Comment passe-t-on de l’expertise comptable à l’entrepreneuriat social et solidaire ? « Après cinq ans passés au sein du cabinet Strego, j’ai commencé à m’interroger. J’avais besoin d’adrénaline et que mon travail fasse sens », raconte le Nantais Kevin Gougeon. Le déclic se produit lors d’un voyage au Mexique au cours duquel il est séduit par l’artisanat ethnique. « J’ai alors commencé à envisager de créer une entreprise autour de cette activité, dans une démarche équitable, pour contribuer à une œuvre solidaire », poursuit-il.
Le projet prend forme grâce à un ami d’enfance, Ronan Collin, qui travaille pour une ONG au Vietnam, gros producteur de chaussures. Les deux amis créent début 2017, à Nantes, la marque N’go Shoes pour commercialiser des baskets ethniques et éthiques. « Nous avons rencontré pas mal de difficultés au début, mais nous avons appris en faisant », témoigne Kevin Gougeon.
Un modèle solidaire
Le textile, acheté sous forme de bobines est envoyé dans deux coopératives d’artisans vietnamiens où il est tissé par des femmes qui fixent elles-mêmes leurs rémunérations en fonction de la difficulté des motifs. « Cela nous permet de préserver des savoir-faire mis en danger par la concurrence chinoise et de procurer à une quinzaine de femmes issues de la communauté des Thaïs Blancs un revenu décent », indique le dirigeant. Assemblées dans le sud du Vietnam, les baskets sont ensuite acheminées par bateau jusqu’à l’entrepôt de l’entreprise à Vertou. 3 % du chiffre d’affaires ainsi généré est reversé à l’association Sao Bien, qui finance la construction d’écoles au Vietnam. Depuis sa création, N’go Shoes a cofinancé trois écoles et, bientôt, une quatrième.
8 000 paires de baskets vendues
Car le succès est au rendez-vous. Après une première collection en coton bio, chanvre et couleurs naturelles décevante par son manque de solidité, les deux associés sont revenus au conventionnel (sans renoncer à intégrer des matières durables au fil du sourcing) pour concevoir une gamme d'une quinzaine de modèles de chaussures en toile et en cuir. 8 000 paires de baskets ont été écoulées via le site internet de N’go Shoes, mais aussi au travers d’un réseau de 40 revendeurs en France, notamment dans les enseignes Galeries Lafayette, Eram ou Scott Premium…
Lauréat de Réseau Entreprendre Atlantique, soutenu par Initiative Nantes, la jeune entreprise a réalisé, sur son premier exercice, un chiffre d’affaires de 150 000 euros (qu’elle devrait doubler en 2019 en dépassant les 300 000 €) pour un résultat net de 30 000 euros. Une première salariée a également été recrutée.
Tout en poursuivant le développement de N’go Shoes en France, et notamment dans l’Est, les deux associés ont désormais pour ambition de s’attaquer à l’export, en commençant par l’Europe. Déjà présente en Grèce, Norvège et Espagne, la marque a signé un contrat de distribution exclusive avec un intermédiaire pour les pays européens germanophones. N’go Shoes travaille également au lancement d’un produit autre que les chaussures, dans le domaine de l’accessoire, toujours sur une base ethnique.
