Chabas & Besson : Des vérins géants pour la centrale de Tchernobyl
# Industrie

Chabas & Besson : Des vérins géants pour la centrale de Tchernobyl

S'abonner
MÉTALLURGIE Chabas & Besson a livré une centaine de vérins à Tchernobyl. Ses cylindres et pistons serviront à déployer une arche de confinement de 100 m de haut autour d'un réacteur nucléaire. Grâce à ce genre de pièces hors-normes, la PME rebondit et vise l'export.
— Photo : Le Journal des Entreprises

« Après l'accident survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986, des hommes se sont sacrifiés en allant couler l'équivalent d'un immeuble de béton autour du réacteur endommagé, ce qu'on a appelé le sarcophage. Durant l'été 2017, une grande arche métallique viendra recouvrir ce dernier pour le protéger des agressions climatiques et permettre de déconstruire le réacteur à terme ». C'est ainsi que Marc Bédère, patron du fabricant de vérins hydrauliques Chabas & Besson, décrit la genèse du chantier pharaonique auquel il participe. Un chantier du consortium Novarka, regroupant Vinci Construction et Bouygues Travaux Publics. « Imaginez que cette arche de 108 mètres de haut pèsera jusqu'à 23.000 tonnes, soit le poids de trois tours Eiffel ! », détaille Marc Bédère.




Déplacer des murs de 320 tonnes

Depuis le Poiré-sur-Vie, la PME de 70 salariés a livré une centaine de vérins hydrauliques et électriques, partirs fin juillet vers l'Ukraine. Les seconds fournis par son partenaire IVEA, les premiers réalisés dans l'entreprise. Dont une série de culasses et de pistons géants, pouvant atteindre 10 mètres de longs, pour un poids total de 8,5 tonnes ! Des pièces capables de générer elles-mêmes leur propre pression hydraulique. Lors de l'installation, l'arche viendra se glisser autour du réacteur. Une ouverture a donc été conçue dans celle-ci. Des panneaux métalliques rétractables de 3,5 mètres d'épaisseur et de 320 tonnes viendront alors se refermer, grâce à ses vérins.




Contrat supérieur à 1M?

La PME signe ici la plus grosse commande de son histoire : « plus d'un million d'euros » indique Marc Bédère sans préciser la somme exacte.





Pour le dirigeant, ce marché symbolise surtout l'aboutissement d'un virage stratégique, opéré lors de sa reprise de l'entreprise en janvier 2011. À l'époque, Chabas & Besson se remet peu à peu de la crise. Marc Bédère décide alors de se concentrer vers de plus petites séries, voire quasiment des pièces unitaires. Plus précisément : du sur-mesure, plus technique et parfois avec des pièces de très grande dimension, pour augmenter la valeur ajoutée de ses produits. « En France, nous ne sommes que quatre ou cinq sociétés à pouvoir faire ce genre de pièces hors normes », assure le dirigeant. Montée jusqu'à 17.000 unités par an, la production tombe peu à peu à 5.000 vérins mais l'essai est transformé.




Virage stratégique

Depuis deux ans, l'entreprise a dépassé son niveau d'avant-crise. De 6,2 millions d'euros de chiffre d'affaires consolidés en 2010, elle devrait atteindre les 8 millions en 2015. Huit emplois ont été créés. « Sans cette stratégie, on serait sûrement resté à un niveau inférieur à 2008. Car notre monde industriel a changé en profondeur, assure le patron de la PME. En restant sur des productions en série, on aurait été sur des marchés plus bagarrés où il fallait faire du prix, pratiquer des baisses de 10 à 15 % par an... Il aurait fallu réduire la voilure, restructurer, pour faire baisser le point de mort, dans une stratégie de survie... Car, sur ce créneau, ceux qui tiennent sont soit les grands acteurs qui font du volume ou des petites PME de 20 personnes qui n'ont pas de bureau d'étude, ni de services administratifs, voire ceux qui délocalisent... » Pour s'adapter au changement de dimension, Marc Bédère a dû réorganiser son atelier. Ancien responsable de production chez SKF et directeur d'usine chez Faurecia, il travaille sur le management visuel, le lean management, les flux tirés... Résultat, entre l'arrivée de la matière première et la fin de l'usinage, une pièce reste désormais quatre jours dans l'atelier contre plus de 11 jours auparavant.




Du nucléaire au phare de voiture

Ses débouchés ? Une myriade de marchés de niches aujourd'hui : énergie, offshore, navale, sidérurgie, TP, pharmacie... Ses applications vont des phares ouvrants des voitures de collection, avec des vérins de la taille d'un crayon à ceux destinés aux portes d'écluses... Certains servent même à catapulter des wagons ferroviaires les uns contre les autres pour simuler des accidents. Chabas & Besson travaille pour des noms connus comme Imeca (équipements de levage de pipelines et risers), Michelin, EDF ou Arcelor Mittal. Outre l'unité du Poiré-sur-Vie, elle détient un site de réparation de vérins hydrauliques à La Rochelle (Merle), employant 20 de ses 70 salariés.




Passer les 50 % à l'export

Profitable, Chabas & Besson vise aujourd'hui l'international. De 5 % de l'activité en 2014, la part export devrait bondir à 25 % cette année.

L'objectif ? Réaliser 50 % de ses ventes à l'étranger dès les prochaines années. Et pourquoi pas jusqu'à 90 % à terme.





F.G.

Chabas & Besson



(Le Poiré-sur-Vie) Président : Marc Bédère 70 salariés 7,7 millions d'euros de CA 02 51 34 10 33 www.chabas-besson.com

# Industrie