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Cryoscan s'appuie sur ses instruments de pointe pour conquérir le marché industriel
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Cryoscan s'appuie sur ses instruments de pointe pour conquérir le marché industriel

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Développant des instruments à la pointe de la technologie, Cryoscan va amorcer un virage stratégique pour s'adresser aux industriels.

Un équipement conçu par Cryoscan équipe le tube Daum de l’Institut Jean Lamour à Nancy, un instrument de 70 mètres de long à 30 M€ conçu pour élaborer de nouveaux matériaux sous ultravide — Photo : Institut Jean-Lamour

En attendant son déménagement sur le campus Artem à Nancy, Cryoscan occupe des locaux vacants à la faculté des Sciences. Dans ses ateliers, un manipulateur conçu pour des températures allant de -260°C à +1000°C est en cours d’assemblage. Il servira à positionner des matériaux à l’échelle nanométrique dans une chambre sous ultra-vide en vue de découvrir de nouvelles propriétés. Le vide, l’ultra-vide et la cryogénie constituent le fonds de commerce de cette start-up créée en 2011, après deux ans de maturation au sein de l’Incubateur lorrain (Université de Lorraine). Elle conçoit des instruments capables d’abaisser la température d’échantillons à des niveaux cryogéniques.

Des applications dans l'électronique

Dans ces conditions, de nombreux métaux présentent par exemple des caractéristiques de supraconductivité, très utilisées dans les secteurs de l’énergie, de l’imagerie médicale, des télécommunications, etc. Cryoscan est aussi en mesure de générer du vide, voire de l’ultravide en éliminant les gaz susceptibles de brouiller les observations sur des couches d’atomes.

« Nos équipements trouvent des applications dans les matériaux semi-conducteurs à la base de tous nos équipements électroniques », décrit Sébastien Palay, président de la jeune pousse. Ce diplômé de l’Ecole nationale d’ingénieurs de Metz (Enim) arrivé en 2014 dans la société, a pris l’an dernier la succession de Denis Butterbach, ancien gérant d’Arma Ingénierie à Creutzwald (Moselle) et formateur à l’Enim.

La société dont le savoir-faire est issu des travaux de Bertrand Kierren et Luc Moreau, chercheur et ingénieur de recherche à l’Institut Jean Lamour à Nancy (IJL), équipe les laboratoires de recherche : Ecole polytechnique, INSA de Lyon, institut chinois SINanO, etc. Son magnétomètre outille d’ailleurs le tube Daum, un instrument à 30 millions d'euros, mis en service il y a trois ans à l’IJL pour élaborer de nouveaux matériaux sous ultravide.

Force de frappe commerciale

Début 2018, la société a amorcé un virage stratégique. Sa douzaine d’actionnaires a recruté deux docteurs, afin de démarcher davantage le secteur privé. En effet, « Les circuits de décision dans les laboratoires publics sont assez longs. Il faut compter un à trois ans entre le démarrage d’un projet et la concrétisation d’un investissement », expose le jeune dirigeant.

La start-up entend s’appuyer sur son expérience pour vendre des prestations en conception auprès de PME et groupes, en France dans un premier temps. Elle cible toutes les branches utilisant du vide ou de la cryogénie : l’industrie des semi-conducteurs, l’aéronautique, etc.

À titre d’exemple, Cryoscan devrait réaliser un banc de calibration pour les sondes de température des moteurs Vulcain d’Ariane 5 permettant de gagner en précision et en rapidité. Elle est capable de concevoir des lignes de transfert d’azote liquide sous très haute pression limitant les pertes dues au réchauffement. L’entreprise de 6 personnes vise une douzaine de salariés d’ici cinq ans et un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros.

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