Sonantes : La monnaie locale peine à séduire les entreprises

Sonantes : La monnaie locale peine à séduire les entreprises

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Un an après son lancement très médiatisé, quel est le bilan pour la monnaie locale ? Sonantes semble jusqu'ici convaincre davantage les particuliers que les entreprises.
— Photo : Le Journal des Entreprises

L'heure du bilan est arrivée pour Sonantes. La monnaie locale nantaise, lancée en avril 2015 à l'initiative de la Ville de Nantes et de Nantes Métropole, avait pour objectif d'accélérer les échanges entre les entreprises du territoire en privilégiant l'achat local. Entièrement dématérialisée, Sonantes présente la particularité de s'adresser à la fois aux particuliers et aux entreprises. Parmi ses 970 adhérents actuels, on recense ainsi 820 particuliers et 150 entreprises qui ont effectué 1.762 transactions en Sonantes, pour un montant total de 41.300 euros, dont 20.000 euros sont du fait des entreprises. Cette répartition pose problème pour la Sonantes. En effet, l'adhésion, gratuite pour les particuliers, est payante pour les entreprises qui financent donc le modèle économique de la Sonantes, selon un tarif établi au prorata du nombre de leurs salariés et pouvant aller jusqu'à 2.000 euros par an.




Fonctionnement en réseau

« Sonantes a fait une première année meilleure que prévu sur le plan des affaires mais il faudra plus de temps qu'on ne le pensait initialement pour parvenir à l'équilibre, soit cinq ans plutôt que trois », analyse Jean-François Pilet, président du Crédit Municipal de Nantes. Ce dernier a, en effet, engagé deux millions d'euros sur ses fonds propres pour constituer Sonao, la structure qui gère Sonantes. Jean-François Pilet se veut toutefois rassurant : « la Sonantes connaît un démarrage comparable aux monnaies qui fonctionnent. Elle présente de vrais atouts pour les chefs d'entreprise : développer l'activité en intégrant un réseau local de professionnels, valoriser son image en termes de RSE, optimiser sa trésorerie en économisant les euros, etc. Notre objectif est de convaincre 5 % des 30.000 entreprises du territoire, en fonctionnant selon une logique de grappes, c'est-à-dire en faisant adhérer des entreprises travaillant déjà ensemble, par exemple des clients et leurs fournisseurs ». Le système ne peut en effet fonctionner que si suffisamment d'entreprises participent au réseau. Pour l'instant, commerces de proximité, restaurants, bars et travailleurs indépendants constituent l'essentiel des entreprises adhérentes avec des chefs d'entreprise souvent très motivés à titre personnel.




Qu'en pensent les utilisateurs ?

« En adhérant à Sonantes, j'ai voulu participer au développement du territoire, donner du sens à mes achats, adhérer à un réseau partageant mes valeurs et puis, j'ai également, trouvé un client grâce à Sonantes, un magasin bio à la recherche d'un expert-comptable », témoigne ainsi Stéphane de Guerny, gérant du cabinet d'expertise-comptable Solis. D'autres ont plus de difficulté à trouver des partenaires adhérents. « Je partage complètement les valeurs de proximité de Sonantes. Mais pour l'instant, je ne suis pas encore parvenue à me faire payer en Sonantes par des clients », avoue Christine Lambart, dirigeante du cabinet de coaching et de formation Cylène. D'autres chefs d'entreprise se montrent carrément sceptiques vis-à-vis de l'utilité de la monnaie. À l'instar d'ailleurs des élus d'opposition qui tirent à boulets rouges sur la monnaie. Pour s'imposer, la Sonantes va devoir convaincre beaucoup plus largement les chefs d'entreprise.



Caroline Scribe