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Multicourses, BioArmor, Métafer, Obsam, Seismo Wave : cinq success-story oscarisées
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Multicourses, BioArmor, Métafer, Obsam, Seismo Wave : cinq success-story oscarisées

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Événement incontournable pour tous les acteurs du monde économique, les Oscars des entreprises des Côtes-d’Armor distinguent chaque année des sociétés pour leur savoir-faire, leur esprit d’initiative et leur prise de risques. Cette 6e édition a décerné cinq prix dans les domaines de la croissance, du développement international, de la responsabilité sociétale et de l’innovation. Le tout complété par un prix spécial « coup de cœur » du jury. Zoom sur Multicourses, BioArmor, Métafer, Obsam et Seismo Wave, lauréats de l’édition 2018.

Photo : Stéphane Le Tyrant

Croissance : Multicourses a toujours la solution

Porcher, vendeur en prêt-à-porter… Jérôme Foulfoin, 41 ans, a exercé tous les métiers avant d’acheter en 2000 son premier camion et de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale d’une société de courses. Dès le départ, sa réactivité et sa disponibilité fidélisent ses premiers clients, des magasins du département : quelle que soit la question, elle a toujours sa solution.

En 2007, l’entrepreneur rachète Multicourses au départ en retraite de son dirigeant. La jeune pousse passe de cinq à trente salariés, pour un chiffre d’affaires de 1,6 million d’euros. Accompagnant la croissance de ses clients, le développement commercial s’accélère. En 2010, Multicourses acquiert les Transports Aubry. C’est le moyen de s’implanter sur Rennes et de s’ouvrir à une nouvelle activité : les transports spécialisés (échantillons sanguins, médicaments, œuvres d’art).

Photo : Julien Uguet / Journal des entreprises

En 2011, le rachat à la barre du tribunal d’une société en difficulté permet à Multicourses de s’implanter à Cholet, la Roche-sur-Yon et Parthenay. En 2013, la société ouvre une agence à Châteaulin puis une autre au Mans. Multicourses arrive à Guingamp en 2015 pour assurer la livraison de cuisines aménagées. Nantes ouvre en juin 2016, En octobre, c’est Décograph à Loudéac, spécialisée dans la signalétique autocollante, qui rejoint le groupe en quête de diversification. Son chiffre d’affaires a atteint 25 millions d’euros en 2017, pour un parc de 438 véhicules et 560 salariés. « Nous pouvons nous appuyer sur l’engagement de salariés et de cadres fidèles, très impliqués et très bons professionnels », souligne Jérôme Foulfoin. C’est cette équipe qui assurera le succès des projets de 2018, notamment la construction d‘un nouvel entrepôt à Trémuson, pour 1,4 million d’euros d’investissement, et la recherche de nouvelles opportunités de développement.

International : BioArmor a pris la vague des produits naturels

Installée à Plaintel, BioArmor s’est spécialisée dans les alternatives naturelles aux antibiotiques utilisés dans les élevages (ruminants, porcs et volaille). « En traitant les animaux, on développe une résistance aux antibiotiques chez l’homme, explique Laurent Rio, le dirigeant de BioArmor. C’est un enjeu de santé à l’échelle de la planète et la réglementation dans tous les pays réduit chaque année la liste des produits utilisables. »

L’entreprise a fondé son développement sur cette tendance de fond, en investissant massivement dans son poste innovation à hauteur de 10 % de son chiffre d’affaires. Son service de R&D compte quatre personnes et entretient des partenariats avec l’université, des élevages pilotes, des vétérinaires et des organisations professionnelles (ITAVI, INRA, ITEP). Son programme Nutrilogic évalue ainsi les meilleures combinaisons d’huiles essentielles dans des gammes adaptées à chaque problématique d’élevage.

