Woodbrass : Le distributeur lève 5 millions d'euros
# Levée de fonds

Woodbrass : Le distributeur lève 5 millions d'euros

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Le distributeur d'instruments de musique Woodbrass lève 5 millions d'euros. L'occasion pour la PME nantaise de renouveler son actionnariat et de se donner les moyens de ses ambitions qui, après le web, passent par des boutiques.
— Photo : Le Journal des Entreprises

L'air de rien, Woodbrass vient de réaliser la troisième plus grosse levée de fonds de l'histoire du web nantais. Avec 5,2 millions d'euros, le distributeur d'instruments de musique se place juste après les très médiatiques tours de table réalisés à l'automne dernier par iAdvize (14 millions) et Lengow (10 millions). Contrairement à ces deux start-up spécialisées dans les services aux e-commerçants, la levée de fonds ne va pas entièrement être utilisée pour assurer le développement de Woodbrass, une PME de 85 salariés dont les deux tiers des effectifs sont installés à Nantes. Une partie de la somme permet en effet de renouveler l'actionnariat.

Deux fonds régionaux remplacent un Parisien
Majoritaire depuis 2009, la société d'investissement parisienne Ciclad sort en effet du capital de Woodbrass. D'autres investisseurs, régionaux cette fois, prennent le contrôle de la PME nantaise. Le FCPI Transmettre & Pérenniser apporte 3 millions d'euros et le capital-investisseur Sodero injecte 2,2 millions. Tout comme Sodero, le fonds Transmettre & Pérenniser est piloté par la Caisse d'Épargne Bretagne Pays de Loire. Les deux fonds prennent 55 % du capital. Le solde revient à quatre managers. Fondateur en 1999 de Woodbrass, le P-dg Christophe Chauvin est le premier actionnaire physique, aux côtés de trois autres cadres de l'entreprise, dont son frère Hubert. « L'esprit, c'est de permettre à l'équipe de management de prendre à terme le contrôle », explique Jean-Philippe Dupont, de Sodero. Le fonds Transmettre & Pérenniser a en effet été créé en 2013 pour aider les cadres à reprendre les entreprises dont ils sont les hommes clés.

25 % de croissance en 2015
En plus du changement d'actionnaires, le tour de table offre à Woodbrass les moyens de ses ambitions. Ayant réalisé 36 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2014, la PME a terminé son exercice 2015 à 45 millions. Elle vise désormais 70 millions dans cinq ans. Cette croissance, Woodbrass compte en partie la tirer de son site marchand, qui génère 80 % du business aujourd'hui. Malgré la féroce concurrence d'Amazon, Woodbrass entend notamment aller chercher de la croissance à l'export où la PME réalise déjà 10 % de son activité. « On veut accélérer en Europe du Sud », fixe ainsi Christophe Chauvin. Cela va passer par des efforts en termes de communication, que cela soit sur le web ou en sponsoring de festivals et d'événements musicaux locaux.

Des magasins vont ouvrir en province
Le business de Woodbrass ne passe pas uniquement par internet. « Environ 35 % du marché français des instruments de musique se déroule sur le web, mais le web arrive à maturité », expose Christophe Chauvin. C'est pour cela que la PME nantaise investit dans des boutiques bien réelles. C'était d'ailleurs son canal de distribution de prédilection lors de la création de l'entreprise. Aujourd'hui, Christophe Chauvin est à la tête de six boutiques, offrant au total 1.500 m² de surfaces commerciales, toutes situées dans le 19e arrondissement à Paris. D'autres vont suivre. Cette année, un septième point de vente, dédié aux pianos et aux claviers, verra le jour, toujours dans le 19e. En 2016 ou en 2017, Woodbrass commencera à se déployer en province, avec le lancement de deux nouveaux concepts de magasins. Un premier « mégastore », de 800 à 1.000 m² sera testé dans une métropole française. Un autre magasin, d'environ 300 m², sera aussi testé dans une ville moyenne. Ces espaces distribueront des instruments de musique, mais pas uniquement. « Nous sommes sur un marché très communautaire. On crée donc des lieux de vente, mais aussi des espaces de rencontre », indique Christophe Chauvin. Les magasins Woodbrass accueilleront ainsi des studios d'enregistrement - pour tester les instruments - ainsi que des écoles de musique. Lancés il y a un an à Paris, ces cours assortis d'une palette de services (le forfait comprend l'achat de l'instrument) ont accueilli 300 stagiaires. En province, les magasins Woodbrass pourraient même accueillir un bar...

Équilibre économique
Si Woodbrass déploie un large panel de services dans ses boutiques, c'est d'abord pour animer et renforcer une communauté de consommateurs passionnés de musique. Mais c'est aussi pour des raisons d'équilibre économique. « Le modèle imposé par le web ne permet pas d'ouvrir un beau magasin dans un bel emplacement. Il nous faut apporter d'autres services. Sinon le magasin n'est pas rentable, parce qu'il nécessite trop d'immobilisations. Un magasin c'est au moins un million d'euros de stock : on propose 70.000 références d'instruments et 120.000 de partitions », explique Christophe Chauvin. Avec la guerre des prix imposée par le web, le marché des instruments de musique ne sonne pas comme la mélodie du bonheur. Certains s'y sont cassés les dents, à l'image de la douzaine de magasins Milonga, liquidés en 2013. Dans un marché français stable - que l'on estime à environ 600 millions d'euros -, Woodbrass grandit aujourd'hui en grignotant des parts de marchés sur ses concurrents. Et, pour entreprise nantaise, cette croissance est profitable. « On réalise 2,5 % de résultat net », indique ainsi Christophe Chauvin.

Woodbrass (Saint-Herblain)
P-dg : Christophe Chauvin
85 salariés
45 M€ de CA en 2015
02 40 38 50 50
www.woodbrass.com

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