Fondée en 2018 aux Aires (Hérault), la start-up Neurinnov (9 salariés) développe une technologie multibrevetée qui promet de rendre aux personnes tétraplégiques une partie de leur autonomie. Le système est formé de 2 parties : des électrodes implantées sur les nerfs du patient, et un contrôleur communiquant avec cet implant, qui leur permettra de retrouver l’usage des mains. "La communication peut se faire par voie orale, ou bien par des capteurs placés sur les épaules, que l’on contrôle en bougeant, ou encore par des capteurs placés au-dessus de la lésion, que l’on active en contractant les muscles", décrit David Andreu, cofondateur de Neurinnov avec David Guiraud et Serge Renaux.
Une longue phase de validation clinique
Une phase d’essais cliniques concluante, menée en 2020 avec la clinique Saint-Jean, située près de Montpellier (Hérault), et avec le club de rugby de l’USAP à Perpignan (Pyrénées-Orientales), a démontré la faisabilité du procédé technologique. Afin de poursuivre l’optimisation du protocole, Neurinnov boucle une levée de fonds de 3 millions d’euros après d’un pool d’investisseurs (Irdi Capital Investissement, UI Investissement, Sofilaro), qu’elle espère compléter sous peu avec 2 à 3 millions d’euros par levier bancaire auprès de Bpifrance.
Concrètement, Neurinnov va prolonger ses investigations cliniques, avec le lancement d’une étude pivot programmée pour 2024. Elle sera le préalable du marquage CE espéré, dans la foulée, pour le dispositif. "Il entre dans la catégorie des dispositifs médicaux implantables actifs, qui sont considérés comme les plus critiques. C’est donc une phase réglementaire exigeante, mais capitale, qui s’ouvre pour nous", commente David Andreu.
Premières démarches d’industrialisation
En parallèle, la start-up planche déjà sur l’industrialisation d’une première présérie d’implants. Elle a identifié des partenaires industriels, qui bénéficient des certifications requises, pour l’épauler dans cette phase ("très coûteuse", glisse David Andreu). Pour se rapprocher de certains d’entre eux, Neurinnov prévoit même de déménager, d’ici la fin d’année 2022, à Montpellier, où elle a déjà positionné son équipe de R & D sur le campus de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria).
À plus longue échéance encore, Neurinnov réfléchit déjà à de nouvelles déclinaisons de sa solution de stimulation neurale. Qualifiée de "technologie générique" par David Andreu, elle serait suffisamment flexible pour ouvrir d’autres horizons aux patients tétraplégiques. "Toutes nos phases d’essais vont nous permettre de régler la stimulation pour atteindre les effets désirés. On peut donc imaginer d’autres indications cliniques à l’avenir, comme la restauration de la mixtion ou de la défécation", imagine le chercheur.
