UE 57. Dans quel but ?

Jean Poulallion : Notre organisation patronale existe depuis 80 ans. En 1938, elle s’appelait UPIM (Union Patronale Interprofessionnelle de Moselle) pour devenir le Medef Moselle en 1998. Aujourd’hui, l’organisation a fait le choix de prendre le nom d’Union des Entreprises 57 (UE 57). Le but est de fédérer plus facilement les TPE, les PME, les commerçants, qui voudraient grossir le rang des entreprises qui font partie de notre organisation. Nous sommes 2 500 aujourd’hui et aimerions atteindre les 3 500 adhérents demain, pour prendre une dimension plus large.

Sur 750 000 entreprises affiliées au Medef en France, il n’y a que 40 entreprises du CAC 40. L’image du Medef qui défend le CAC 40 est fausse et la meilleure façon d’exprimer que c’est erroné est d’avoir un nom à nous. Parmi nos 2 500 adhérents, 70 % sont des entreprises de moins de 50 employés. Par ailleurs, porter le nom Medef au niveau local donne à penser aux entreprises que nous serions aux ordres d’une organisation patronale parisienne.

S’appeler UE 57 et nommer à son conseil d’administration une vice-présidente en charge des TPE, PME et de l’entreprenariat, en la personne de Laetitia Burckhart (dirigeante d’Impretex, ndlr), envoie un signal très fort que l’UE 57 leur est destinée. Blaise Taffner (gérant de SARL Submetz, ndlr) est le vice-président en charge du commerce. Les commerçants doivent savoir que l’UE 57 pense à eux et peut les aider.

Ce changement de nom s’accompagne donc d’une réorganisation interne ?

J.P. : L’UE 57 s’appuie sur un conseil d’administration de 27 membres, dont 26 sont chefs d’entreprise ou salariés en activité. C’est une grande nouveauté par rapport à ce qui se faisait avant. Le but est d’avoir des chefs d’entreprise qui parlent à des chefs d’entreprise. Le fait d’avoir des gens en activité a rajeuni le conseil d’administration. Autant avoir des gens qui vivent le futur de leur profession et dont le futur se joue aujourd’hui.

J’ai prévu d’avoir quatre membres invités supplémentaires : Jean Pierre George, président du réseau Réagir, et un représentant de la Chambre de Métiers. Deux autres organisations pourront aussi être conviées : la CCI et la CPME (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises). Le conseil d’administration a été renouvelé, seuls neuf membres étaient déjà présents. Le mode de gouvernance change aussi puisque le mandat reste de trois ans mais renouvelable une seule fois, soit six ans maximum au total. L’idée est de ne pas s’installer dans le pouvoir.

Avec un conseil d’administration rajeuni, n’avez-vous pas peur d’avoir des dirigeants plus concentrés sur le développement de leur entreprise qu'intéressés par les intérêts de l’UE 57 ?

J.P. : La moyenne d’âge est de 38,4 ans et nous avons conscience de ce potentiel problème. C’est pourquoi nous avons constitué un conseil des sages, une instance constitutive de neuf anciens chefs d’entreprise ou présidents de conseil de surveillance qui ont à la fois l’expérience des affaires et de l’Union patronale. Ils sont là pour répondre à des problématiques et travailler sur des sujets de fonds qui nécessitent de la compétence et du temps. Ce sont les gardes-fous et les garants de la connaissance. Ils ont le recul mais aussi le réseau et se doivent d’être réactifs.

Quelle est la nature de vos relations avec le Medef France ?

J.P. : Nous sommes affiliés au Medef national. Nous l’alimentons d’idées qui viennent du terrain et qui peuvent nourrir les réformes auxquelles nous aspirons. La Moselle est par exemple le seul département français frontalier avec trois pays. Pour cette raison, nous sommes très sensibles aux questions de compétitivité. Chez nos voisins, au Luxembourg, les charges sociales sont de 12 %. Chez nous, elles se montent à 45 %.

« Certains Mosellans pensent que pour développer la Moselle il faut être isolé. »

Notre rôle est de réclamer l’allègement des charges sociales, car nous courrons un marathon avec des boulets aux pieds. Le Medef national peut influer sur le gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat.

Et avec les autres organisations patronales de la région ?

J.P. : Je connais les présidents des autres organisations patronales du Grand Est et je les respecte. On aspire à travailler ensemble. Le changement de nom n’est pas un élément d’éloignement. Les clivages artificiels qui font que l’on devrait faire la guerre aux Français des départements d’à côté me fatiguent. Certains Mosellans pensent que pour développer la Moselle il faut être isolé. Or on peut travailler pour la Moselle en coopérant avec les autres acteurs des départements alentours. Il est même criminel de pénaliser le développement des départements à cause de ces aspects. Il faut casser les organisations qui se nourrissent de ces clivages.

J’ai par exemple proposé à la CCI d’inviter toutes les organisations patronales à soutenir avec elle l’A31 bis et j’ai été confronté à un refus. C’est dommage. C’est une occasion ratée de montrer aux politiques que face aux enjeux de société actuels, nous savons être unis. Avec le temps, il y aura d’autres occasions qui seront réussies. L’avantage d’avoir une équipe neuve à l’UE 57 est que l’on est sur une démarche fédératrice, d’énergie positive.

Votre feuille de route est axée sur l’employabilité en Moselle. Comment résoudre les problèmes de recrutement des entreprises ?

J.P. : Le développement de l’emploi en Moselle est le cheval de bataille de cette mandature. On a 3 millions de chômeurs en France et les entreprises n’arrivent pas à embaucher. Les chefs d’entreprise me disent que c’est leur souci majeur. Les regards sur l’apprentissage sont mauvais. Avec Joseph Parrilla, le vice-président du Développement, de l’Emploi et des Compétences, on va essayer de mieux flécher les jeunes, pour qu’ils puissent acquérir des compétences qui répondent à de réels besoins et obtenir des emplois rémunérateurs. Demain une personne sur deux fera un métier qui n’est pas celui d’aujourd’hui. Il faut donc travailler sur la reconversion professionnelle. Nous allons nous décider prochainement de ce qu’il faut mettre en place pour parvenir à tout cela.

Quelles sont vos actions concrètes auprès des entreprises ?

J.P. : Nous accompagnons et aidons les entreprises dans leurs démarches administratives. Nous avons en plus une spécificité : nous sommes reconnus par l’Etat pour gérer les organismes paritaires comme par exemple l’Urssaf. Nous pouvons aussi nommer des juges prud’homaux. Des chefs d’entreprise prennent sur leur temps pour aller démêler des litiges entre l’employeur et l’employé et sont aussi là pour conseiller les entreprises qui auraient raison en équité mais tort en droit. L’UE 57 détient 60% des mandats qui sont confiés dans les organismes paritaires, soit 450 mandats à pourvoir.

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