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En investissant dans l'outillage, Numalliance veut accroître la récurrence de son chiffre d’affaires
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En investissant dans l'outillage, Numalliance veut accroître la récurrence de son chiffre d’affaires

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Numalliance, le fabricant de machines-outils pour la mise en forme du fil et du tube, basé dans les Vosges, va investir 6,8 millions d’euros dans une nouvelle unité de production dédiée à l’outillage.

Le fabricant de solutions pour la mise en forme du fil, Numalliance, exporte de 80 à 90% de ses produits au travers de ses neuf filiales — Photo : © Numalliance

La directrice du développement du groupe Numalliance, Marion Étienne, veut aller vite : « Fin 2021 ou début 2022, notre nouvelle entité d’outillage pour l’Europe sera en capacité de produire ». Fabricant de machines-outils pour la mise en forme du fil et du tube basé à Saint-Michel-sur-Meurthe, dans les Vosges, Numalliance réalise aujourd’hui une petite part de ses 75 millions d’euros de chiffre d’affaires dans la fabrication des outils qui serviront aux machines et aux robots installés chez les clients du groupe, qu’ils soient dans l’automobile, l’aéronautique ou encore l’agroalimentaire. Aujourd’hui, ces outils, comme des mandrins, des galets, des couteaux ou encore des poinçons pèsent « moins de 5 % de notre activité, alors que ça permet une vraie récurrence du chiffre d’affaires », explique Marion Étienne. « Nous avons certains clients qui investissent l’équivalent du montant de leur machine en outillage sur quatre ans ».

Dupliquer une unité basée aux États-Unis

Au début de l’année 2020, Numalliance a racheté un concurrent qui opérait aux États-Unis et au Mexique, Addition Manufacturing Technologies : en plus de produire des machines-outils, cette société « était très bien positionnée sur le marché nord-américain de l’outillage », précise Marion Étienne. La nouvelle société créée, AddEaton by Numalliance, a repris la production d’outils. Mais « quand on fabrique aux États-Unis de l’outillage pour l’Europe, on n’est pas très compétitif, au niveau des délais notamment », constate la dirigeante du groupe. « Même si on est bien placé sur le prix de revient de base, il y a les coûts de transports, les douanes, etc. Et puis nous produisons à l’autre bout de la planète de l’outil alors qu’on peut très bien le faire ici, car nous maîtrisons cette technologie ». La décision d’investir est prise : concrètement, Marion Étienne veut « dupliquer l’unité de production basée aux États-Unis de manière à amplifier le marché outillage en Europe ».

À quelques kilomètres du siège social du groupe, à Saverne, en Alsace, Numalliance a repris en 2015 la société EMS : « Ce site a déjà de la main-d’œuvre qualifiée pour ce qui est du façonnage de tube et l’outillage autour du façonnage de tube. Leur savoir-faire concerne la mise au point des outils, mais il n’y a pas d’unité d’usinage à proprement parler. Nous avons quelques machines pour usiner quelques pièces et faire de la mise au point mais pas de réelle production d’outils sur place. Donc ça faisait sens de faire ce projet du côté de Saverne », détaille Marion Étienne.

Plus de 80 % de l’activité à l’export

Reste que la dirigeante est pressée : « Nous venons d’obtenir une très belle commande dans laquelle il y a beaucoup d’outillages. On pourrait les faire faire aux États-Unis, on pourrait les faire avec nos sous-traitants habituels, mais nous préférons les faire en direct pour lancer cette entité outillage ». Les commandes pour les machines ont déjà été passées, le projet a été retenu dans le cadre du fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires. Si tous les voyants passent au vert, le point dur du projet pourrait devenir l’implantation du bâtiment qui abritera cette nouvelle entité « Outillage Europe » : Numalliance arrive en fin de bail sur le bâtiment occupé à Saverne, et partout ailleurs, le groupe est propriétaire de ses bâtiments.

« Actuellement je suis en recherche de bâtiment et de terrain et j’avoue que c’est un peu plus complexe que ce que j’imaginais en Alsace. La mairie et la communauté de communes adhèrent bien au projet, ils m’accompagnent. J’espère qu’on trouvera une solution rapidement, parce que nous avons besoin d’aboutir… » L’enveloppe prévue pour aller au bout de la création de l’unité d’outillage s’élève à 6,8 millions d’euros, étalée sur trois ou quatre ans, dont « une grosse partie pour l’achat d’un terrain et d’un bâtiment », souligne Marion Étienne. À terme, Numalliance, qui compte 400 salariés, devrait créer une trentaine d’emplois avec ce projet.

Si l’industriel vosgien a connu un tassement de l’activité en 2020, comme « l’ensemble du secteur de la machine-outil », précise la dirigeante de Numalliance, la stratégie de récurrence du chiffre d’affaires est bien enclenchée : « Cela passe par des contrats de service, des contrats de maintenance, par cette unité dédiée à l’outillage et, peut-être demain, par de la location de machines », dévoile Marion Étienne, qui constate avec satisfaction que le carnet de commandes s’épaissit en ce début d’année 2021. Le groupe, qui réalise entre 80 et 90 % de son activité à l’export, dont 50 % hors de l’Europe, vend de plus en plus en Asie, un marché qui se relève rapidement de la crise sanitaire. « En Chine, nous avons surtout vendu des machines pour l’aéronautique », détaille Marion Étienne. « Les Chinois ont déjà une vision à long terme : ils freinent moins les investissements et ils réfléchissent déjà au coup d’après ».

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