Alors que la crise touche durement le secteur du BTP depuis quatre ans, quelle est la position de Côtes-d'Armor Habitat, premier bailleur social du département et partenaire historique de la filière ?
« Notre politique d'investissement dans la construction de logements familiaux, collectifs ou individuels, est restée constante. Nous conservons ce rythme de 250 habitations neuves livrées en moyenne tous les ans, ce qui globalement, à 130.000 euros l'unité, représente 32,5 millions d'euros injectés dans l'économie locale. Et quand je dis locale, je pense aux entreprises du département qui représentent, malgré ceux que certains peuvent dire ou penser, 95 % de nos fournisseurs. »
À cette politique volontariste active viennent se greffer d'importants besoins en matière de rénovation et d'entretien...
« Effectivement. Côtes-d'Armor Habitat gère aujourd'hui un parc de 10.000 logements auxquels s'ajoutent un certain nombre d'établissements sociaux mais aussi une vingtaine de gendarmeries sur tout le territoire. Cela nous amène, en tant que propriétaire, à procéder à des travaux d'entretien réguliers, voire souvent en avance sur les normes imposées à la filière du BTP, notamment au niveau thermique. Cela passe par du ravalement, le changement des ouvertures, le renouvellement d'une chaudière, etc. Au global, nous injectons autour de 8 millions d'euros supplémentaires dans l'économie. »
À ce poste de charges courantes s'ajoutent des projets exceptionnels ?
« Nous avons débuté en 2014 une vaste opération de rénovation thermique de près de 500 logements. L'objectif est d'aider nos locataires à consommer moins en matière énergétique. Ce plan prévoit 13 millions d'euros d'investissement sur quatre ans avec une montée en puissance dès 2015. Et des entreprises locales en ont profité. Je pense à la CMA, à Le Couillard, à Armor Ingénierie, etc. »
Quelles sont vos relations avec la fédération du bâtiment ?
« J'espère bonne (rire). Je le pense car Côtes-d'Armor Habitat joue pleinement son rôle de soutien à la filière. Tous les trimestres, nous faisons le point avec les instances locales du BTP en prenant des engagements de mises en chantier, de réalisations. Il peut y avoir des attentes parfois mais notre dynamique n'a pas diminué, bien au contraire, dans le contexte actuel. »
Votre passage à la direction du service économique du Conseil Général des Côtes-d'Armor est un atout ?
« Je pense que oui car je comprends encore mieux les problématiques des entreprises. Après le comité de direction est très complémentaire. Nous n'entendons pas révolutionner cette vieille dame de 90 ans qu'est Côtes-d'Armor Habitat mais davantage la faire évoluer. »
Que représentent les subventions dans le modèle économique de vos habitations ?
« Aujourd'hui, nous sommes entre 10 % et 15 % sur une habitation à 130.000 euros. Toutefois, ces aides ne conditionnent pas nos engagements. Nous sommes capables de débuter des programmes avant de toucher une éventuelle subvention. Le Conseil Général des Côtes-d'Armor reste notre principal partenaire. Même si son soutien direct est moins important, comme celui de l'État ou des collectivités locales d'ailleurs, il reste notre caution intégrale auprès des organismes bancaires. »
Quel est le budget de Côtes-d'Armor Habitat ?
« Selon les exercices, nous tournons en moyenne autour de 50 millions d'euros. Notre objectif n'est pas de dégager des bénéfices mais bien d'équilibrer notre budget et de réinvestir. Notre capacité d'autofinancement est aujourd'hui de 13 %. C'est le résultat d'une bonne gestion au quotidien qui va nous permettre, en 2015, de verser pour la première fois, après un accord signé avec les représentants du personnel, une prime d'intéressement à nos 162 agents, qu'ils soient de statut privé ou public. »
La gestion locative concerne combien de personnes ?
« Globalement nous avons 22.000 personnes hébergées avec des demandes importantes chaque année. Le temps d'attente est en moyenne de 6 mois dans les Côtes-d'Armor contre plusieurs années parfois ailleurs. Les loyers que nous pratiquons sont, selon les zones géographiques, entre 15 % et 40 % moins chers que dans le privé. »
Contrairement à ce que l'on peut penser, les impayés ne sont pas si nombreux que cela ?
« L'image des logements sociaux a longtemps souffert de certains raccourcis. Chez Côtes-d'Armor Habitat, tout loyer est dû. Il n'y a pas d'abandon de créances. Par contre, nous accompagnons socialement nos locataires dans l'étalement de leur passif s'ils en constituent un. Alors bien entendu, nous ne recouvrons pas tout mais jamais nous n'abandonnons. C'est aussi cela de la bonne gestion. »
Côtes-d'Armor Habitat
(Ploufragan)
Dg : Christelle Bézard
162 salariés
Budget annuel : 50 millions d'euros
02 96 94 12 41
