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"Nous allons multiplier les opérations de croissance externe"
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Jean-Loup Rogé PDG de Segeco "Nous allons multiplier les opérations de croissance externe"

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À la tête du cabinet Segeco (CA : 72 millions d’euros / 700 salariés) qui intervient dans le conseil, l’audit et l’expertise-comptable, Jean-Loup Rogé a décidemment faim de croissance. Après trois récents rachats, ce quadragénaire insatiable entend profiter de la loi Macron – laquelle autorise le regroupement des professions réglementées – pour étoffer son offre. Et ainsi créer un empire « multi-métiers ».

Photo : Philippe Thery

Trois opérations de croissance externe en moins d’un an, un dernier chiffre d’affaires record à 72 millions d’euros et bientôt de nouveaux locaux dans le prestigieux 6ème arrondissement lyonnais… Segeco passe la démultipliée. Pourquoi maintenant ?
Jean-Loup Rogé :
Les vents nous sont favorables… En 10 ans, nous avons multiplié par 7 notre chiffre d’affaires en nous appuyant sur une stratégie de « guichet unique ». Nous sommes en effet capables de proposer des services liés au recrutement, à la paie, aux bilans de compétence mais faisons également du (pré)contentieux social ou encore des schémas directeurs. Aujourd’hui, nous voulons renforcer cette multidisciplinarité et proposer un nouveau projet pour l’entreprise. C’est ce que symbolisent nos nouveaux locaux lyonnais de 5 500 m² qui regrouperont début 2019 nos équipes lyonnaises, soit 300 personnes. Nous allons par ailleurs changer de nom en septembre 2018.

"En 10 ans, nous avons multiplié par 7 notre chiffre d’affaires en nous appuyant sur une stratégie de guichet unique."

Quelles sont les lignes de force de ce nouveau projet d’entreprise ?
J-L R :
Ce projet repose sur l’idée confucéenne qu’il vaut mieux apprendre à pêcher que de donner à manger à un homme qui a faim. Cela suppose de bien connaître nos clients ; de les accompagner pour qu’ils grandissent. De traiter « leur terrain » et ne pas attendre qu’un problème arrive pour le résoudre. Concrètement, nous voulons être en capacité de répondre à la fois aux obligations fiscales des entreprises mais aussi de pouvoir les aider – à travers la palette de nos métiers – à mieux définir leur stratégie de développement. Ce modèle nous permet de créer du lien, de la fidélité et de renforcer notre marque employeur.

Vous dites par ailleurs vouloir multiplier des « forfaits » plutôt que des facturations à l’acte. C’est-à-dire ?
C’est ce que nous faisons déjà pour les TPE. Nous proposons une formule « all inclusive » qui donne accès à l’espace Segeco. Quels que soient leurs obligations ou les problèmes qu’ils rencontrent, nos clients peuvent solliciter nos équipes à tout moment. C’est ce type de forfait que nous souhaitons développer.

"Nous avons les mêmes besoins qu’une start-up. Nous sommes en quelque sorte en phase d’amorçage."

Ce modèle vous oblige-t-il à des recrutements spécifiques ?
J-L R : Nous avons les mêmes besoins qu’une start-up. Nous sommes en quelque sorte en phase d’amorçage ; nous agrégeons des métiers pour proposer, demain, cet accompagnement de qualité en spécialisant chaque collaborateur de l’entreprise. Nous avons ainsi une variété de recrutements éloignés de l’expertise fiscale, comme des data-analyst ou encore des consultants en transformation.

Vous avez récemment intégré Crysal (assurance santé), Talented (recrutement) et le cabinet d’avocats Brumm & Associés, spécialisé dans le recouvrement. Quelle est votre stratégie d’acquisitions ?
J-L R : Cette politique de croissance externe nous permet à la fois conforter notre savoir-faire et d’acquérir des expertises. Depuis la publication des décrets d'application de la loi dite « Macron » nous allons l’accélérer. Les avocats, experts-comptables, et l'ensemble des professions juridiques réglementées – comme les notaires, les huissiers, les administrateurs judiciaires – ont désormais la possibilité de conjuguer leurs compétences au sein de structure commune. Conséquence : nous devrions multiplier cette année les opérations de croissance externe.

Sur quels métiers en particulier ?
Aujourd’hui nous avons intégré la profession d’expert-comptable – le métier historique de Segeco – et celle d’avocat. Nous serions intéressés par l’acquisition d’études d’huissiers de justice et de notaires. Ces derniers sont immédiatement valorisables pour Segeco alors que nous souhaitons mieux structurer notre offre auprès des particuliers (gestion de l’ISF et de l’IRPP). Le notariat apporterait une brique intéressante auprès de clients qui ont des besoins de gestion de patrimoine. Il y a par ailleurs une forte demande sur le segment des mutations immobilières, où l’intervention d’un notaire est indispensable.

Quelles sont les ambitions de Segeco à l’international alors que l’entreprise dispose de filiales en Suisse et en Allemagne ?
Nous souhaitons développer d’autres « desks » à l’étranger, en Angleterre notamment, pour le compte de dirigeants qui veulent installer leur entreprise en France. Nous avons une valeur ajoutée, étant capables d’auditer une cible, d’établir le protocole d’acquisition par nos avocats, de recruter les dirigeants ou encore de gérer les contentieux. En ce sens, le Brexit est une opportunité pour nous.

Propos recueillis Pierre Tiessen

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