Garnier-Thiebaut se lance dans la lessive bio
# Biens de consommation # Innovation

Garnier-Thiebaut se lance dans la lessive bio

S'abonner

Société de textile basée à Gérardmer, dans les Vosges, Garnier-Thiebaut vient de lancer une lessive 100% naturelle, sans aucun impact environnemental. Une diversification inattendue pour ce fabricant de linge de maison, fruit d'un partenariat avec l'entreprise Salveco.

Les dirigeants vosgiens Paul de Montclos et Stephan Auberger ont collaboré pour mettre sur le marché une lessive 100% biodégradable et végétale — Photo : Jean-François Michel

« Je ne m'attends pas à bousculer les géants du marché avec cette lessive. » Dans la bouche du PDG de Garnier-Thiebaut, Paul de Montclos, évoquer le lancement d'une lessive semble incongru : que vient faire le fabricant de linge de maison basé à Gérardmer depuis 185 ans dans un marché verrouillé par quelques géants mondiaux ? L'enjeu stratégique du lancement de ce nouveau produit, présenté comme 100 % naturel et biodégradable répond à d'autres problématiques. « Il y a maintenant plus de six ans, nous avons commencé à réfléchir à notre empreinte environnementale et à l'éco-conception », détaille Paul de Montclos.

Un million d'euros investi

Une réflexion ensuite approfondie par les équipes de Garnier-Thiebaut, qui se sont appuyé sur l’Institut français du textile et de l’habillement pour établir une analyse très fine du process. Utilisation de l’eau et des pesticides pour le coton, utilisation des matières premières fossiles à base de pétrole comme le polyester, transport, lavages puis recyclage des produits lorsqu’ils sont en fin de vie, rien n'est laissé au hasard. « Au total, nous avons investi plus d'un million d'euros pour minimiser notre impact environnemental. Des investissements non rentables puisque par exemple, quand vous passez du fioul au gaz, faire enlever la cuve coûte très cher mais ne rapporte rien », décrit le dirigeant. Sans mettre en danger l'entreprise, qui réalise 40 M€ de chiffre d'affaires et emploie 220 personnes, ce travail a poussé Garnier-Thiebaut vers l'obtention de la norme ISO14001 et la note « Excellente » au classement RSE effectué par l’organisme indépendant BIOM.

40 kilos de lessive par an

« Nous avons fait de très gros efforts », insiste Paul de Montclos. « Mais lors de ce travail, nous avons aussi découvert que seuls 25 % de l’impact environnemental repose sur l’amont de la filière, à savoir la production de textile. » L'impact le plus lourd serait donc à mettre au crédit du consommateur. D'après les données rassemblées par la société, ce sont les lessives qui polluent : 231 lessives faites chaque seconde en France, soit 5 lessives par semaine et par foyer.

« Mon idée a été de boucler la boucle, c'est-à-dire d'accompagner les consommateurs afin qu'ils fassent un effort en utilisant une lessive qui n'ait pas d'impact sur l'environnement », détaille le PDG de Garnier-Thiebaut. Pour développer cette lessive, Paul de Montclos n'aura pas besoin de démarcher une entreprise à l'autre bout du monde. C'est à 30 kilomètres de Gérardmer, à Saint-Dié-des-Vosges, que Salveco développe un concept ambitieux : devenir un spécialiste de la chimie verte en formulant des gammes de produits détergents 100 % biodégradables, d’origine naturelle et ne contenant aucun dérivé pétrochimique. « Nous avions dans nos gammes des lessives pour les professionnels, mais c'est la première fois que nous formulons un produit de ce type pour les particuliers », détaille Stephan Auberger, le PDG de l'entreprise qui pèse 5 M€ de chiffre d'affaires pour 35 personnes. « À la base, nous sommes un laboratoire, mais avec des capacités de production industrielle. »

Le parfum typique du linge propre

Pour le dirigeant de Salveco, le challenge proposé par Paul de Montclos permet non seulement de démontrer le savoir-faire de ses équipes, mais aussi d'attirer la lumière sur un marché contrôlé de près par les multinationales industrielles. « Le plus délicat a été de donner un parfum à cette lessive sans rajouter de fixateur chimique », dévoile Stephan Auberger. « L'enjeu était que le parfum reste naturellement sur le linge. » Ce qui peut sembler un détail a pourtant donné du fil à retordre aux équipes de Salveco : « Le consommateur attend une lessive qui sente le propre », résume Paul de Montclos. « Sans ce parfum typique, vous ne pouvez pas aller sur le marché. »

Au final, il aura fallu près d'un an de développement pour arriver à un produit qui coche toutes les cases du cahier des charges fixé par Paul de Montclos. Distribué dans les magasins vendant déjà les produits de Garnier-Thiebaut, cette nouvelle lessive n'a pas vocation à se faire une place dans les rayons de la grande distribution. Vendu 14 € le flacon de 950 ml, le tarif s'adresse à « des consommateurs déjà convaincus par la qualité de nos produits et qui acceptent donc d'y mettre le prix », souligne le PDG de Garnier-Thiebaut.

# Biens de consommation # Innovation