Saint-Nazaire
« Le Carnet est le seul site ligérien qui peut accueillir la filière éolien flottant »
Interview Saint-Nazaire # Production et distribution d'énergie

Matthieu Blandin dirigeant d'Akrocéan et responsable éolien offsore de Valorem « Le Carnet est le seul site ligérien qui peut accueillir la filière éolien flottant »

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Matthieu Blandin est le dirigeant d’Akrocéan, PME nazairienne créée avec Geps techno et Valemo (filiale de Valorem) qui opère sur le marché des parc éoliens marins. Il est aussi responsable du développement de l’éolien offshore et des énergies marines renouvelables au sein de l’ETI bordelaise Valorem. Il plaide pour que le site du Carnet, situé près de Frossay (Loire-Atlantique) et qui a vocation à devenir un parc éco-technologique, soit une terre d’accueil pour la filière émergente de l’éolien flottant. Le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire, qui porte le projet, n’a pas encore désigné les entreprises qui s’y implanteront.

— Photo : Amandine Dubiez - Le Journal des Entreprises

Vous êtes responsable du pôle éolien offshore et énergies marines renouvelables pour Valorem mais également dirigeant d’Akrocéan. Vous avez besoin d’un site pour développer les activités de la filière ?

Matthieu Blandin : L’éolien flottant est en train de se développer. En 2021, on aura le résultat de l’appel d’offres lancé pour le projet d’un parc éolien offshore flottant au large du Morbihan (une vingtaine d’éoliennes pour 250 mégawatts) qui sera suivi d’un second appel d’offres, pour 500 mégawatts, à l’horizon 2024. C’est le premier projet d’éolien flottant commercial dans le monde. Et avec lui, c’est toute une nouvelle filière qui est en train de se développer. Le sujet est mentionné dans le rapport publié en juillet par le Conseil économique, social et environnemental régional sur la relance économique en Pays de la Loire et dans sa dernière étude portant sur la stratégie pour l’avenir du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire. Ils pointent la nécessité d’accélérer le développement des énergies renouvelables et notamment de l’éolien en mer. Aujourd’hui, les Pays de la Loire restent encore la première région en termes d’emplois dans l’éolien en France (1 100 emplois selon l’observatoire des Énergies de la Mer) mais en 2028, la Normandie nous dépassera selon une étude d’EY. Cette filière industrielle, faut-il s’en saisir ou tergiverser ? Il est important que l’on se dote d’infrastructures industrielles et notamment portuaires. Aujourd’hui, il n’y a pas de place sur le port de Saint-Nazaire.

Le site du Carnet, qui a vocation à devenir un parc éco-technologique près de Saint-Nazaire, pourrait-il répondre aux besoins de la filière ?

Aujourd’hui, nous regardons quelles sont les surfaces disponibles avec un bord à quai de 400 à 500 mètres. Il n’y a que le Carnet. C’est le seul site qui peut accueillir la filière de l’éolien flottant. Sur 400 hectares, la surface aménageable est de 110 hectares. Les entreprises du cluster Éolien Offshore & Energies marines renouvelables de Neopolia ont estimé les besoins à 40 à 60 hectares pour construire les flotteurs des éoliennes et les assembler. Il y a toute une filière industrielle à développer. Cela intéresserait sûrement de grands donneurs d’ordres concepteurs de flotteurs comme Naval Energies (Naval Group), Eolink, Saipem, Ceteal, SBM Offshore, Ideol…. Si on ne le fait pas en Loire-Atlantique, ce sera fait ailleurs en France ou à l’étranger. On peut imaginer que le site du Carnet accueille aussi une nouvelle activité de recyclage des pales d’éoliennes. Dans quelques années, les éoliennes terrestres auront besoin d’être reconditionnées. Le site du Carnet pourrait accueillir cette activité vertueuse.

Le site est aujourd’hui occupé par une Zad. Qu’est-ce que vous diriez aux opposants du projet ?

Je pense qu’il faudrait mettre en place des outils de dialogue comme un comité de pilotage qui assure la concertation préalable à la présentation des projets à venir, par exemple pour définir les exigences environnementales d’aménagement et d’exploitation du site. Mais il n’y a pas de craintes à avoir, les acteurs de la transition énergétique sont particulièrement soucieux d’avoir des activités exemplaires en matière sociale et environnementale. Il y aura aussi un sujet à aborder sur la desserte en transport collectif de la zone pour limiter les déplacements individuels et produire de l’emploi proche des habitations.

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