Photo : Julien Uguet / Journal des entreprises

Cette bonne réputation sur le marché national, très compétitif, est l’un des facteurs clés de succès à l’export. « BioArmor s’est lancée sur le marché mondial depuis une quinzaine d’années, en commençant par le Moyen Orient, ajoute Laurent Rio. En 2014, elle était présente dans 25 pays. Ce sera 40 en 2017. » En tête, le Moyen-Orient (Iran, Arabie Saoudite, Liban …) qui représente 40 % du chiffre d’affaires, puis l’Asie (Japon, Corée, Vietnam) pour 30% et enfin l’Europe (Espagne, Benelux). « Notre chiffre d’affaires est passé de 4 à 5 millions d’euros, entre 2016 et 2017, car nous progressons aussi sur le marché français. »

En 2018, BioArmor entend poursuivre son développement sur l’Europe de l’Est et en Afrique. Pour assurer cette stratégie, l’entreprise s’appuie sur une équipe commerciale et technique robuste. Le service export parle six langues : français, anglais, allemand, espagnol, portugais et le serbo-croate. « Notre réussite à l’export est une somme de détails. La documentation est prête, les connaissances en matière de réglementations et de modes de paiement sont à jour, la logistique est réactive, les partenaires sont fiables. Résultat des années d’expérience, les fondamentaux sont bons. Il faut aussi tenir compte d’une vraie dynamique interne. »

Responsabilité sociétale : Métafer a la passion du bien « fer »

Défenseur passionné du travail du fer et de la « belle ouvrage », Lionel Moretto est l’un des fondateurs de la Maison du forgeron, un centre de formation innovant qui entend redonner ses lettres de noblesse un savoir-faire négligé. « Je suis né à l’âge de cinq ans, aime raconter Lionel Moretto. J’ai commencé à accompagner mon père dans son atelier de ferronnerie. Je suis né Breton lors de mes premières vacances à Erquy. J’ai toujours aimé dessiner, sculpter, et j’ai toujours eu le besoin de créer et l’envie d’entreprendre, un besoin nourri par mes rencontres avec des passionnés. En 2003, je suis entré chez Métafer à Plaintel. »

Deux ans plus tard, Lionel Moretto rachète l’entreprise, avec trois salariés dont un apprenti en l’orientant vers la métallerie d’art. « Notre activité s’étend de la Loire-Atlantique à la région parisienne, nous travaillons principalement pour des particuliers (70% de l’activité), les Monuments historiques et des artistes (20%) et des marchés publics (10%). Nous venons de recevoir le label Entreprise Vivante du patrimoine. Nous sommes actuellement 22, dont 6 apprentis. »

Photo : Julien Uguet / Journal des entreprises

Le problème du recrutement est un enjeu majeur depuis 2010, année où l’entreprise a embauché dix salariés. « Ma rencontre avec Rémi Crezé, ferronnier d’art, a été déterminante. Partageant le même constat, nous avons choisi de relever le défi de la formation. Après diverses tentatives, en 2015, nous avons créé l’association Maison du forgeron à Saint-Thélo. »

La structure va démarrer ses activités en septembre 2018. Elle assurera une initiation, sur trois à quatre sessions réparties sur trois mois, de groupes de 12 personnes, en alternance avec des entreprises. Un bilan de compétences permettra en fin de parcours d’orienter le futur salarié vers une entreprise et un centre de formation. « Une formation de « second d’entreprise », générale et technique, plutôt destinée aux salariés envisageant de reprendre une société, aboutira en deux ans à un certificat de compétences. Enfin, la Maison du Forgeron va devenir lieu de mémoire, en rassemblant les archives des artisans qui ont illustré l’art du fer ».

Innovation : Obsam accompagne le changement

En assurant la veille et le traitement de l’obsolescence aéronautique auprès de plus de 18 000 fabricants dans le monde, Obsam à Quévert est un allié objectif de la fiabilité des aéronefs. « La bonne idée vient de l’écoute bienveillante du client, de la compréhension de son besoin », estime Nathalie Barat, dirigeante de la société.

