L’emblématique entreprise voironnaise de boissons à base de réglisse Antésite, créée il y a plus d’un siècle par un apothicaire et placée en redressement judiciaire en mars 2022, a trouvé repreneur. Benoît Bouret, à la tête de Sopatex (250 salariés ; 70 M€ de CA), autre groupe isérois, qui fabrique du textile technique, a ainsi remporté le dossier auprès du tribunal de Grenoble. "Sopatex a racheté les actifs d’Antésite via la création d’une société, Les breuvages voironnais. Nous avons repris 24 des 26 contrats de travail, l’intégralité des actifs mobiliers et immobiliers, une grande partie des stocks et les contrats informatiques et de matériel roulant, afin de continuer à faire tourner l’entreprise", explique ainsi Christian Ratel, directeur financier de Sopatex. Certes, les activités de Sopatex et d’Antésite ne possèdent pas beaucoup de synergies. Mais le groupe textile est très bien implanté à l’international et devrait donc faire bénéficier à Antésite de son savoir-faire à l’étranger, explique encore le directeur financier. "Nous croyons très fort dans la marque Antésite et avons de gros projets pour étoffer l’offre de produits de l’entreprise", poursuit Christian Rabatel. Dans un premier temps toutefois, le repreneur souhaite apprendre le métier, en conservant les locaux historiques de l’usine de Coublevie, en périphérie de Voiron.
Une entreprise très endettée
"L’usine est un peu vieillissante. Il n’y a pas eu d’investissements réalisés dans les bâtiments depuis plusieurs années, en raison des difficultés financières de l’entreprise", poursuit le directeur financier de Sopatex. François Levêque, ancien président d’Antésite jusqu’à la liquidation de l’entreprise fin février le confirme. Celui qui avait repris l’entreprise en 2019 aux côtés de deux autres investisseurs, déplore ainsi une mauvaise gestion de la société, "depuis plus de dix ans". "La vraie problématique de fonds d’Antésite était son surendettement ; c’est une petite société, qui réalisait 6 millions d’euros de chiffre d’affaires mais qui portait 6 millions d’euros de dette sur les épaules", affirme l’ancien président, qui regrette de ne pas avoir réalisé d’audit financier sérieux avant le rachat de la société. "J’ai repris Antésite de façon un peu naïve sur des bases financières qui étaient fausses", poursuit François Levêque. Ce dernier concède toutefois avoir sa part de responsabilité et connu des difficultés de stratégie et de management après le rachat. "Je souhaite vivement à Antésite de s’en sortir, elle possède une histoire et un produit uniques sur le marché".
Un projet de déménagement d’usine en attente
La communauté d’agglomération du Pays voironnais, très attachée à l’entreprise, va elle aussi faire sa part pour permettre à Antésite de poursuivre son activité sur le territoire, en lui réservant un terrain au sein de la zone d’activité de CentrAlp, où l’entreprise avait pour projet de déménager ses usines. "Nous sommes propriétaires d’une grande parcelle de 2 hectares que nous avons gardée au chaud pour Antésite. Nous sommes prêts à attendre encore avant d’attribuer le terrain, tant que nous n’aurons pas de certitudes sur les volontés et sur les besoins de Sopatex", explique ainsi Julien Polat, maire de Voiron et vice-président en charge de l’économie du Pays voironnais. "Il ne s’agit pas pour nous de mettre la pression sur Sopatex, qui a besoin d’affiner sa stratégie. Le groupe possède un vrai savoir-faire industriel pour reprendre Antésite", conclut le vice-président.
