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STX France : Bruno Hug de Larauze « prêt à y aller » pour « la pérennité des chantiers »
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STX France : Bruno Hug de Larauze « prêt à y aller » pour « la pérennité des chantiers »

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Le P-dg de Fincantieri a finalement repris les négociations avec Bercy. L'Italien acceptera-t-il de rester minoritaire au capital des chantiers navals ? Dans ce climat incertain, le P-dg du groupe Idéa, associé à d'autres sous-traitants, se dit prêt à s'engager.

— Photo : IDEA

Giuseppe Bono a finalement répondu à l'invitation du secrétaire d'État à l'Industrie. Après avoir boudé la réunion une semaine auparavant, le P-dg de Fincantieri a fini par échanger le 16 février avec Christophe Sirugue, à Paris. Le Français a-t-il réussi à convaincre l'Italien de rester minoritaire au capital de STX France ? « L'État français souhaite que Fincantieri reprenne le chantier », a simplement répondu Bercy à l'issue de la réunion, indiquant que les deux parties allaient « bientôt se revoir ». Le 17 février, Christophe Sirugue a réaffirmé qu'il exigeait que Fincantieri, détenu à 72 % par le gouvernement italien ne soit pas à lui tout seul majoritaire. Quelques jours auparavant, un des responsables du Trésor italien confiait au journal La Reppublica qu'il trouvait l'attitude de la France « inacceptable » sur ce dossier.

Conclure avant fin avril ?

Si la pression est donc retombée, l'équation n'est toujours pas résolue. Fincantieri sera-t-il donc majoritaire au capital des chantiers de Saint-Nazaire ? L'option est toujours repoussée par l'État et les acteurs locaux qui craignent que ce partenaire du géant chinois CSCC, lui extorque son savoir-faire. Dans ce cas, quel sera le montant de la participation de DCNS, le groupe détenu à 62 % par l'État français ? Et quelle place pour les armateurs MSC Croisières et Royal Caribbean Cruises Ltd ? Les questions restent en suspens et le compte à rebours est lancé. Car Fincantieri, seul candidat au rachat des 66,66 % du capital de la florissante filiale de STX Offshore & Shipbuilding devrait boucler les négociations en Corée du Sud en ce moment même. Le gouvernement français, qui compte garder ses 33 % et sa minorité de blocage, disait espérer clore le dossier avant la fin du mois d'avril, soit avant la présidentielle. Que deviendront les chantiers si aucun accord n'est trouvé d'ici là ?

« Une nationalisation temporaire »

Du côté de Saint-Nazaire, on réfléchit déjà à un scénario alternatif. Si un consensus n'est pas trouvé avant le mois d'avril. « On pourrait envisager une nationalisation temporaire », propose David Samzun, le maire de Saint-Nazaire. L'édile n'y est pas favorable sur le long terme, préférant l'engagement d'un industriel, mais « temporairement, c'est possible » selon lui.

Concrètement, la Caisse des dépôts pourrait investir. DCNS, détenu majoritairement par l'État, aussi. Et le Conseil régional des Pays de la Loire se disait déjà prêt, il y a un mois, à s'engager « si nécessaire »

Bruno Hug de Larauze, « prêt à y aller »

D'autres acteurs locaux seraient aussi prêts à participer, que ce soit avec ou sans Fincantieri. C'est le cas de Bruno Hug de Larauze. « Oui je suis prêt à y aller », confirme le P-dg du groupe de logistique Idéa, basé à Montoir de Bretagne, en nuançant tout de suite ses propos. « Je le ferai si nécessaire et si la partie majoritaire, que ce soit l'État ou Fincantieri, est d'accord. Je veux leur dire que s'il y a un problème, on existe. » Une poignée d'autres sous-traitants, qui souhaitent pour le moment rester discrets, seraient aussi prêts à s'engager. Ils formeraient alors une association industrielle des sous-traitants. Le P-dg du groupe Idéa n'a pas vraiment d'intérêt particulier dans ce scénario, lui qui réalise moins de 5 % de son chiffre d'affaires actuellement avec les chantiers navals de Saint-Nazaire. Tout l'enjeu, pour lui, est plutôt de protéger le territoire, ses compétences et le savoir-faire. « On se dit que c'est une pépite qu'on ne peut pas laisser mourir », commente l'ancien président de la CCI Pays de la Loire. Si le montant de l'investissement n'a pas été dévoilé, il resterait de toute façon minime. « On serait vraiment des toutes petites souris, le porte-bagages sur le vélo. On ne serait pas déterminants mais plutôt dans une logique d'appui », précise Bruno Hug de Larauze.

Ne pas affaiblir les chantiers

Pourquoi un tel engagement ? Parce qu'il craint, comme le président de la Région Bruno Retailleau, comme David Samzun, de voir, avec l'arrivée de Fincantieri, l'avenir des chantiers de Saint-Nazaire remis en question. « Il faut veiller à ce que l'actionnaire majoritaire n'affaiblisse pas la position du chantier », explique Bruno Hug de Larauze. Certes, le carnet de commandes est plein pour les dix ans à venir, mais après ? « Pour la pérennité des chantiers, il faut aussi que l'acteur majoritaire soit prêt à investir dans les énergies marines renouvelables et dans le secteur de la défense », précise le P-dg du groupe Idéa. Reste à savoir si le secrétaire d'État à l'Industrie a pu obtenir cet engagement de la part du groupe Fincantieri. Dans ce dossier, la question est autant économique que diplomatique. Et la réponse se construit dans les couloirs des ministères, à Paris, Rome et en Corée du Sud. Très loin, finalement, de Saint-Nazaire.

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