Ces PME qui cherchent des cadres à partager
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Ces PME qui cherchent des cadres à partager

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Pour un dirigeant de PME, embaucher un cadre à temps plein s’avère souvent coûteux et peu adapté. Une solution existe : l'embaucher en temps partagé. Un gage de souplesse et d’expertise, qui peut porter ses fruits sur le long terme. Le couteau suisse idéal d'un chef d’entreprise.

Groupements d'employeurs, sociétés de portage salarial ou entreprises de travail à temps partagé permettent aux PME de se doter de compétences à temps partiel. — Photo : ©alotofpeople - stock.adobe.com

Lionel Hababou, dirigeant de DLH Energy, une petite entreprise spécialisée dans la fabrication d’accessoires et de batteries mobiles, se souvient encore du soulagement qu’il a éprouvé quand il a embauché une DRH en temps partagé en 2007. « À cette époque, ma PME connaissait un développement spectaculaire, mais je n’étais pas satisfait des recrutements que j’avais réalisés moi-même. J’ai recruté une DRH en temps partagé : elle venait une fois par semaine. Je pouvais enfin compter sur quelqu’un qui allait assurer la continuité du recrutement et l’intégration des nouveaux salariés. J’ai appris beaucoup, elle m’a motivé. J’ai travaillé avec elle pendant 10 ans », raconte-t-il.

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À la tête d’une TPE, d’une PME ou même d’une ETI, le dirigeant porte souvent plusieurs casquettes. Et ressent parfois le besoin de se délester de certaines fonctions qui peuvent s’avérer lourdes et complexes, comme les ressources humaines ou la gestion financière. Pour cela, recruter un cadre peut s’avérer judicieux. Mais le chef d’entreprise n’a pas toujours les moyens ni les besoins réels d’embaucher un collaborateur à temps plein. Une solution, encore largement méconnue, peut être envisagée : le temps partagé.

Ce dispositif permet à une entreprise à la recherche de compétences-clés, dont elle ne dispose pas en interne et qui ne nécessite pas forcément un temps plein, de recruter un professionnel. Celui-ci occupe une fonction quelques jours par semaine ou par mois, souvent en CDI. Né pour répondre aux besoins saisonniers du monde agricole, l’emploi partagé s’est depuis étendu aux autres domaines d’activité. Depuis 2005, ce dispositif est intégré dans le Code du travail et on dénombre aujourd’hui plus de 430 000 professionnels en temps partagé en France. Parmi eux, environ 20 000 cadres. « Concernant cette population, ce sont des gens qui prennent eux-mêmes la décision de travailler en temps partagé », précise Bernard Anglezi, secrétaire général de la FNATTP (Fédération nationale des associations du travail en temps partagé).

Des coûts maîtrisés, un dirigeant bien entouré

Les atouts sont nombreux. La flexibilité, tout d’abord, qui permet d’ajuster les besoins en fonction de la taille de l’entreprise. Lorsqu’une structure passe au-delà de 20 salariés, un besoin en RH peut par exemple se faire sentir. « Le professionnel peut alors être présent une fois par semaine pour rencontrer les salariés, mener des réunions, etc. Parfois, le dirigeant finit même par internaliser le poste », raconte David Bibard, fondateur du Portail du temps partagé.

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Autre avantage : le recours à une véritable expertise : « Dans une TPE ou une PME, un dirigeant n’est pas forcément un bon manager ou un excellent financier. Or, ce qui fait votre résultat, c’est votre faculté à trouver 4 ou 5 personnes pour bien vous entourer. Le temps partagé peut permettre de trouver ces collaborateurs », explique Philippe Vitoria, directeur de Vénétis, un groupement d’employeurs basé à Vannes, dans le Morbihan.

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Cerise sur le gâteau : ce cadre, agile et mobile, peut mettre en contact le chef d’entreprise avec son propre réseau. Avec un engagement dans la durée : « Ce n’est pas un simple consultant. C’est toujours la même personne qui revient chaque semaine, ça change tout ! » s’enthousiasme Lionel Hababou.

Plusieurs solutions d’embauche

Pour le site du groupement d’employeurs Vénétis, qui mise désormais de plus en plus sur les cadres, les candidats s’adressent aux dirigeants via de courtes vidéos : « Je m’appelle Pamela Boulanger, je suis responsable qualité-sécurité-environnement. J’ai un diplôme d’ingénieure généraliste que j’ai complété par un master en risques industriels. Le temps partagé, je connais : depuis 8 ans, je suis salariée chez Vénétis en tant que responsable QSE », explique la jeune femme. Cette cadre partage son temps de travail entre plusieurs entreprises de ce groupement d’employeurs, qui compte 137 salariés en CDI pour 328 entreprises adhérentes.

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Le principe est simple : les entreprises rejoignent cette association, via une adhésion annuelle d’environ 200 € Chaque mois le groupement facture à l’entreprise le coût de l’embauche du salarié, en fonction de son degré de qualification. D’autres solutions existent pour recourir à ces cadres en temps partagé : le contrat de travail en CDI ou en CDD à temps partiel est le moyen le plus fréquemment utilisé. Il existe aussi la prestation de service classique, sur facture. Certains chefs d’entreprise peuvent faire appel également à du portage salarial ou à des ETTP, des entreprises de travail à temps partagé, qui recrutent aussi en CDI des salariés qu’elles placent ensuite au sein de leurs entreprises clientes.

La question de la confidentialité

Pourtant, le recours à ce type de dispositifs reste encore peu usité. Parmi ces freins : la question de la confidentialité se pose presque automatiquement. Dans ce cas, il arrive que certains employeurs demandent à leurs collaborateurs de ne pas travailler au sein d’entreprises concurrentes. Un garde-fou précieux existe par ailleurs : le contrat de travail, où sont formulées noir sur blanc des clauses de confidentialité. Il arrive également que les dirigeants redoutent un manque d’implication au sein de la structure. « Pourtant, faire appel à des personnes extérieures est un gage de développement : les structures s’assoupissent quand elles ne comptent que sur leurs permanents. Avec de nouveaux collaborateurs, on constate souvent un regain de créativité ! », rappelle Philippe Vitoria, de Vénétis.

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« En France, il y a une hésitation certaine à confier une mission à une personne qu’on ne connaît pas bien, alors que sa compétence est parfaitement reconnue », regrette Bernard Anglezi, de la FNATTP. Le cadre en temps partagé devient un élément moteur de l’entreprise. « Ce qui est dur, c’est le démarrage, raconte Lionel Hababou. Il faut prendre le temps ! Le fait d’être à temps partagé leur donne un dynamisme et un enthousiasme certains, une motivation dans la recherche de résultats. Pour un dirigeant, c’est fondamental. »

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