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Ils créent Uprigs, le site des emplois sans diplômes
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Ils créent Uprigs, le site des emplois sans diplômes

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Deux nantais ont lancé un site des offres d’emploi qui ne demandent pas de diplômes. Son nom : Uprigs. En France, plus d'un chômeur sur deux n'a pas de diplôme.

A droite Anais Rolland et Pascal Fourtoy, accompagnés de leur équipe. — Photo : JDE

Il cherchait un job pour lui. Il a fini par en trouver pour des milliers de personnes. Pascal Fourtoy a créé il y a dix mois, Uprigs, le site d’emploi des travailleurs non qualifiés. Une plateforme qui propose des emplois en CDI ou CDD ou intérim d’agent de nettoyage, de technicien de surface ou tout autre job qui ne nécessite pas de qualification particulière. Pour postuler, les candidats n’ont pas à envoyer de CV, ni de lettre de motivation, ni même de photo ou leur nom. « Tous ont de toute façon la niaque puisqu’ils ont avant tout besoin de travailler pour manger », explique le dirigeant.

Un chômeur sur deux sans diplôme

Pascal Fourtoy sait de quoi il parle, lui même a été pendant dix ans, un travailleur non qualifié. Serveur, agent de sécurité, veilleur de nuit, réceptionniste, télé-opérateur, technicien de surface, le désormais P-dg est passé par tous les postes accessibles à ceux qui n’ont pas de diplômes. « J’étais organisé, autonome, je savais me vendre et pourtant j’ai galéré alors que je suis ni vieux, ni noir ni arabe», se rappelle-t-il. En France, plus d’un chômeur sur deux est sans diplôme et galère toujours. Actuellement plus de 3 millions de personnes, sans diplômes, cherchent à travailler. Comment en est-on arrivé à cette situation alors que, de l’autre côté, les entreprises disent toutes avoir du mal à recruter , s’interroge Pascal Fourtoy. « La plupart des agences d’intérim se rémunèrent au pourcentage du salaire de l’offre donc pour elles les postes non qualifiés ne sont pas intéressants », finit-il par se rendre compte. Et Pôle Emploi ? « Trop de barrières, comme il y a un gros turnover sur ces postes, il rajoute des critères sur l’annonce comme des diplômes obligatoires ! Alors que ça n’empêche même pas le turn over. Résultat 80% des emplois ne trouvent pas de profil », constate Pascal Fourtoy.

300.000 euros levés d’ici avril

Il décide donc de créer lui-même le lien qui manque entre les entreprises et les candidats. Il y a un an, il s’attelle à construire une plateforme web, grâce à sa petite expérience de développeur informatique, et l’aide de son associée, Anaïs Rolland, elle-aussi codeuse. Le site, lancé depuis quelques mois sans aucune publicité, compte 2.000 inscrits et 64 entreprises. Les deux associés devraient lever 300.000 euros d’ici avril auprès de business angels de la région. « Cela nous permettra de recruter un business developper pour aller chercher plus d’offres et un community manager pour communiquer au mieux sur les jobs », précise Pascal Fourtoy. Il espère que Uprigs sera rentable en 2019. Son business model est basé sur les abonnements des entreprises. Si son besoin en recrutement est constant ou très récurrent, un forfait peut être négocié pour simplifier les accès à la plateforme. L’autre manière qu’à trouver Uprigs pour se rémunérer, c’est de vendre à des cabinets d’études des données sur le profil des travailleurs non qualifiés.

Les candidats indiquent leur préférence

Pour le moment, Pascal Fourtoy observe trois types de profil chez les candidats : « les 18-25 ans lassés des canaux classiques, des cadres trentenaires entre deux emplois, trop qualifiés pour trouver des petits boulots, et des plus de 45 ans ». À part ça, il ne sait pas à quoi ils ressemblent puisqu’aucun n’a envoyé le moindre CV ni lettre de motivation. « Quand ils s’inscrivent, on leur demande s’ils préfèrent travailler dehors ou en intérieur, en équipe ou seul, au contact des clients ou non, et on leur propose des offres en fonction », explique le dirigeant. Des questions faites pour éviter le turn over, toujours très élevé sur ces postes. « Un candidat peut trouver les travaux en extérieur pénibles et préférer travailler en bureau pendant qu’un autre ne supporte pas de rester coller sur son siège. La pénibilité d’un travail, ça dépend du ressenti des personnes », analyse Pascal Fourtoy. Lui dit être capable de présenter 10 candidats en 48h en moyenne à une offre.

Si l’anonymat des candidatures peut dérouter, il surprend la plupart du temps les recruteurs dans le bon sens. « Un responsable RH a fini par embaucher en CDI deux personnes, alors qu’il m’a avoué qu’il ne les aurait même jamais appelé s’il avait vu leur CV et leur photo. Il avait eu 22 réponses sur notre site, mais aucune réponse de la part des cinq agences d’intérim qu’il avait mandaté », raconte Pascal Fourtoy.

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