Rennes : Mensia veut lancer son Newrofeed sur le marché en 2017
# Services

Rennes : Mensia veut lancer son Newrofeed sur le marché en 2017

S'abonner
Mensia Technologies a inventé un dispositif médical à visée de soin du déficit attentionnel chez l'enfant. Il attend son marquage CE et sa mise sur le marché pour 2017. Les perspectives sont internationales et le business de plusieurs dizaines de millions d'euros.
— Photo : Le Journal des Entreprises

De 200.000 euros de chiffre d'affaires cette année, Mensia pourrait bientôt atteindre plusieurs dizaines de millions d'euros ! C'est en tout cas l'objectif et les perspectives que se fixe l'équipe dirigeante de cette start-up originale. Son produit ? Un dispositif médical à visée de soin pour un trouble pédopsychiatrique chez l'enfant. « Il s'agit de traiter les troubles du déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité », détaille l'un des cofondateurs de Mensia, Jean-Yves Quentel (avec Yann Renard et Anatole Lecuyer). Les inventeurs ont utilisé la technologie du traitement du signal en temps réel. « À l'origine, nous réalisions des recherches au sein de l'Inria autour d'une application de pilotage des objets par la pensée », rappelle Jean-Yves Quentel. Presque de la science-fiction ! Mais les débouchés sont peu évidents... Mensia axe donc son développement sur le réentraînement cérébral chez l'enfant, restant basé à Rennes (où est réalisé le développement). Une moitié des 21 salariés de l'entreprise travaille par ailleurs à Paris, pour la partie recherche et business, au sein de l'institut du cerveau et de la moelle épinière (à la Pitié Salpêtrière).

Neurofeedback
Le dispositif, appelé Newrofeed (car basé sur la technologie du neuro feedback) est composé ainsi d'un casque, d'une tablette, d'un logiciel et d'un amplificateur d'électroencéphalographie. « Il mesure l'activité électrique du cerveau en surface avec des électrodes, et l'amplificateur amplifie le signal. Le logiciel fait le tri des activités électriques que l'on veut ré-entraîner. C'est présenté à l'enfant sous la forme d'un jeu : plus il le fait, plus c'est efficace. En trois mois ou une quarantaine de séances, le déficit est oublié ». Pour l'instant, le dispositif n'est pas encore sur le marché. « Nous attendons l'obtention du marquage CE, qui analyse la sécurité et la qualité, espère Jean-Yves Quentel. Nous prévoyons de vendre le Newrofeed à partir de 2017 ». En attendant, et pour vivre, Mensia vend un logiciel sous-jacent qui décrypte l'activité cérébrale en temps réel. « Il permet par exemple de mesurer l'efficacité de certaines molécules sur des patients, ou encore de faire de la neuro-économie : c'est-à-dire comment on décide de prendre une décision d'achat par exemple ! », détaille le DG.

Une levée de fonds de 2 M€
En parallèle, Mensia a levé des fonds pour assurer son développement (400.000 euros en 2013), et prévoit une seconde opération pour 2017, cherchant autour de 2 millions d'euros pour commercialiser son dispositif. « Nous prévoyons d'être rentables dans trois ans, car notre modèle requiert des infrastructures marketing dans différents pays et un travail de logistique », explique Jean-Yves Quentel. Car le marché est avant tout international, puisque la France « est en retard sur la prise en charge de cette pathologie : 50.000 enfants y prennent un médicament censé la traiter, contre 4 millions aux États-Unis », constate Jean-Yves Quentel.

Soutenu par Horizon 2020
Pour cela, Mensia veut convaincre les psychiatres de prescrire Newrofeed, qui serait alors utilisé sous le contrôle du médecin. « Après usage, le dispositif pourrait nous être retourné, et Mensia le reconfigurerait afin de le mettre de nouveau sur le marché », explique Jean-Yves Quentel, qui aimerait aussi que Newrofeed soit pris en charge par la Sécurité sociale. « Mais cela peut prendre plusieurs années, même si notre promesse est de guérir l'enfant, qui ne prendra alors plus de médicaments »... La jeune société y croit. Elle est la seule entreprise bretonne soutenue par « L'instrument PME » dans le cadre d'Horizon 2020. L'Europe lui a en effet accordé une subvention de 3,6 millions d'euros l'été dernier pour ses essais cliniques. Ils doivent démarrer en septembre 2016, dans trois centres en France et cinq en Europe.

>Mensia Technologies (Rennes). DG : Jean-Yves Quentel ; 21 salariés ; CA 2015 : 200.000€ ; www.mensiatech.com

# Services