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Naval Group double ses investissements à Lorient
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Naval Group double ses investissements à Lorient

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Porté par les bons résultats du groupe et un plan de programmation historique, le site lorientais de Naval Group monte en cadence et va investir 40 millions d’euros sur quatre ans.

Le site de l'industriel de naval de défense Naval Group à Lorient monte actuellement en cadence — Photo : Xavier Eveillé

Quarante millions d’euros sur quatre ans, soit 10 millions d’euros par an, contre un rythme de « croisière » habituel de 5 millions d’euros par an. C’est la nouvelle cadence des investissements attendus sur le site de Naval Group à Lorient.

Il faut dire que les indicateurs sont au beau fixe pour le leader européen de la construction navale (3,7 Mds d’euros de CA pour 13 429 équivalents temps plein et un niveau de profit opérationnel durable de 7,4 %). Le site lorientais, spécialisé dans la conception et fabrication des bâtiments de surface, bénéficie directement des effets du plan de conquête et de l’actuelle loi de programmation militaire, « la meilleure depuis 30 ans », selon Hervé Guillou, PDG du groupe. Le site lorientais finalise la construction des trois dernières frégates multimissions FREMM (sur dix) et doit livrer l’une des 10 corvettes Gowind - les neuf autres étant en transfert de technologie à Alexandrie en Égypte. 300 à 400 personnes du site travaillent également à la conception puis construction de cinq frégates numériques Belharra.

Explorer de nouveaux champs d’innovation

« Les investissements en cours sont des investissements capacitaires et de performance », détaille Laurent Moser, le directeur de Naval Group Lorient. Déplacement et construction d’un nouveau hangar pour la production, aménagement d’une nouvelle cabine de peinture, acquisition de nouvelles remorques… le site a aussi amélioré ses services, comme le "design lab", créé il y a quinze ans, réorganisé et ouvert aux collaborations extérieures voilà environ un an. Une équipe de moins de dix personnes (pour 500 ingénieurs et 1 500 personnes en production sur le site de Lorient) y joue un rôle – stratégique – dans le développement de l’innovation. Le design lab travaille depuis la cité aux cinq ports pour toute la France, en lien avec les architectes navals mais aussi les services commerciaux. Leurs réflexions touchent à la réalité augmentée, aux films de démonstration pour utilisateurs, aux applis…

« Les cycles de l’innovation sont de plus en plus courts. (...) Nous devons garder notre supériorité technologique dans un environnement complexe. »

L’innovation concerne aussi les autres services et porte actuellement sur le développement du "deep learning" dans l’acoustique, sur l’utilisation de la réalité augmentée dans le contrôle des vannes eau de mer ou encore sur l’utilisation de configurateurs de navigateurs de surface, qui permettent notamment au client de choisir son navire en partant de ses besoins et de ses critères… D’autres investissements sont en cours pour accompagner l’essor des batteries lithium-ion. L’enjeu cybersécurité est également crucial à tous les stades (bureau d’études, construction, chaîne de sous-traitance).

Eric Papin, directeur innovation et maîtrise technologique, Hervé Guillou, PDG, Laurent Moser, directeur du site de Lorient de Naval Group — Photo : Xavier Eveillé

Raccourcir les temps de fabrication

Depuis Lorient, on suit logiquement les évolutions technologiques de l’ensemble du groupe, comme le rappelle Hervé Guillou : « Les cycles de l’innovation sont de plus en plus courts. Là où nous opérions une refonte sur un bateau, nous en faisons aujourd'hui cinq ou six. Certains navires en sont à leur 7e génération, avec des progrès considérables dans le traitement de la donnée, les capteurs, l’acoustique… Nous devons garder notre supériorité technologique dans un environnement complexe, avec davantage de menaces de haute intensité, de déploiements au lointain, sur des zones de plus en plus dispersées. »

Avec un double leitmotiv : outre la capacité à intégrer l’innovation dans les offres du groupe, la vitesse d’exécution va compter de plus en plus à l’avenir. Le site de Lorient affiche ses ambitions en la matière : « Réduire de 27 à 20 mois la durée de fabrication, hors études d’une frégate », annonce le directeur du site, Laurent Moser.

Etre mieux armé face à la concurrence internationale

La vitesse d’exécution est bien évidemment l’une des clés pour améliorer les coûts de production et le coût client. C’est d’ailleurs l’une des explications des résultats actuellement engrangés face à la concurrence, européenne en particulier. Éric Papin, le directeur de l’innovation et de la maîtrise technologique, a fait ses calculs : « Une frégate allemande revient autour de 975 millions d’euros contre moins de 800 millions d’euros pour une frégate de Naval Group davantage armée. Les Britanniques sont à 1,2 milliard de livres (environ 1,062 milliard d’euros, NDLR). »

Pas un mot sur les Italiens, car Fincantieri n’est plus vraiment un concurrent depuis qu'il est entré, aux côtés du groupe français, au capital des Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire. Voilà qui pose en tout cas Naval Group en compétiteur de premier plan face aux géants mondiaux américains, chinois et russes.

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