Photovoltaïque : les toits des entreprises bretonnes bien exposés
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Photovoltaïque : les toits des entreprises bretonnes bien exposés

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Le marché du photovoltaïque semble avoir atteint sa maturité. De quoi permettre aux entreprises de préparer plus sereinement un projet énergétique en mettant à profit la surface de leur toit. Et contrairement aux idées reçues, le ciel breton est propice au solaire. Explications.

Photo : Quénéa Ernergies Renouvelables

L’engouement du milieu des années 2000 s’est arrêté net en 2010. Mais le marché du photovoltaïque en France semble reprendre des couleurs depuis quelques mois, notamment sur les toits des entreprises qui voient là une occasion de baisser leur facture énergétique tout en entrant dans un cercle vertueux. Contrairement aux idées reçues, la Bretagne est bien placée pour profiter de cette éclaircie.

L’autoconsommation: élément déclencheur

Au printemps 2017, un décret a autorisé l’autoconsommation et encadré les tarifs en matière de photovoltaïque. À la revente totale de l’électricité produite est donc venue s’ajouter une autre solution: l’autoconsommation avec revente de surplus. Sans compter une prime à l’investissement et l’achat garanti du surplus. De quoi séduire les entreprises qui possèdent une grande toiture.

Pascal Quénéa, PDG de Quénéa Énerrgies Renouvelables — Photo : Quénéa Ernergies Renouvelables

Quénéa: témoin local de l’évolution du secteur

Ce regain d’intérêt est une aubaine pour Pascal Quénéa, dirigeant de Quénéa Énergies Renouvelables, société fondée en 1996 à Carhaix qui a connu les hauts et les bas du secteur d’activité: 50 salariés et un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros au milieu des années 2000, pour redescendre à 25 salariés et 2 millions d’euros de chiffre d’affaires lors de son dernier exercice: «Nous avons connu une période difficile dans le solaire lorsqu’un moratoire est venu changer les règles du jeu en 2010. Depuis, le marché s’est raisonné, beaucoup d’acteurs ont disparu aussi vite qu’ils étaient apparus.»

«En Bretagne, il ne s’agit pas de rentabilités extraordinaires mais le photovoltaïque est un investissement sûr et stable»

Selon lui, les énergies renouvelables sont arrivées à un stade économique intéressant: «On approche de plus en plus de la parité réseau, c’est-à-dire que l’on vend l’électricité au prix de revient. Aujourd’hui un panneau solaire produit 300 W, il y a dix ans c’était la moitié moins. Dans l’éolien, c’est une multiplication par dix. Les prix des produits baissent, ils sont plus fiables et plus performants, les technologies aussi… On ne vient plus nous voir en nous demandant si c’est réalisable mais plutôt pour savoir quand débuter les travaux. »

Photo : CC BY 2.0_Climate Action Network Europe

Perspective encourageante

Gérant et développeur de projets de parcs, Quénéa E.R réalise aujourd’hui 20% de son activité dans l’éolien et 80% dans le photovoltaïque. La PME vient notamment de terminer un projet pour la ville de Bénodet et travaille actuellement sur le toit du siège de Fortunéo. « Autant en 2016 nous avions du mal à savoir à quoi nous raccrocher, autant là, nous sentons une vraie reprise, que ce soit dans le neuf ou la rénovation. Il ne s’agit pas de rentabilités extraordinaires mais le photovoltaïque est un investissement sûr et stable. Vous obtenez un rendement constant sur vingt ans, avec des écarts de 5% selon l’année. Car quoiqu’on en dise, l’ensoleillement ne varie que très peu d’une année sur l’autre. Et si l’on trouve le plus grand nombre de projets dans le Nord de l’Europe, c’est que la Bretagne est bien placée pour le solaire. La rentabilité arrive autour de dix ans, mais cela varie beaucoup selon la taille de l’installation. Pour une surface de 100 m², le coût de départ varie de 30 000 à 100 000 euros».
Et pour les entreprises qui ne veulent ou ne peuvent se risquer à de telles sommes, il est aussi possible de louer la surface de son toit à un investisseur tiers.

35% d’économies chez Ikea

Le géant suédois Ikéa a lancé un vaste projet en énergie renouvelable pour ses sites en Europe, soit 700 000 panneaux et 402 éoliennes installées dans dix pays. 43 magasins sont concernés en France, dont celui de Brest, couvert de panneaux solaires depuis 2015. Son responsable technique et sécurité, Bruno Croiseaux, se présente aujourd’hui comme un producteur d’électricité: «Nous avons installé 1 710 panneaux sur le toit du magasin pour une production de 584 KWcrète, soit un investissement de 590 000 €». L’enveloppe ayant été réduite par les économies d’échelle permises par un achat groupé européen. «Il a fallu au préalable réaliser une étude de charge sur le toit, faire attention à son étanchéité et cibler les zones de pertes de chaleur.» Grâce à l’autoconsommation, le magasin a baissé sa facture énergétique de 35% par rapport à 2016, « soit 38 000 € en sept mois. Nous visons ainsi un retour sur investissement en neuf ans !»

En orange, les toits avec un fort potentiel. Ici, la Z.I de Kergaradec à Brest — Photo : Esri-BMO

À Brest: un cadastre solaire en ligne gratuit

Pour les voisins du magasin Ikéa, Brest métropole a lancé en 2016 son cadastre solaire en ligne gratuit, offrant la productibilité énergétique de chaque toiture sur le territoire. Fin septembre 2017, la collectivité ouvrait ce service aux entreprises. «C’est un premier niveau d’information, après il est possible de contacter nos conseillers pour évaluer un dossier plus en détails» confie Christophe Calvarin, responsable du pôle collectivités et tertiaire auprès d’Ener’gence, l’agence énergie et climat de la métropole. «Une entreprise ne fera pas fortune tout de suite avec le solaire mais en cas de rénovation d’un bâtiment, c’est aussi l’occasion de verdir son image et de participer à la transition énergétique nécessaire pour la région».

Photo : Quadran

Le projet du moment: un parc de 30 000 panneaux à Baud

À Baud (56), l'ancienne carrière de Quinipily doit accueillir le seul site breton retenu sur appel d'offre national par le ministère de la Transition écologique, parmi 77 lauréats en France. Le second, si l'on inclut celui de Saint-Joachim, en Loire-Atlantique.
Le projet porte sur la création d'une ferme photovoltaïque de 30 000 panneaux pour une production attendue de 4 500 Kwatts crête, soit l'équivalent de la consommation de 2 000 ménages. Le permis de construire a été accepté. « Il a le feu vert du Ministère », rappelle le maire, Jean-Paul Bertho. Le site de l'ancienne carrière ne pose pas de problèmes environnementaux, d'autant qu'il a été réhabilité en 2005 avec plantations et aménagement d'un plan d'eau. La ferme photovoltaïque se situerait sur les hauteurs, sur un plateau de 6 à 7 hectares, sur des terrains privés.
Le porteur de projet, la filiale nantaise de la société Quadran (Hérault) est l'un des principaux acteurs indépendants français du secteur, leader de la production d'électricité renouvelable, avec l'équivalent de la consommation électrique hors chauffage de 1,070 million de personnes (soit 1 250 GWh) en France et Outre-Mer. Quadran vient de se rapprocher, en octobre dernier, du groupe Direct Énergie dans une stratégie d'intégration verticale.

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