« Dans notre domaine de l'habitat social et de l'économie sociale et solidaire (ESS), le microdon sur salaire correspond bien à notre valeur de solidarité. Ce système existe déjà lorsque l'on commande sur internet ou que l'on fait ses courses. On a la possibilité de laisser les quelques centimes à une association. J'ai constaté qu'un certain nombre de grands groupes avaient mis en place ce geste solidaire qui, individuellement ne se voit pas beaucoup, mais qui, cumulé à l'échelle d'une entreprise, prend du sens.
Les petits ruisseaux...
Partant du principe que les petits ruisseaux font les grandes rivières, j'ai proposé l'idée du microdon en réunion des délégués du personnel d'Aiguillon, au printemps 2015. La réaction a été de trois niveaux : certains avaient déjà des engagements individuels et il ne fallait pas que cela soit un outil de mesure de l'implication dans l'entreprise ; les salariés préféraient avoir de la souplesse et la maîtrise du montant plutôt que celui-ci soit systématisé ; et ils voulaient choisir la ou les association(s) vers lesquelles les euros sont fléchés. Nous en avons débattu et je les remercie d'avoir dit "chiche, on y va !"
Pionniers en Bretagne
Le microdon commence à prendre dans les entreprises, mais assez peu dans notre domaine d'activité de l'habitat social. Nous devons être les premiers en Bretagne à mettre en place un tel dispositif. C'est effectif chez Aiguillon depuis décembre dernier, le mois de Noël, symbolique.
Nous nous sommes fait aider par l'association MicroDon pour la mise en place. Une plateforme web sécurisée a été créée pour notre entreprise, sur laquelle chaque salarié peut décider, sur la base du volontariat, du montant à prélever, de 1 à 15 ? le mois échu. Sans jugement de valeur, l'entreprise abonde du même montant pour un effet levier. Le salarié peut aussi moduler chaque mois son don, s'informer sur le suivi des projets soutenus, télécharger son reçu fiscal... MicroDon considère qu'un bon démarrage se traduit par 30 % de salariés donateurs. Nous ferons un premier bilan après un trimestre de recul. Mais la solidarité n'est pas proportionnelle à la rémunération. En France, nous sommes à un million d'euros quand l'Angleterre affiche 150 millions d'euros de microdons avec 700.000 salariés impliqués.
Un référendum interne
Pour choisir les associations bénéficiaires sur 2 à 3 ans, nous avons lancé un référendum, auquel 47 % des salariés ont participé. Les salariés et l'entreprise sont sensibles au fait que leurs dons soient fléchés vers le territoire breton. C'était un critère important de contribution à notre environnement local. Depuis quelques années, notre entreprise s'est mise en mode de marche "RSE", responsabilité sociale en entreprise. Nous venons d'instaurer un quart d'heure RSE, chaque mois, pour que je leur restitue nos actions. Pour nous, c'est une stratégie complètement intégrée autour de quatre axes : le social, l'environnemental, l'économique mais qui doit s'appuyer sur un axe interne fort qu'est l'implication des salariés. Sur l'axe environnemental, nous étions invités à participer à un forum de la Cop21, sur la maîtrise des charges afin d'éviter la précarité énergétique de nos locataires. Nous gérons un patrimoine de 15.500 logements dont 1.000 nouveaux par an. Nous sommes aussi très impliqués sur un axe social, pour revivifier par exemple les associations de locataires dans le but de créer davantage de lien social. Nous allons également lancer un dispositif de modérateur, l'équivalent d'un médiateur interne avec une personnalité bénévole neutre. Aujourd'hui, il n'y a qu'un seul médiateur sur les 350 organismes de notre type en France ! »
Propos recueillis par Géry Bertrande
Directeur du bailleur rennais Aiguillon Construction, Frédéric Loison et ses équipes ont proposé à leurs 220 salariés l'arrondi sur salaire, abondé par l'entreprise. Explications.
