Rozen investit dans une ligne de production pour fabriquer des masques
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Rozen investit dans une ligne de production pour fabriquer des masques

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Spécialisée dans la fabrication de vêtements de travail, Rozen a été la première entreprise textile de Bretagne à se lancer dans la production de masques en tissu. La PME capitalise sur ce savoir-faire en investissant dans une ligne de production automatisée.

— Photo : @DR

Acteur historique du vêtement de travail en Bretagne, notamment pour le milieu médical, Rozen, basée à Lamballe (Côtes-d’Armor), n’avait jamais pensé à produire des masques. « Notre métier tourne autour des tenues médicales comme les blouses ou les pantalons que portent les agents dans les Ehpad, précise Eric Guillaume, repreneur en 2012 de la société fondée par la famille Cantin (36 salariés, 2,9 millions d’euros de chiffre d’affaires). Il aura fallu le coronavirus et un appel du directeur de l’hôpital de Lamballe, dès le début du confinement, pour innover sur ces nouveaux éléments de protection qui rythment désormais la vie de chacun. »

200 000 vues sur Facebook

En 24 heures, Rozen met au point un prototype et lance une production qui ne s’arrêtera jamais tant la demande explose. « Pour donner un ordre d’idée, nous avons partagé cette information sur notre page Facebook. Quand on fait 1 000 vues de l’une de nos actualités, on est heureux. Là, avec le lancement des masques, on a réalisé 200 000 vues en quelques jours. » Les commandes affluent de toute la France, ce qui amène Rozen à mobiliser sept couturières à temps plein sur ce projet. « Nous ne pouvions pas être plus nombreux, entre les absences et la gestion de la distanciation sociale. En même temps, le temps s’étant suspendu, nos activités traditionnelles étaient à l’arrêt. »

Des poches de jeans aux masques

Si les marchés historiques reprennent doucement, Eric Guillaume entend bien capitaliser sur ce savoir-faire et cette logistique mise en place pour créer un département dédié aux masques chez Rozen. Il vient d’acquérir, via un investissement de 250 000 euros, une ligne automatisée qui doit lui permettre de passer à la vitesse supérieure dans une logique de productivité accrue. « Je recherchais une machine pour couper des élastiques quand le distributeur français de la marque allemande de machines à coudre Brother, associée à l’équipementier italien SIP, m’a parlé d’un automate pour produire des masques, né d’une machine qui faisait des poches de jean. J’ai dit banco ! »

1 000 masques par heure

De 1 200 masques par jour avec sept couturières mobilisées à temps plein, Rozen va ainsi voir sa production atteindre 1 000 masques par heure avec deux salariés conducteurs de ligne. « Derrière, on écrase notre prix de revient en le passant de 5 euros actuellement à 2 euros à 3 euros selon les volumes. » Normalisés en catégorie 1, les masques Rozen, équipées d’une barrette nasale et lavable 50 fois, sont fabriqués en coton, à partir de tissus 100 % français en provenance de Lyon.

Un coup de pouce des collectivités bretonnes ?

Conscient du risque pris si le marché des masques se contracte demain, Eric Guillaume est persuadé que la notion d'autosuffisance régionale est un argument de poids dans la construction d’une filière durable en Bretagne. « J’attends des collectivités locales qu’elles s’engagent sur le long terme et sur des volumes, à l’image des commandes d’État. Ce serait un coup de pouce judicieux pour garantir le projet. À moi et mes équipes ensuite de faire le job de produire et d’aller conquérir des marchés privés complémentaires. »

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