Après un premier poste de comptable dans une société d’aéronautique, son intérêt pour la technique et son sens du commerce ont vite conduit la jeune femme à un poste de responsable commerciale. « J’ai passé huit ans auprès de techniciens de la maintenance aéronautique et je me suis aperçue que tous nos clients rencontraient la même difficulté à se procurer des pièces détachées. Un aéronef dure cinquante ans mais l’évolution technique est constante. De plus sur un marché mondialisé, les fabricants disparaissent ou réévaluent leurs lignes de production rapidement.

Photo : Julien Uguet / Journal des entreprises

En 2009, Nathalie Barat fonde NHE Aéro Trading, une centrale d’achat de pièces détachées. Elle consacre alors trois ans à l’écriture de son nouveau projet, un logiciel assurant la veille et le traitement de l’obsolescence aéronautique. Il aboutit à la création d’Obsam fin 2016. « Si la veille existe chez les constructeurs, nous sommes uniques dans notre démarche : suivre toutes les pièces et composants des aéronefs, ce qui représente aujourd’hui quelque 800 000 références. »

Pour Obsam, l’enjeu est clairement d’anticiper. « Nous donnons à notre client une visibilité sur les commandes à effectuer. Le mandat qu’il nous confie nous permet aussi de motiver le fabricant à poursuivre la production. En cas d’arrêt, nous rachetons les plans pour faire fabriquer un produit similaire, dans le respect des normes et agréments en vigueur. Si la production reste en Bretagne, nous avons ouvert des agences commerciales à Paris et Bordeaux, et bientôt en Espagne et au Portugal. »

Coup de cœur du jury : Seismo Wave fait parler le silence

Fruit de l’essaimage d’un laboratoire du CEA, Seismo Wave assure la fabrication et la distribution, dans le monde entier, de capteurs infrasons utilisés dans la prévention des risques sismiques. « On appelle infrasons les ondes sonores se situant en dessous de la limite moyenne d'audition humaine, précise Robert Glémot, dirigeant de Seismo Wave à Rospez. En les captant, on peut anticiper des phénomènes naturels tels que les éruptions volcaniques ou les tremblements de terre. De la fabrication des capteurs, l’entreprise se dirige aujourd’hui vers la mise au point d’une station complète de prévision, incluant l’étalonnage et la chaîne de mesure. »

Le Briochin d’origine a toujours eu cette vocation d’entreprendre. « Après mon BTS Mécanique, j’ai décidé d’aller sur le terrain ». Commence un tour de France qui démarre en Lorraine où Robert Glémot dessine la prothèse de hanche qui deviendra la plus vendue en France. Il passe ensuite par la production de téléviseurs (Thomson), de stylos (Waterman), prend la direction d’une usine à Châtellerault puis s’installe à Brive, pour redresser une entreprise en difficulté. Le groupe propriétaire décide de fermer le site ? « C’était le coup de pied nécessaire pour me lancer. J’ai repéré Prolann, une PME spécialisée dans la production de pièces très techniques pour de grands comptes de l’aéronautique et de la défense. »

Photo : Julien Uguet / Journal des entreprises

Constatant le savoir-faire de l’atelier dans la production de capteurs sismiques infrasons en sous-traitance, Robert Glémot propose au laboratoire du CEA de transférer cette activité chez Prolann. « Restait à asseoir notre crédibilité auprès des scientifiques de haut niveau. Nous avons monté un bureau d’études en optique et mécanique avec des compétences en géophysique. » En 2014, Seismo Wave prend définitivement son envol. « Nous sommes sur un marché neuf. D’un capteur la première année, nous en avons produit 30 en 2015, 90 en 2016 et les prévisions annoncent 200 en 2018. » Tournée 100 % à l’export, l’entreprise a vu ainsi son chiffre d’affaires passer de 300 000 euros 1,7 million d’euros. »

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