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Coronavirus : les entreprises bretilliennes de nettoyage en action... renforcée
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Coronavirus : les entreprises bretilliennes de nettoyage en action... renforcée

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Pendant le confinement, les entreprises de nettoyage ont, elles aussi, été mises à rude épreuve. Entreprises clientes fermées, mesures de distanciation sociale à mettre en place, chômage partiel… Mais avec le déconfinement progressif, les entreprises de ce secteur font face à de nouvelles demandes, dictées par les nouvelles mesures sanitaires. Comment s'organisent-elles ? Le point avec trois d'entre elles en Ille-et-Vilaine.

— Photo : © Net Plus

Selon leur taille et leur typologie de clientèle, les entreprises du nettoyage en Ille-et-Vilaine ont constaté entre 50 % et 75 % d’activité en moins pendant les deux mois de confinement. Avec la reprise progressive de l’activité économique, leur secteur est maintenant fortement sollicité. Même si elles n’ont pas retrouvé 100 % de leur activité, car certaines entreprises restent en télétravail et d’autres lieux demeurent fermés (universités par exemple), elles interviennent davantage pour de la désinfection. « C’est ce que nous demandent beaucoup de clients, et nous nous devons d’être force de proposition, estime Bruno Coeurdray, directeur de Net Plus (3 000 collaborateurs, 41 M€ de CA en 2019). Ils veulent se prémunir de tous problèmes. Alors, l’une des solutions est de pouvoir prouver qu’ils ont bien fait les choses ». En deux mots, prouver qu’ils désinfectent leurs locaux. Pour cela, les professionnels du nettoyage utilisent notamment des produits virucides détergents et désinfectants. « Ce sont les mêmes que ceux que l’on utilise d’habitude en milieu hospitalier, souligne Bruno Coeurdray. Aujourd’hui, ils sont utilisés dans le tertiaire, les copropriétés, etc. » Par contre, les entreprises de la propreté ont dû jouer des coudes pour s’en procurer, la demande explosant !

Le service avant les affaires…

Ces produits spécialisés coûtent plus cher à l’achat. « Un surcoût de 150 000 euros pour Net Plus en seulement deux mois, incluant les produits et les équipements de protection pour les salariés », calcule Bruno Coeurdray. Mais ce coût n’est pas répercuté (ou pas encore…) sur la facture des clients. « Ces produits coûtent deux à trois fois plus cher que les produits traditionnels, indique Jérémy Goïc, codirigeant et associé de Cityzen Propreté et Services à Rennes (20 collaborateurs, 250 000 € de CA en 2019). Nous avons choisi d’impacter notre marge plutôt que le prix pour nos clients, pour ne pas mettre les contrats en tension ». Le dirigeant rennais préfère assumer son rôle « d’entreprise de services ». De la même manière, les acteurs du nettoyage répondent présents quand les clients leur demandent de les aider à se fournir en matériel de désinfection et équipements de protection. « Nous avons créé des packs à destination des salariés de nos clients, composés de gants, gel hydroalcoolique, spray désinfectant, essuie-main…, détaille Jérémy Goïc. Cela permet de nettoyer les bureaux même quand l’entreprise de nettoyage ne passe pas tous les jours. C’est un plus ».

Plus de désinfections que de nettoyages classiques

Mais ce n’est pas un nouveau business pour Cityzen. « Cela ne nous rapporte pas grand-chose, là encore c’est du service, et il y a beaucoup de logistique derrière. Mais cela renforce notre position d’acteur de l’hygiène alors que l’entreprise est encore récente ». Pour Cityzen, créée en 2017, le coronavirus aura mis un frein à son développement commercial. Alors qu’elle visait 400 000 € de chiffre d’affaires à la clôture de son exercice 2020 en septembre, elle devrait seulement atteindre 360 000 €. ABC Net, a, elle aussi été sollicitée pour ce type de fourniture, également vendu sans beaucoup de marge… La PME bretillienne (60 salariés, 2,2 M€ de CA en 2019) a par ailleurs modifié ses interventions chez ses clients pour répondre à un besoin de nettoyage très fréquent. « La où nous intervenions une fois par semaine, nous venons tous les jours, par exemple dans des magasins de vêtements, souligne Yannick Foliard, gérant d’ABC Net à Saint-Jacques-de-la-Lande. Mais ce surcroît d’activité ne suffira pas à faire remonter le chiffre d’affaires ». Pourtant, l’entreprise, comme ses concurrentes, apporte des solutions complémentaires à ses prestations classiques, quitte à investir. La désinfection par voie aérienne (micronébulisation) est de plus en plus utilisée, pour désinfecter dans les moindres recoins d’une pièce. ABC Net a ainsi acheté une machine dédiée, pas encore rentabilisée… La pulvérisation de désinfectant par brumisateur qui dépose des gouttelettes de produit sur toutes les surfaces est encore une autre méthode proposée par les entreprises de nettoyage.

Des entreprises à développer, maintenant

Quels que soient les procédés choisis par les clients, les acteurs de l’hygiène ont en tout cas dû réorganiser leurs plannings et leurs équipes, pour répondre aux exigences sanitaires et respecter les distances avec les salariés de leurs clients. « Un travail en back-office qui ne se monétise pas, mais est nécessaire », explique Jérémy Goïc. « Cette période va peut-être changer quelques manières de faire dans le futur », ajoute Bruno Coeurdray. Pour le dirigeant rennais, « c’est maintenant qu’il faut être fort. On ne sera peut-être pas aux objectifs de départ, mais cela ne remet pas en cause notre développement futur. »

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