Le Journal des Entreprises : Quelle vision avez-vous de la conjoncture économique dans l'Ouest ?
Philippe Vailhen : J'ai le sentiment que les acteurs économiques vont bien dans l'Ouest. Le territoire a une richesse, une densité et une variété d'entreprises exceptionnelle. Ces entreprises sont à la fois attachées à leur territoire et aptes à rayonner au-delà. Le problème aujourd'hui pour les entreprises, c'est de recruter. Le point de vigilance, dans un contexte macroéconomique qui pourrait devenir compliqué, c'est la valorisation très élevée des entreprises. Cela génère des dettes d'acquisition importantes qui ne permettraient pas de passer sans dommage des périodes de ralentissement économique. Nous vivons dans un monde de rupture, violent, où la rapidité à se remettre en cause est essentielle.
Le Journal des Entreprises : EY affiche une hausse de 8% de son chiffre d'affaires à fin juin 2018, c'est une bonne nouvelle ?
Philippe Vailhen : Nous avons réalisé dans l'Ouest un CA de 33 M€, en croissance de 8% par rapport à l'exercice 2017. Cette croissance est portée par nos quatre métiers : l'audit, le conseil, la fiscalité et le droit, les transactions. Toutefois, si je me réjouis de ces résultats, je considère qu'il est dangereux aujourd'hui de penser que l'on est bien portant uniquement, parce que l'on fait de la croissance. L'essentiel n'est pas de se demander combien on a fait, mais comment et pourquoi, de s'interroger sur le sens de notre travail. Nos bureaux de Nantes et Rennes comptent ainsi 240 collaborateurs, un effectif en progression de 9% par rapport à l'année dernière, soit une progression plus forte que celle du CA. Quand on est de plus en plus nombreux, exerçant des métiers différents et dispersés chez les clients, il y a un risque de perte de sens. C'est pourquoi, nous avons initié différentes démarches pour donner du sens au travail de nos collaborateurs : promotion du télétravail, de l'égalité hommes/femmes, de la diversité... Nous faisons également en sorte d'être engagés dans la cité et dans l'écosystème local pour contribuer à le faire grandir. Nous soutenons ainsi des associations comme Femmes de Bretagne qui agit en faveur de l'entrepreneuriat féminin, l'incubateur IMT-Audencia-l'Ecole Centrale par le mécénat de compétences, les entrepreneurs en rebond au travers de 60 000 Rebonds...
