Les forces vives de la filière vélique française s’organisent ! L’association nationale Wind Ship, qui regroupe une trentaine d’adhérents (armateurs, équipementiers, chantiers) du transport à la voile, a été créée en 2019 à Nantes, de par le foisonnement d’acteurs sur le territoire. Dans ce secteur, de nombreuses innovations arrivent aujourd’hui à maturité, en témoigne la récente construction du cargo à voile de l’armateur nantais Neoline. Mais les défis restent de taille afin de ne pas rater la marche d’une industrialisation rapide et locale. Pour ce faire, l’association collabore dorénavant avec l’Institut de recherche local dédié à la compétitivité industrielle, l’IRT Jules Verne, avec une étude de faisabilité qui durera six mois. "La France représente 25 à 35 % des forces mondiales de cette filière émergente", témoigne Stéphane Cassereau, directeur général de l’Institut. "L’objectif de l’étude est donc de définir d’ici mi-2023 un programme d’accompagnement, notamment via le plan France 2030, pour soutenir le développement de ces nouvelles technologies véliques".
Soutenir les premiers de série
Le transport maritime représente actuellement 3 % des gaz à effet de serre (GES) mondiaux. "Le secteur est en croissance d’environ 3 % par an", ajoute Lise Detrimont, déléguée générale de Wind Ship. "La flotte mondiale a doublé sur les quinze dernières années, et sa décarbonation est donc incontournable". D’ici 2030, l’association prévoit 3 000 emplois liés au transport à la voile, et 15 000 emplois indirects, en France. Mais aujourd’hui, l’industrialisation de ces voiles innovantes (rigides, gonflable, sous forme de kit etc.) coûte cher, à l’instar du prix élevé des premières éoliennes il y a quelques années. "Le coût des premières productions industrielles est toujours plus élevé. Lorsque les voiles et gréements seront produits de manière industrielle, ce biais de marché n’existera plus, mais il faut franchir rapidement cette étape si nous ne voulons pas perdre en souveraineté dans ce domaine", expose Lise Detrimont. L’association plaide pour un soutien de l’État, afin de lisser les surcoûts des premiers de série.
La concurrence à l’horizon
Si la France possède aujourd’hui une longueur d’avance, d’autres pays d’Europe du Nord et d’Asie commencent à voir leur filière se structurer. "Il n’y a pas une année à perdre si nous ne voulons pas voir la concurrence prendre les devants et garder une souveraineté industrielle", ajoute Lise Detrimont. Afin de ne pas perdre de temps, le programme qui naîtra suite à l’étude de faisabilité aura pour but de servir de guichet unique pour les acteurs sur les possibles accompagnements, et sur les aides et montages financiers envisageables. "Le marché est très large, et chaque nouveau projet crédibilise la filière", analyse Jean Zanuttini, président de Neoline. "Comme de nombreux projets de transition écologique, les navires à voile sont plus chers à l’achat, mais moins cher dans la durée avec les économies offertes". L’armateur nantais, qui aura mis 12 ans avant de financer la construction de son premier cargo vélique, espère ainsi passer plus vite la barre des prochaines constructions.
