Pour Perin, le béton fibré à ultra hautes performances (BFUP) est un matériau d’avenir pour la construction. Cette filiale du groupe bretillien Denis Matériaux compte en effet réaliser à terme 50 % de son chiffre d’affaires grâce à ce nouveau béton décarboné. Pour cela, il investit 5 millions d’euros dans son usine historique à Redon. "Nous réorganisons pour l’instant l’un de nos bâtiments de 3 000 m², explique Renan Denis, président de Perin. Nous commençons déjà à fabriquer des dallages en BFUP classiques, puis l’ensemble de notre gamme y sera produite d’ici à fin 2024". Une gamme notamment constituée des appuis de fenêtres, clôtures et bardages, dont un bardage "révolutionnaire", dixit le dirigeant breton. Cette gamme, conçue avec sa propre formulation (à base de ciment et de produits fibrés résistants), est baptisée Pérénite. "C’est à la fois une marque et une entreprise, que nous avons créée fin 2023, et qui doit faire l’objet d’investissements futurs", ajoute Renan Denis.
15 millions d’euros d’investissement à venir
Il a en effet dans ses cartons un projet à 15 millions d’euros pour construire une usine entièrement dédiée au BFUP à Redon. Le terrain est réservé, sur 6 hectares, mais il doit avant toute chose faire l’objet d’études d’impact et environnementales notamment. Si tout va bien, Perin lancera cette nouvelle usine dédiée à la décarbonation du BTP dans deux ans. "Mais nous n’avions pas le temps d’attendre !", estime le dirigeant. Pour faire grandir Perin, il a engagé une démarche de réflexion autour de sa stratégie, se positionnant sur la responsabilité, l’innovation et la coopération. Perin dispose toujours de ses 7 sites en Bretagne, employant 170 collaborateurs (dont 90 à Redon). Il fabrique des blocs de béton traditionnels, apparents ou techniques, des planchers, des produits pour le traitement de l’eau, les travaux publics, l’aménagement extérieur, les clôtures, les façades, mais aussi du béton préfabriqué. Il s’adresse essentiellement aux marchés du bâtiment en collectif, maisons individuelles, et non résidentiel.
Un incubateur pour start-up industrielles
Produisant 400 000 tonnes de bétons par an, réalisant 51 millions d’euros de chiffre d’affaires, Perin a aujourd’hui l’ambition de devenir un des premiers acteurs dans la fabrication de béton BFUP. Ce matériau permet de réduire l’empreinte carbone de la construction. "Une clôture en BFUP est décarbonée de 35 % par rapport à une clôture classique, car pour la même fonction elle sera moins épaisse", indique Renan Denis.
Pour aller encore plus loin, l’entreprise s’associe à des start-up industrielles du béton. "Nous libérons un espace pour créer un incubateur de start-up industrielles qui travaillent sur le BFUP, le "Pérénite BFUP Lab"," ajoute Renan Denis. Après avoir tenté l’expérience avec les Landais de Materrup (préfabriqués bas-carbone), les start-up Monukit (monuments funéraires - Mayenne) et Solidstudio (treillis sur plots BFUP - Morbihan) viennent se servir des outils de Perin. Il agit comme un laboratoire, et peut prendre des participations dans ces jeunes pousses. "Cela nous permet de nous positionner aussi dans des marchés de niche, et d’augmenter la production de notre usine", explique le dirigeant. Pour avancer, Perin recrute 29 collaborateurs à Redon, et 70 dans sa future usine, qui devrait peser à terme 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit l’équivalent de Perin actuellement.
