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Le groupe Bourrelier voudrait prendre 41% du capital des Chantiers de l'Atlantique
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Le groupe Bourrelier voudrait prendre 41% du capital des Chantiers de l'Atlantique

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Jean-Claude Bourrelier se dit prêt à prendre 41 % des parts et à s’engager pour 10 ans au moins au capital des Chantiers de l’Atlantique. L’entrepreneur en a déjà discuté avec le directeur général Laurent Castaing, les élus, les sous-traitants ainsi que les clients MSC et RCCL.

Le paquebot Harmony of the Sea construit à Saint-Nazaire — Photo : Bernard BIGER

" Notre démarche est bienveillante, les motivations ne sont pas financières ". Le groupe Bourrelier (222 M€ de CA, 1 500 salariés) le réaffirme à nouveau, quelques jours après avoir dévoilé son intention d’entrer au capital des Chantiers de l’Atlantique, le chantier naval nazairien qui emploie 3 000 salariés et affiche 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires. L’amour de l’industrie et la volonté de sauver un fleuron de l’industrie française seraient les seules motivations de l’entrepreneur Jean-Claude Bourrelier, fondateur de Bricorama, candidat déclaré à la reprise du chantier naval depuis l’abandon du projet de reprise par Fincantieri. Il se dit prêt à rester minoritaire en reprenant 41 % des parts. Selon lui, l’État, actuel actionnaire majoritaire, pourrait en garder 34 %, Naval Group 12 %.

Les sous-traitants et la Région des Pays de la Loire pourraient augmenter leur participation

Le reste pourrait ensuite être réparti entre des acteurs locaux : les 18 sous-traitants rassemblés au sein de la CofiPME ont déjà depuis longtemps, via leur représentant Bruno Hug de Larauze, fait part de leur volonté d’augmenter leur participation, aujourd’hui de 1,6 %. Le conseil régional des Pays de la Loire a aussi manifesté sa volonté de monter au capital. Le groupe Bourrelier encouragerait aussi les salariés à augmenter leurs parts s’ils le souhaitent. Pour une meilleure organisation, le groupe aimerait revoir la gouvernance et mettre en place un directoire et un conseil de surveillance.

"En dépit des circonstances, nous croyons en l’avenir du marché de la croisière"

Sur tous ces sujets, la holding familiale a déjà échangé avec les élus mais aussi avec Laurent Castaing, le directeur général des Chantiers de l’Atlantique ainsi qu’avec les sous-traitants. Jean-Claude Bourrelier a aussi rencontré les croisiéristes clients des Chantiers de l’Atlantique, MSC et RCCL.

À la tête des enseignes de bricolage Gamma et Karwei en Belgique et en Hollande depuis la vente de Bricorama, le dirigeant s’intéresse depuis plusieurs années aux Chantiers de l’Atlantique. Les premiers contacts auraient démarré en 2017, au moment où l’État concluait avec Fincantieri. L’intention a toujours été la même : apporter des fonds propres sans interférer dans la stratégie du chantier naval.

" On vient avec une expérience de commerçant, avec du bon sens. En dépit des circonstances, nous croyons en l’avenir du marché de la croisière. Oui, les Chinois viendront un jour ou l’autre sur ce marché mais c’est à nous d’être en avance en termes d’innovation. Nous croyons aussi en l’avenir du marché des énergies marines renouvelables ", assure un proche de l’entrepreneur. Le groupe ne se versera pas de dividendes et assure qu’il s’engage pour au moins 10 ans. " On s’engage à une consolidation des fonds propres ". Il serait même prêt à placer l’argent investi dans un fonds de dotation afin d’assurer l’État de son engagement pérenne et sécurisé.

Conclure avant les élections présidentielles

Si a priori rien ne presse pour étudier cette proposition, étant donné l’impressionnant carnet de commandes actuel des Chantiers, le groupe Bourrelier aimerait boucler le dossier avant la fin de l’année 2021 et le début de la campagne présidentielle. Au risque, sinon, de voir ce dossier aussi économique que politique retardé en 2023, après l’élection.

Le ministère de l’Économie est bien au courant du dossier : le groupe Bourrelier lui avait présenté, sans qu’il donne toutefois de signaux positifs ou négatifs en retour. D’autres candidats auraient manifesté leur intérêt. Bercy ne fait aucun commentaire pour le moment.

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