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Rennes, future championne du tourisme d’affaires ?
Rennes # Tourisme # Attractivité

Rennes, future championne du tourisme d’affaires ?

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Des évènements d’affaires au cœur de la ville, en plus de propositions culturelles. Le couvent des Jacobins, qui vient d’être inauguré lundi 8 janvier, est porteur de beaucoup d’espoir pour faire de Rennes une vraie destination touristique. Et pas seulement des congressistes !

— Photo : Christophe Simonato

Sa construction, en 1369, avait marqué le début d'un rôle spirituel, intellectuel et politique important dans l’histoire de Rennes et de la Bretagne. Pour sa renaissance en tant que centre des congrès, le couvent des Jacobins va maintenant influer le monde des affaires, tout en s’ouvrant au milieu culturel (de nombreux rendez-vous du spectacle vivant sont attendus, en plus de conférences et salons divers). Après dix-huit mois de fouilles archéologiques et quatre ans de chantier, l’ancien édifice religieux, situé en lisière de la place Sainte-Anne, dans l’hyper-centre de la ville, offre désormais un tout autre visage : celui d’un centre des congrès ultramoderne, entièrement rénové, et doté de toute une série de prestations de services pour les organisateurs. Le couvent des Jacobins a été réhabilité sur une superficie totale de 15 000 mètres carrés, développé à 80 % en sous-sol. Trois grandes salles pour les activités plénières composent le lieu, dont un grand auditorium de 1 000 places. A cela, s’ajoutent 4 000 mètres carrés d’espaces d’exposition et de restauration modulables, et 21 salles de commission, pour différents formats d’événements.

Des événements programmés jusqu’en 2023

Le couvent des Jacobins est ainsi en capacité d’accueillir les plus grandes rencontres professionnelles. Comme l’éco-congrès de la CFDT, en juin 2018, qui accueillera 3 200 congressistes sur cinq jours. Le carnet de bal se remplit vite. Au moment où nous mettons sous presse, 142 événements sont inscrits au portefeuille 2018. 51 en 2019. 17 en 2020 etc. « Nous avons des événements jusqu’en 2023 », se félicite Jean-François Kerroc’h, directeur général de Destination Rennes, gestionnaire du lieu, qui voit dans le couvent des Jacobins « une proposition majeure de la destination Rennes ». « Notre offre est dans le cœur du marché et répond bien aux attentes de la clientèle », complète Jean-François Kerroc’h, qui met en avant d’autres atouts : l’hypercentralité du lieu, son caractère historique et la grande fluidité des moyens de transports : la LGV qui met Rennes à 1h25 de Paris, l’arrivée d’une seconde ligne de métro en 2020, et le futur pôle d’échanges multimodal de la gare, sont autant de solutions pour faciliter aujourd’hui et demain la vie des congressistes.

Devenir une alternative crédible du tourisme d’affaires


« L’enjeu, maintenant, c’est que le couvent des Jacobins s’intègre dans l’offre nationale et soit une alternative crédible aux offres d’accueil en France et en Europe », insiste le "Monsieur Congrès" de Rennes.

Photo : Destination Rennes

Or, la concurrence s’annonce féroce. Le couvent des Jacobins se pose en challenger de grandes métropoles françaises, comme Marseille, Lyon, Bordeaux ou Strasbourg. Plus dur, sur la cible associative (congrès, symposiums), dont les événements sont internationaux, il faut lutter avec d’autres pays. Rennes a damé le pion à la Russie, le Mexique, ou encore l’Espagne pour enlever l’organisation du congrès international de l’agriculture biologique, en septembre 2020 (2 500 congressistes). Mais au prix d’un gros travail en coulisses.

Aussi, Destinations Rennes, qui table sur un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros en 2018 et vise l’équilibre dans sept à huit ans, compte-t-elle sur la mobilisation des réseaux bretons qui peuvent être prescripteurs sur la tenue de leurs événements dans le quartier Sainte-Anne. Que ce soient les sociétés savantes (association de scientifiques, centres de recherches, etc.), comme le CHU de Rennes, qui a porté la candidature d’un congrès sur la chirurgie thoracique et cardiovasculaire en juin 2019. Ou les entreprises et réseaux d’entreprises. L’association « Produit en Bretagne », qui compte 450 adhérents, est de ceux-là, qui organisera son assemblée générale là-bas le 16 février. « La philosophie de Produit en Bretagne, c’est le rayonnement de la Bretagne, le développement des entreprises bretonnes en lien avec le territoire. Ça va dans ce sens-là d’accompagner ce lieu emblématique du territoire rennais », assure Jean Bazire, le nouveau responsable du réseau Produit en Bretagne en Ille-et-Vilaine. Qui ajoute : « Le thème de notre AG, c’est l’audace. Cela caractérise bien ce qu’est le couvent des Jacobins ».

Quelles retombées économiques ?


De l’audace, donc, pour que Rennes devienne enfin une ville de congrès. Et du cash. Le couvent des Jacobins aura coûté 107 millions d’euros HT, financés à 75 % par Rennes Métropole. Une somme rondelette que les élus espèrent pouvoir rentabiliser sur l’attractivité que Rennes devrait offrir avec ce nouvel équipement. Les professionnels du tourisme, eux, sont déjà au diapason. Ils seront les premiers à profiter des retombées économiques, estimées à 20 millions d’euros par an. « Les restaurateurs et hôteliers du centre-ville au premier chef, juge Karim Khan, président de l’UMIH 35, le syndicat qui regroupe les hôteliers, restaurateurs, et patrons de bars et discothèques. Si ce dernier applaudit l’aboutissement du projet, il craint cependant un marché de l’hôtellerie tendu, « avec des périodes de forte affluence et de désertion ». Et Karim Khan de demander à Rennes Métropole d’en faire davantage sur le développement du tourisme de loisirs. « C’est à cette seule condition, estime-t-il, que Rennes deviendra une destination touristique à part entière.»

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