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Plus de 800 dirigeants et chercheurs réunis pour les Journées Bleues
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Plus de 800 dirigeants et chercheurs réunis pour les Journées Bleues

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Réfléchir à l’économie de demain, c'était l’objectif, ce mardi 25 septembre, de la première des deux "Journées bleues" organisées aux Sables d'Olonne. L’association vendéenne Ruptur, qui réunit 100 chefs d’entreprise, collectivités et étudiants, a relevé le défi : mobiliser pour imaginer un système vertueux, basé sur la valorisation des déchets et le renouvellement des ressources naturelles. Les premiers chantiers vendéens ont été lancés et l’association planche déjà sur les suivants.

Photo : Jéromine Doux

Face à l’océan Atlantique, à deux pas de la grande plage des Sables d’Olonne, 830 personnes ont fait le déplacement pour les premières "Journées bleues" locales. Avec un objectif : imaginer l’économie de demain en créant des systèmes plus vertueux, qui valorisent les déchets et renouvellent les ressources naturelles. Un pari plus que gagné pour l’association vendéenne Ruptur, à l’initiative de l’événement.

Créée depuis le 14 février, la structure réunit déjà 100 chefs d’entreprise, collectivités, chercheurs et étudiants de Vendée et de Loire-Atlantique. Son président, Charles Barreau, responsable de la société DSO développement, et quelques membres fondateurs de l’association ont pensé à ces journées « sur un coin de table », sans jamais imaginer l’engouement qu’elles susciteraient.

Charles Barreau, est le président de l'association vendéenne Ruptur, qui agit en faveur de l'économie bleue. — Photo : Jéromine Doux

Ce mardi 25 septembre, le président est le premier à monter sur la scène de la salle de conférences. « On n’a plus le temps d’attendre », lance-t-il, comme un cri d’alarme, avant de craquer devant la photo de son fils qui tapisse l’écran situé derrière lui. Le chef d’entreprise le concède : ce qui l’a poussé à créer Ruptur, ce sont ses enfants. « J’ai un petit garçon de deux ans, Leopold, et une fille de 18 ans. Qu’est-ce que je vais leur laisser ?, se questionne-t-il. En tant que chef d’entreprise, on sait qu’on peut leur léguer un patrimoine. Mais aujourd’hui, ce n’est pas la priorité. »

Recréer un système économique

Devant la salle quasi-pleine, cinq experts prennent le relais pour lancer des pistes de réflexion. Penser l’entreprise comme une forêt et imaginer un monde sans déchet en s’inspirant de la nature, se servir des nouvelles technologies pour développer des solutions durables… Pour Maxime De Rostolan, expert en agroécologie, il faudrait même renoncer au système économique tel qu’on le connaît « puisqu’il ne fonctionne pas ». Il explique : « L’eau polluée par l’agriculture chimique, par exemple, coûterait 60 milliards d’euros à la France pour être dépolluée. Il faudrait donc, au moins, doubler le prix des produits agricoles. À côté, un légume bio 20 ou 30 % plus cher, ce n’est pas grand chose ». Selon lui, pour inciter les agriculteurs à respecter leurs sols, des analyses énergétiques comme celles qui sont effectuées dans les maisons ou les appartements, pourraient être envisagées. « Un agriculteur ne va pas saccager son sol s’il sait que son foncier peut être divisé par cinq. »

Un panneau photovoltaïque sur une voiture électrique

Ces concepts, Ruptur se les ait appropriés pour lancer ses propres chantiers. Un bâtiment zéro déchet « type HLM » avec un système de recyclage de matériaux issus de l'immeuble est en projet à La Roche-sur-Yon, une filière de collecte et de traitement des plastiques souillés est envisagée, tout comme un chantier d’agriculture urbaine sur des parcelles non exploitées.

De son côté, Paul-Henri Dubreuil, membre fondateur de l’association et président du groupe Dubreuil, a installé un panneau photovoltaïque sur le toit de sa voiture électrique. « C’est une expérimentation, confie-t-il. Ça devrait nous permettre de brancher moins souvent le véhicule. »

Paul-Henri Dubreuil, président du groupe Dubreuil, a installé un panneau photovoltaïque sur sa voiture électrique. — Photo : Jéromine Doux

L’association a également réfléchi à une alternative au Wifi et va commencer à développer le Lifi à La Roche-sur-Yon. Une solution non-irradiante qui utilise une matière déjà existante : la lumière. « Dans le numérique, il faut lancer une offre éco-responsable sans attendre pour avoir une longueur d’avance sur le marché. Sinon, on va vite se retrouver en position de suiveur », témoigne Philippe Leber, directeur commercial de l’entreprise Tibco, qui entretient les systèmes numériques des entreprises, à Saint-Aignan de Grand Lieu. Car stratégiquement aussi, l’économie "bleue" a du bon. C’est d’ailleurs sur ce point qu’insiste Gunter Pauli, le chef d'entreprise belge à l'origine du concept.

Selon lui, créer une économie durable veut aussi et surtout dire créer une économie rentable. « Au Zimbabwe, les femmes ont découvert qu’avec les déchets du café, elle pouvait faire pousser des champignons. Au bout de deux semaines, elles ont fait leur première récolte et ont trouvé une solution pour combattre la famine, raconte le conférencier. Elles n’ont pas eu le temps de faire de business plan ou de calculs interminables », ironise-t-il.

Les chefs d’entreprises locaux tentent de suivre ce conseil et se penchent déjà sur les futurs chantiers. Au programme : récupération des plastiques, développement des sites de production de micro-algues ou encore valorisation du marc de café et des produits périphériques.

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